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Energie : Désaccords de fond entre Paris et la Commission européenne

Publié le 04 septembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Un contentieux de plus entre Paris et Bruxelles. Et de taille... Avec deux stratégiques incompatibles et deux visions d’avenir peu conciliables. Au lendemain de l’annonce de la fusion SUEZ/GDF, la Commission a rendu public (partiellement) son projet d’amplifier  la concurrence dans le secteur de l'énergie. Un projet jugé à Paris et dans d'autres capitales trop libéral, peu réaliste et peu adapté à l'impérative nécessité de définir une stratégie énegétique qui ne casse pas les seuls outils (pour l'heure nationaux, hélàs) qui existent

Parmi les propositions à l'étude figure la dissociation des activités de production et de transport d'électricité et de gaz. Une réforme qui pourrait conduire, si elle devait voir le jour contre l'avis de Paris et de Berlin, à l'éclatement des principaux groupes européens, comme EDF et GDF Suez, en France, E.ON et RWE en Allemagne.

Cette  réforme serait accompagnée d'un renforcement de la régulation au niveau européen grâce à la création d'une Agence de coopération des régulateurs de l'énergie chargée de contrôler l'impact du comportement des opérateurs sur le marché intérieur. Ce qui est louable, mais ne tient pas compte d'une donnée essentielles:le poids des opérateurs extérieurs...

Avec ces deux propositions de directive, la Commission espère être en mesure de susciter un électrochoc dans un secteur dont elle regrette les multiples dysfonctionnements, en dépit, selon elle, de la libéralisation amorcée au début des années 2000. Les marchés nationaux sont trop cloisonnés, les anciens monopoles demeurent souvent en position dominante, les prix, trop élevés, et les investissements, insuffisants, d'après une enquête transversale présentée le 10 janvier à Bruxelles.

Les diagnostics bruxellois, sont peut-être bons mais les remèdes envisagés sont mauvais....

« La séparation des activités de production et de distribution des grands groupes énergétiques, souhaitée par Bruxelles, nuirait à la compétitivité des opérateurs », a jugé dès hier le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet, en marge des travaux du Parlement européen à  Strasbourg. Cela entraînerait « un affaiblissement de la compétitivité des opérateurs, qui n'apporte aucune sécurité au consommateur en terme de diminution des tarifs »

La France demande à la Commission européenne de lui présenter "une stratégie d'ensemble". « Ne voyons pas la structuration du marché de l'énergie sous le seul angle de la libéralisation. N'ayons pas là-dessus une position idéologique », a plaidé M. Jouyet en passant à l’offensive :  « Nous dénonçons le fait que certains commissaires, notamment la commissaire à la concurrence (Neelie Kroes), aient une vision qui soit dominée par les seules règles de concurrence ».

En l'occurence, il semble avoir  raison. L'énergie est une "marchandise" stratégique de première importance qui doit être régie par des règles appropriées. Et la priorité, en l'absence d'une vraie Europe de l'energie, est le pouvoir de négociation de l'Union face aux producteurs. M. Neelie Kroes ferait mieux de revoir sa copie avant de la présenter... Elle ne répond pas aux exigences de la situation et est chargée de vrais périls... Un peu de sérieux, monsieur le Comissaire...

Les débats s’annoncent très musclés, y compris au sein du parlement européen. A suivre...


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