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La guerre des jours lointains...

Publié le 29 mars 2009 par Sylvie

d' AKIRA YOSHIMURA
JAPON

La guerre des jours lointains...
Actes Sud,2006
Akira Yoshimura (1927-2006) est un auteur japonais de renom qui s'inspire des légendes et des faits divers de son pays. Son récit le plus connu est La jeune fille suppliciée sur une étagère qui donne la parole à une jeune fille morte que l'on est en train d'autopsier !


Yoshimura est resté célèbre pour ses descriptions réalistes presque cliniques, faisant parfois penser à un reportage journalistique. Mais il n'en oublie pas pour autant l'intériorité des personnages qui s'interrogent sur leur destin.
Les guerre des jours lointains, récit à la fois historique et psychologique, a le mérite de se pencher sur une période méconnue de l'histoire japonaise : l'immédiat après guerre, après le largage des bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki, période d'occupation de l'armée américaine.
Un jeune lieutenant, Takuya, à qui ses supérieurs demandent d'exécuter des prisonniers de guerre américains,
le jour de la capitulation  japonaise, se voit quelques jours plus tard recherché par l'armée d'occupation pour crime de guerre.
Obligé de fuir sous un faux nom, il mène une vie instable, allant de foyer en foyer. Au fil de ses déplacements, Takuya revoit la scène d'exécution, oscillant entre haine et compassion. Yoshimura examine au scalpel les états d'âme du héros devenu criminel ; de l'héroïsme de la fuite à l'abattement en passant par la peur d'être arrêté, l'intériorité du personnage principal laisse transparaître également l'évolution des mentalités, leur relativisme ainsi que l'absurdité des relations internationales.
Ainsi, si le Japon avait gagné la guerre, le criminel de guerre serait devenu un héros national. Culpabilité et héroïsme ne sont pas des valeurs intangibles mais au contraire des valeurs fluctuant au gré du contexte géopolitique. Les dernières pages offrent une bonne dose de cynisme lorsque l'ennemi d'hier devient le nouvel allié dans la lutte contre le communisme.
Yoshimura livre un récit d'un réalisme cru, qui décrit la misère (le rationnement, la famine) et les vexations de l'armée américaine, fait historique peu connu et peu traité dans la littérature japonaise. Les phrases sont très courtes, indiquant à chaque fois le lieu et le jour, dans un style quasi journalistique.
Le prétexte romanesque étant le suspense créé par la fuite du protagoniste. La fin est assez inattendue et dénonce plus que jamais l'absurdité de la guerre.
Un récit original, le premier que je lis de ce type dans la littérature japonaise.


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