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Petite critique du film "Bottle Shock"

Par Ochato

Avis à chaud sur le film "Bottle Shock", sorti récemment en DVD (en import, pas de sortie françasie prévue pour l'instant), et qui conte l'histoire du domaine californien Château Montelena, un des domaines sorti vainqueur du Jugement de Paris, une dégustation à l'aveugle entre vins français et californiens organisée en 1976 par le caviste britannique Steven Spurrier.

Dans sa première demie heure, le film démarre exactement comme on pouvait le craindre: en accumulant clichés et tics hollywoodiens. Cela commence dès le générique, avec un survol des vignes californiennes, si propres, si belles, si ensoleillées...si...carte postale...Nul doute que les vignes en biodynamie de Michel Guignier et le climat du Beaujolais auraient peut-être été moins photogéniques et surtout moins glamour.

Puis le film se déplace à Paris, et se trouve alors brillament démontré l'équation basique : Paris + années 70 + vision hollywoodienne = une petite rue remplie de 2CV et de gens marchant la baguette sous le bras et le béret sur la tête. On pénétre dans la boutique de Steven Spurrier pour découvrir celui-ci en train de vanter un vin en citant tous les grands génies de la peinture et de la littérature française... Là, en à peine dix minutes, on se dit que ça fait déja beaucoup...

On suit ensuite le sir Spurrier dans une dégustation professionnelle trés collé montée, remplie de méchants français qui le méprisent parce qu'il est anglais...

Bottle Shock 2

Souvenirs de Californie...

Pendant ce temps de l'autre côté de l'Atlantique dans la Napa Valley, on découvre un héros "à la cool", dont les relations avec son pére sont basées sur l'incompréhension, flanqué d'un ami fils d'immigrant mexicain mais qui connait la vigne comme personne, et d'une blonde stagiaire (pour l'inévitable histoire d'amour) qui a visiblement dû longuement hésité entre la viticulture et le mannequinat (est-ce bien raisonnable de porter des mini shorts (vraiment mini) pour travailler dans la vigne..? Je demanderai à Michel Guignier tiens!)...encore très hollywoodien...

Lorsque Spurrier débarque aux Etats-Unis et devient le méprisant, face aux producteurs californiens, on se dit que l'on va avoir un film qui aura du mal à s'éloigner de la classique histoire de réussite à l'américaine (en l'occurence, success story + côté "moi contre le reste du monde", le reste du monde étant qui plus est les français).

Bottle Shock 1
 

La touche blonde

 

Et pourtant, passée la première demie heure, ces différents défauts (qui, soyons honnêtes, tendaient plus à faire sourire et lever les yeux au ciel qu'à rendre le film irregardable) s'estompent progressivement. Les remarquait-on parce qu'on les redoutait particulièrement ou parce qu'ils étaient très caricaturaux, toujours est-il qu'on les oublie sans s'en rendre compte, en se laissant porter par le film, à mesure que celui-ci laisse de côté la forme et le "glamour" pour s'intéresser au fond et aux personnages (cf les quelques scènes de dégustation de Spurrier avec des vignerons bien loin des canons de beauté du cinéma US, en toute simplicité).

"Bottle Shock" est en effet, et ce même dans sa première demie heure, tout à fait agréable à regarder, humble, bien interprété et surtout bien écrit. On a pas moins de 5 personnages principaux, et tous sont intéressants, tous sont développés, tous apportent quelque chose (à part peut-être la fameuse stagiaire qui est surtout là pour apporter la touche blonde).

Bottle Shock 3
 

La France...

Les différentes petites histoires s'imbriquent très bien dans la grande, et le film réussit même à faire (un peu) ressentir l'essence du travail et du métier de vigneron. Certes, cela est fait de façon un peu artificielle, un peu forcée, et on ne peut pas dire que "Bottle Shock" sente la terre, mais, à travers les personnages de l'employé mexicain évoqué tantôt (qui a le vin dans le sang et la poussiére de la Napa Valley sous les ongles) et du propriétaire du domaine (perfectionniste et dédié à sa vigne) on parvient à ressentir la passion inhérente au métier.

Le Jugement de Paris en lui même n'occupe d'ailleurs que les dix dernières minutes. Il s'agit plus d'un film sur le Château Montelena que sur le jugement , et c'est une des forces du film: parler de vin à travers ses personnages, et à l'inverse, utiliser le prétexte du vin pour raconter une (des) histoire(s).

Bottle Shock 4

"Bottle Shock" est un "film de copains", pour reprendre une expression utlisée pour les vins. Sans prétention, un peu superficiel, un peu caricatural, sans surprises, mais bien écrit et qui se laisse regarder sans déplaisir. Il s'adresse plus au grand public qu'aux gens du métier, ceux-ci (mais c'est toujours le cas quand un domaine spécifique est vulgarisé) risquant surtout de retenir le côté vain et cliché du film.

Un dernier regret cependant: que le film s'achéve par un texte rappelant la victoire des vins californiens dans les années 70, et à nouveau lors du 30ème anniversaire du jugement. Je fais preuve de chauvinisme franchouillard me direz-vous? Sûrement, mais pas seulement. D'autres "piques" contre le vin français, comme le fait que le milieu du vin en France soit montré comme assez élitiste et sclérosé, sont ainsi bienvenue.

Non, c'est simplement que, au final, cette histoire de compétion, de suprématie du vin français, de reconnaissance du vin californien, n'est pas vraiment le sjet du film. Cet aspect est présent en tout début et en toute fin, mais le coeur du film est l'histoire de ses personnages, plus que l'Histoire du vin.

Enfin, reste à savoir quelle est la part de vérité et de fiction dans le film (je pense sincérement que les mini shorts dans les vignes sont du domaine de la fiction), et pour cela, le mieux restera sans doute de lire le livre de George Taber: "Le jugement de Paris".

 

 

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