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L'immeuble Yacoubian

Publié le 20 mars 2009 par Shalinee

Né en 1947, Alaa El Aswany a d’abord exercé le métier de dentiste, avant de s’imposer comme l’une des voix les plus importantes de la littérature égyptienne contemporaine. Véritable phénomène éditorial, son premier roman L’immeuble Yacoubian, écrit en 2002 est une fresque très riche sur l’Égypte des années 90, aux prises entre son passé européen et son avenir arabe.

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L’immeuble Yacoubian est un immeuble bien réel, situé en plein cœur du Caire, dans lequel Alaa El Aswany tenait autrefois un cabinet de dentiste. Dans son livre, cet immeuble constitue le décor géographique et fictif du récit, et agit comme un personnage, vibrant de vie et de réalisme. Abritant des personnages venant de milieux très différents, mais ayant tous des rêves, des vices et des obsessions, l’immeuble Yacoubian est un microcosme socioculturel symbolique de l’Égypte des années 90.


Dans une période où les pays arabes sont largement stigmatisés pour leur radicalisme, ce livre est apparu comme une mine d’or pour tous ceux qui sont avides comme moi de découvrir l’Orient et le mode de vie de ses habitants. Après Les Cerfs-volants de Kaboul et Mille Soleils Splendides de Khaled Hosseini, qui s’est penché sur la condition humaine en Afghanistan, nous ouvrons les portes de L’immeuble Yacoubian pour découvrir le même contexte de corruption, d’islamisme radical et d’injustice sociale qui gangrènent le Moyen-Orient.


Toutefois, même si l’écriture d’Alaa El Aswany s’enracine dans la terre égyptienne et sa culture, elle a une très grande ouverture universelle, car elle explore les grands thèmes romanesques de l’amour, la haine, et la souffrance que nous pouvons chacun nous approprier. Comme Hatem, dans le monde entier les homosexuels luttent pour avoir une vie décente et légitime. Comme Taha, les pauvres aussi nourrissent de grandes aspirations et rêvent de gravir l’échelle sociale à travers l’éducation.


Avec une écriture réaliste, neutre et sans détours, ainsi qu’une grande liberté de ton, Alaa El Aswany s’érige en fin sociologue de l’Égypte, qu’il nous peint dans toute sa splendeur et sa déchéance.  C’est une Égypte où se côtoient les esprits conservateurs des Islamistes, et des forces libérées aussi bien moralement que sexuellement, témoins du passé européen de l’Égypte et de son avenir arabe.


Extrait :


- J’ai envie de vivre tranquille, d’avoir une famille, un mari qui m’aime, des enfants à élever et une jolie petite maison confortable au lieu d’habiter sur la terrasse. Je veux aller dans un pays propre où il n’y ait ni saleté, ni misère, ni oppression.  (…à  l’étranger, il n’y a pas d’injustice et pas d’imposture comme chez nous. Les gens se respectent les uns les autres. Même celui qui balaie la rue, les gens le respectent.



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