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Courrier des lecteurs

Publié le 24 février 2009 par Stéphan

Suite au billet d’hier, nous avons reçu j’ai reçu (en ces temps de crise soyons modeste) le courrier suivant :

Monsieur,
La lecture de votre message, hier, m’a ébranlé car je me suis parfaitement reconnu dans le désarroi de ces dirigeants d’entreprises que vous décrivez : votre éclairage sur nos problèmes financiers, votre inquiétude concernant notre situation économique est pertinente : notre avenir est sombre, incertain.
Pourtant, jusqu’à l’automne dernier, nous étions heureux, confiants.
Je ne connais évidemment aucun hard-discounter. D’ailleurs, pourquoi pousserais-je un chariot de supermarché ? Mon employée de maison, une jeune maman ravie d’avoir trouvé du travail, se fait livrer les courses à domicile (c’est à dire chez moi). C’est tellement pratique.
Elle, peut-être, s’y rend après son travail mais je n’en sais rien. Il faudra que je pense à lui en parler.
Je ne fais jamais la queue nulle part (sauf peut-être à Gstaad pour prendre le télésiège).
A ma descente d’avion, je vais le plus souvent dans le salon VIP. Je n’ai rien demandé, c’est organisé par ma Société (je suis directeur général d’une grande banque française).
Le nombre de chômeur qui augmente ? Oui, peut-être. Mais ni moi, ni mes enfants n’avons jamais envoyé le moindre CV ; par chance nous avons suffisamment de relations et nous savons les entretenir.
Je n’ai jamais eu à faire le contrôle technique d’une vieille voiture, il suffit de la changer bien avant qu’elle n’ait quatre ans. Si, une fois, il s’en est fallu de peu que la vieille Ferrari de notre fils ne se fasse recaler (sic !). Un comble pour un jouet qu’on laisse sur l’île !
Notre santé est éclatante, chez nous on vit au moins jusqu’à 90 ans, normal on mange sain, uniquement des produits de qualité (nous consommons bio depuis des années, c’est important pour la protection de l’environnement), c’est un peu plus cher certes, mais c’est un choix responsable, un choix citoyen.
Nous n’avons pas de problèmes de voisinage : d’abord nos voisins ne sont pas bruyants, ensuite il faut reconnaitre qu’ils sont un peu loin, aussi bien ici en ville, (nous habitons dans le 7ème) que dans notre campagne tourangeaine.
Pour les études des enfants ou leurs stages en entreprise loin de chez nous, pas de problème de recherche de studio, d’attente interminable, de dossiers, de caution ou que sais-je : soit c’est l’Ecole qui les loge, soit on a bonne-maman ou des cousins à Lyon, Bordeaux, Toulouse, Londres, Sidney, Rio, aux States… même à Limoges et Besançon, s’il le fallait (il ne manque que Marseille, mais qui voudrait aller vivre à Marseille !). Et j’en oublie certainement. Un peu partout finalement, il suffit de s’organiser.
Nos comptes en banque sont bien alimentés ; normal notre éducation nous a toujours évité de dépenser n’importe comment. Pour le chèque de remboursement reçu du Trésor Public l’été dernier (cette loi TEPA, enfin une décision sensée votée par les parlementaires), j’avoue que nous avons longuement hésité. On en a parlé avec l’abbé Jean (notre directeur de conscience) et nous avons décidé d’investir dans la pierre (un beau studio à Paris ou un quatre pièces en province). Avec l’abbé Jean on réfléchit bien, on rigole aussi : dans notre paroisse (où l’on suit le rite tridentin) on le surnomme notre divin coach.
Convenons que sans être privilégiés, nous sommes un peu l’élite. Mais de gauche. Sauf exception. Plutôt Kouchner et DSK que Ségolène Royal, Martine Aubry ou Benoit Hamon. Un que je ne supporte pas c’est Delanoë, je ne sais pas pourquoi.
Nos enfants, comme souvent dans l’excès, souhaiteraient une union entre Rama Yade et Olivier Besancenot. C’est amusant, il faut que jeunesse se passe.
Bref, puisque nous sommes au fait des réalités de nos contemporains, il est bon qu’un pays comme le nôtre s’appuie sur nos compétences et que nous puissions décider de ce qui convient pour le peuple qui souffre (mais quels moyens se donne-t-il pour en sortir?) et pour les classes moyennes qui, nous dit-on, s’enfoncent, fonctionnaires exceptés (comme toujours).
Sincèrement, nous avons quand même un peu plus de recul et donc de vision d’avenir que ces pauvres gens. Alors qu’ils nous laissent faire !
D’où mon trouble : voici qu’ils descendent dans la rue, qu’ils manifestent, qu’ils réclament une hausse du pouvoir d’achat (mais avec quel argent ?). Ils sont totalement déconnecté de la réalité. Et je crains que le gouvernement, berné par quelques chiffres manipulés par les sociologues et autres économistes ne cède (cela a déjà commencé avec nos primes qui vont être annulées).
Mais si, par leur faute et à cause de mesures démagogiques cette crise perdure, que dois-je faire pour tenter de m’adapter ? Vais-je finir par devoir me connecter sur le site internet de Lidl ?
Veuillez agréer, Monsieur l’expression de mes courtoises salutations.

Pierre Dufermoir de Monsac

Effectivement cher lecteur il faut réagir dès à présent.
Peut-être, pour commencer, pourriez-vous licencier votre bonne (pour faute grave afin d’éviter de payer des indemnités) et la remplacer par un travailleur en situation irrégulière, ils coutent moins chers.
Cordialement.


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