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Animal’z

Par Elgade

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Retour de Enki Bilal depuis La Tetralogie du Monstre, une édition magnifique en One Shot,  pour notre plus grand bonheur (surtout le mien !)  éditée chez Casterman bien entendu.  Si Bilal se démarque des japonais et de leur rythme effréné de parution, il prendra le temps qu’il faudra pour faire les planches qu’il voudra dans l’ordre et avec la technique qu’il sentira. Lorsque j’ai rencontré Jean-Pierre Dionnet dans le TGV, retournant au bercail écoeuré du festival d’Angoulême et de son industrie trop financière, il m’aura avoué que le cas Bilal est très particulier (encore bien différent de celui de Moebius, très productif) : dans une créativité instrospective personnelle, il reste un électron libre incontrôlable qui a le succès suffisant pour s’autogérer sans ses oeuvres - tant au niveau du rythme que du fond ou de la forme. Une sorte d’auto-entrepreneur à l’éthique sienne et à la liberté artistique entièrement préservée.

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Animal’Z est un univers de martyrs morcelé par un dérèglement climatique apocalyptique qui a ravagé la planète, ses habitants et ses repères. Les quelques rescapés apparentés humains sont en quête d’eldorados où ça respirerait la vie. A travers 2 protagonistes - homme et femme - on découvre la scène sauvage de vide à la première personne. Un no man’s land qui insuffle une atmosphère de western curieux à la brume épaisse, glaciale et impénétrable. Enki Bilal nous met en scène son obsession de l’hybridation homme-animal avec les hommes-dauphin et les expériences scientifiques poussées à leur paroxysme jusqu’à se confondre et perdre peu à peu son appartenance humaine ou tout du moins l’oublier et se confondre avec la faune et flore locale.

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Bilal nous offre un style épuré, au crayon appuyé de pastel sur un papier gris : on reconnaît bien là le maître à la réputation déjà bien solide et il ne fait que la renforcer tant on a envie de se dire que c’est chaque fois plus bluffant. Quant au thème choisi, on peut certainement y voir l’allégorie du dérèglement anarchique de notre société qui va droit vers un monde chaotique, dépourvu de toute logique rationnelle - sans règle ni mesure efficace à la visibilité plus brouillée que le mystérieux détroit D17. Un monde où il semble vital de pouvoir dialoguer avec l’animal - le seul acteur qui paraît encore maître de lui-même, tant au niveau de son existence qu’au niveau de son expression et de sa liberté d’agir.

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Une fresque artistique magique et picturale qui nous emmène loin, dans un autre monde suggestif à la philosophie amère d’une désorientation indéniable.

C.

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