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Université payante

Publié le 16 mars 2009 par Malesherbes
92 députés UMP ont déposé en janvier sur le bureau de l’Assemblée Nationale une proposition de loi destinée à permettre à l’Etat de garantir des prêts accordés aux étudiants. En fait, il s’agit d’ouvrir la voie à une augmentation massive des droits d’inscription à l’université et, à terme, de mettre en place une université payante.
Ces gens à la vue courte oublient un fait connu dès la plus haute antiquité : le plus important, pour un individu comme pour une société, c’est l’éducation. C’est une évidence que, dans notre pays, l’ascenseur social fonctionne mal. C'est-à-dire que peu d’enfants des classes défavorisées accèdent à l’enseignement supérieur tandis que les éléments mieux éduqués se perpétuent de génération en génération. Mais cette injustice est aussi une aberration économique.
En dépit des difficultés que je viens d’évoquer, on peut remarquer que des personnes d’origine modeste ont réussi à parvenir à des postes élevés ou à bâtir des empires industriels. Sans ouvrir à nouveau le débat sur l’inné et l’acquis, on peut en déduire qu’il n’y a pas une fatalité qui condamne les personnes peu favorisées par leur milieu à demeurer dans celui-ci. On conte souvent la belle histoire de tel ou tel Président d’une démocratie (pas le nôtre) qui, tout enfant, s’était juré d’accéder à cette fonction. Ce faisant, on oublie les milliers d’autres qui ont fait le même rêve et ne l’ont pas réalisé. C’est un peu à l’image de ce slogan publicitaire du Loto selon lequel tous les gagnants ont pris un billet.
Cette situation se traduit par un énorme gâchis pour la Nation. Parmi ces jeunes qui n’accéderont pas à l’éducation supérieure se trouvent en potentiel des chercheurs, des savants, des ingénieurs, des industriels, qui pourraient faire des découvertes, créer des entreprises, mériter des prix Nobel, en un mot porter plus haut le potentiel scientifique, économique et industriel de la France. Il est surprenant de constater que l’on est incapable de se donner cette capacité dans le domaine de la connaissance alors qu’on le réalise dans celui du sport.
Une des raisons de la prééminence dans des épreuves sportives au niveau mondial de certaines nations à la population nombreuse réside peut-être dans le fait que la détection des talents se fait sans discrimination sociale. Le fait de puiser dans un vivier étendu augmente mécaniquement les chances pour ces pays de disposer des meilleurs candidats. En caricaturant un peu, tout se passe comme si on considérait que, pour accéder à l’excellence, les muscles sont admis sans distinction à lever de la fonte tandis que les cerveaux doivent justifier d’un pedigree adéquat.
Il est également de bon ton d’affirmer que les études universitaires sont parfois une simple plaisanterie et ne peuvent guère se comparer avec celles des Grandes écoles. J’ai eu le privilège de goûter aux deux. Si la première année du cycle LMD peut servir en effet à certains étudiants de laissez-passer à la Sécurité sociale et aux restaurants universitaires, le travail qui est attendu en Université est conséquent et la réussite fortement compromise quand il doit être fourni parallèlement à des activités destinées à assurer la subsistance des étudiants. Bien sûr, il ne manque pas de beaux esprits pour déclarer qu’une telle difficulté est gage de motivation mais ceux qui prêchent aux autres la frugalité jouissent généralement pour eux-mêmes d’une confortable aisance.
La mondialisation exige de notre pays le plus haut niveau d’éducation et on le compromet gravement en renonçant à la gratuité de l’éducation.


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