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La phalène

Publié le 06 avril 2009 par Poussemanette

Elle court à petits pas, tordue sur sa douleur. Ses chaussures qui rendent plus belle la femme sont neuves ou elles sont trop petites. Quoiqu'il en soit, cette femme a manifestement mal aux pieds.
Un élan de solidarité me fait l'attendre un peu. Je suis à mon heure.
A la station suivante, je vois la femme descendre de la voiture et courir sur ses moignons, clopin-clopant, pour, à la fermeture, actionner péniblement le loquet d'une porte fermée. Elle va donc remonter le quai de façon à se retrouver près des accès dans sa station d'arrivée.
L'élan de solidarité me fait rouvrir les portes. Je suis à mon heure.
Passe une station, puis deux. A la suivante, la femme change de voiture une fois de plus, trébuchant, le corps ramassé pour se faire plus léger, le sac serré sur le coeur. La porte est close.
L'élan de solidarité a fait place à la fascination. Cette femme-papillon de nuit se heurte systématiquement à une porte fermée quand les deux portes encadrantes sont ouvertes. Mon retard étant acceptable, je l'attends donc.
La phalène estropiée amputée de ses ailes remontera ainsi tout le train. Enfin, je la vois qui descend pour de bon. L'accès est à l'autre bout du quai.
Tant d'efforts pour rien...

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