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Oss 117 : Rio ne répond (vraiment) plus

Publié le 26 mars 2009 par Rob Gordon

Oss 117 : Rio ne répond (vraiment) plus

C'est peu de dire que retrouver Hubert Bonisseur de la Bath, a.k.a. OSS 117, est un vrai plaisir. Le Caire nid d'espions prenant de la valeur au fil des visions, on pouvait espérer que Rio ne répond plus vienne surclasser cette première aventure. À l'arrivée, c'est une légère déception qui prime, heureusement apaisée par l'idée que voir et revoir le film risque une fois encore de le bonifier.
Situé 12 ans après le film précédent, Rio ne répond plus est donc placé sous le signe des seventies, la photographie et les décors s'inspirant avec précision des différents courants ayant influencé l'époque. Objectif numéro un : livrer un film dépaysant mais pas déstabilisant, ne pas changer le héros d'un iota mais lui faire vivre des situations bien nouvelles, suffisamment originales pour ne pas verser dans la photocopie facile. Intentions fort louables : sauf pour quelques passages obligés (l'aéroport, le bureau du chef), les deux films se ressemblent assez peu dans leur construction et leur schéma comique. Le problème, c'est que toute comparaison ou presque tend à avantager le Caire nid d'espions. Outre l'aspect suranné des années 50, manque également la force de l'opposition féminine alors incarnée par Bérénice Bejo. Louise Monot a de fort jolies jambes et serait presque crédible en gradée du Mossad, mais son personnage n'est pas assez mordant pour moucher convenablement la médiocrité de cet agent si français.
Du reste, même si c'est de l'ordre de l'inexplicable, l'infériorité de Rio ne répond plus se traduit par un fait simplissime : le taux scènes réussies / scènes ratées a considérablement diminué par rapport au premier épisode. On s'explique difficilement pourquoi, dans la deuxième partie notamment, beaucoup de scènes tordantes sur le papier peinent à arracher un sourire. La course-poursuite en déambulateur et l'affrontement avec un catcheur mexicain auraient pu être explosifs ; à l'écran, on ne voit que l'idée, pas le résultat, en dépit de la qualité de la mise en scène et du jeu d'un Jean Dujardin toujours aussi inspiré. En revanche, ce dernier est toujours aussi percutant lorsqu'il s'agit de sortir des énormités racistes ou antisémites : ici, la présence de juifs et de chinois est prétexte à un nouveau élan de bêtise franchouillarde de la part d'un personnage inculte, irréfléchi et bien trop sûr de lui. Même s'ils ne bénéficient plus de l'effet de surprise du premier film, les dialogues signés Jean-François Halin sont toujours aussi épatants, leur mauvais goût latent étant toujours excusé par le principe même du film.
D'autres éléments se font nettement plus lourds, le film péchant fréquemment par excès. Trop de split screen tue le split screen (même à des fins humoristiques), trop de running gags tue le running gag (les chinois, le trapèze, etc.). Peut-être la recette est-elle désormais trop connue. Il n'empêche qu'OSS 117 - Rio ne répond plus reste un spectacle éminemment sympathique, régulièrement frappé du sceau du génie, et tirant sur les zygomatiques plus que la moyenne (surtout comparé aux navrantes comédies qui polluent les salles françaises depuis le début de l'année). Le début est absolument exquis, tout comme les scènes avec Pierre Bellemare (remplaçant du regretté Claude Brosset) et celles relatant l'incursion d'Hubert Bonisseur de la Bath (rebaptisé Noël Flantier) chez les hippies. Voilà un film qui déçoit, mais en bien. Il serait tout de même dommage de s'en priver, d'autant qu'un succès relatif permettrait à cette fine équipe de travailler sur un troisième (et sans doute) dernier volet, qui pourrait conclure en beauté une saga plutôt haut de gamme.


6/10
(autre critique sur Goin' to the movies)


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