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Irène Frain : Les naufragés de l'ile Tromelin

Publié le 27 mars 2009 par Gangoueus @lareus
Je viens de terminer ce livre très intéressant d'Irène Frain. Je suis un peu embêté par mon ordinateur qui, inspiré par la crise financière, observant ses incidences sur l'industrie et veut pousser le blogueur que je suis au chômage technique. Ma rédaction est quelque peu soumise aux aléas de ma machine.
Bref, je découvre par son texte, cette romancière assez médiatique, du moins suffisamment pour que son nom ne me soit pas inconnu.
Elle reprend dans ce roman, un fait divers réel et cruel qui eut lieu au 18è siècle : le naufrage du navire L'Utile sur un récif corallien à plusieurs jours de la côte malgache dans l'Océan indien. La particularité de cette catastrophe est liée aux faits que le bateau contenait une cargaison frauduleuse d'esclaves dans sa cale et que l'ile de sable qui recueille les survivants est particulièrement hostile, avec une flore extrêmement restreinte, une absence d'eau potable en surface, et surtout une exposition complète à la furie des éléments.
Irène Frain raconte les raisons du naufrage, une de ses nombreuses courses au gain rapide, les conditions de ce naufrage, la survie sur l'île entre les deux communautés, la question de l'eau, puis la construction de la prâme avec la participation effective et déterminante des esclaves et enfin leur abandon sur l'île.
La lecture de ce roman doit bien entendu être replacée dans le contexte dans un siècle des lumières où les ténèbres de l'esclavage et les préjugés raciaux polluent les rapports humains de l'époque. Le style de l'auteur bretonne n'est pas des plus passionnants, mais l'intérêt de ce roman est dans le fait de remettre à jour cet épisode monstrueux et d'en analyser les conséquences. Quinze ans plus tard, on retrouvera 8 survivants parmi les esclaves abandonnés. 7 femmes et un bébé.
Intéressant et effrayant à la fois parce qu'Irène Frain laisse le soin aux lecteurs d'imaginer le martyr des naufragés restés sur Tromelin subissant les vagues de cyclones et de tempête de ce coin de l'Océan indien. Et c'est peut-être mon petit reproche sur le bouquin. Les personnages principalement mis en valeur sont les marins blancs qui par l'entremise de leurs travaux de construction de la prame du 1er lieutenant Castellan pour un séjour de trois mois contre les quinze années des derniers survivants noirs. On note le refus initial des autorités françaises de lancer une expédition. Dans la construction de ses personnages, j'ai l'impression qu'inconsciemment Irène Frain a repris l'esprit de l'époque, la fracture sociale, raciale avec cette impossibilité de retranscrire l'expérience du point de vue des esclaves noirs restés sur l'île. Certes cet exercice n'est pas aisé, mais c'est le risque qui s'impose lorsqu'on traite un sujet aussi sensible.
Ce roman est tout de même une magnifique source d'information sur les pratiques de la marine marchande de l'époque, sur les grands marins et certaines familles bretonnes qui ont fait fortune dans l'Océan indien.
Un fait divers qui aura par la suite des répercussions jusqu'à la révolution de 1789 .Bonne découverte.

Irène Frain, Les naufragés de l'île Tromelin
Edition Michel Lafon, 1ère parution 2009, 373 pages
Je vous conseille après lecture de découvrir le site d'Irène Frain.
Photo d'Irène Frain par Alain Bachellier

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