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Démographie médicale : le désert avance

Publié le 26 février 2009 par Toutemasante

10 % de médecins en moins en 2020 sur le territoire français, un départ sur quatre non remplacé dans les zones rurales en 2030. Ces prévisions alarmantes viennent d’être dévoilées par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du Ministère de la santé).

Aujourd’hui, avec 208 000 médecins actifs et 327 médecins pour 100 000 habitants, la France se place en position moyenne parmi les grands pays industrialisés. Aux deux extrêmes, les Etats-Unis, avec 230 médecins pour 100 000 habitants, et l’Italie, avec 400.

Or, l’étude de la Drees le montre, le nombre de médecins en exercice va chuter de manière continue jusqu’en 2019. On en compterait, dans dix ans, 188.000, soit 10 % de moins qu’en 2006. Une baisse inéluctable, car elle est le résultat de la baisse du numerus clausus, qui fixe la taille des promotions d’étudiants en médecine, dans les années 1980 et 1990. La remontée du numerus clausus depuis le début des années 2000 ne portera ses fruits qu’à l’horizon de dix ou quinze ans, étant donné la longueur des études. Le nombre de praticiens n’augmenterait donc qu’à partir de 2020. En 2030, on retrouverait à peu de chose près le niveau actuel. 

Nombre et densité de médecins en activité d'après le scénario de la Drees

Nombre et densité de médecins en activité

Problème : en 2030, la population française aura, elle, grossi de 10 %. La densité médicale reculerait donc très nettement, passant de 320 à 297 médecins pour 100 000 habitants en 2030. Ce recul, de plus de 10 % par rapport à 2006, lui ferait retrouver son niveau du début des années 80. Facteur aggravant : entre 2006 et 2030, la population française devrait vieillir et ses besoins en soins évoluer. Or, la consommation de soins est croissante avec l’âge. Si l’on suppose que cela reste vrai sur toute la période de projection, le rapport entre les effectifs de médecins en activité et les recours qui leur sont adressés serait donc en 2030 très inférieur à son niveau actuel.

Pour terminer, une perspective tout aussi alarmante : l’aggravation des déserts médicaux dans les campagnes et les banlieues défavorisées. A l’horizon 2030, le nombre de médecins exerçant en zone rurale diminuerait de 25,1 %, selon l’étude. En couronne périurbaine, le recul atteindrait 10,5 % et il s’observerait même dans la plupart des villes, celles qui n’ont pas de centre hospitalier universitaire (- 6,2 %). Seuls les grands centres urbains avec CHU - 29 en métropole - verraient le nombre de médecins progresser (+ 5,5 %) au cours des vingt prochaines années.

Alors, quelles conséquences pour les patients ? Outre une offre médicale qui va se raréfier à l’horizon 2020, une deuxième conséquence prévisible sera l’énorme augmentation du coût unitaire des actes. En situation de force, les professionnels de santé risquent de s’affranchir de toutes les contraintes auxquelles ils sont encore soumis aujourd’hui. Le phénomène a déjà commencé, avec les plages de tolérance de plus en plus importantes (dépassements divers, rémunérations des actes techniques…) que les pouvoirs publics accordent aux professionnels et avec la multiplication des dépassements d’honoraires “sauvages”.

Voir le rapport de la Drees : La démographie médicale à l’horizon 2030, de nouvelles projections nationales et régionales


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