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La chair au pinceau et au peigne fin

Publié le 08 avril 2009 par Sheumas
           « La chair est triste ! » scandait Mallarmé. Armé de pinceaux et de couleurs, je trouve que nul n'excelle davantage que les peintres pour dire la splendeur plastique de la chair. Mettez le nez sur l'odalisque d'Ingres ou sur les rougeurs de Boucher.
   Rendre la palpitation de la peau à partir d'un applat de couleurs, quel pari ! A moins que le pinceau et la couleur ne soient, comme le stylo et l'encre, que les organes de perception des artistes. « Ce qu'il y a de plus profond chez l'homme, c'est la peau » affirmait Valéry. C'est en regardant les peintures d'Ingres que ce paradoxe me paraît directement compréhensible.
   Tout n'est pas parfait cependant du point de vue de la représentation ! Est-ce une marque de débordement érotique chez le peintre ? On constate en effet que le volume de chair déborde le modèle, et c'est une constante chez Ingres ! Longueur de dos démesuré, sein enkisté pour faire valoir la rondeur, cou musclé de camionneuse, trapèze de nageuse... « Oreiller de chair fraiche » écrivait Baudelaire dans « les Phares ». Il y a sans doute dans le trait des Rubens, Fragonard et des autres un retentissement accoustique du désir mais elles s'écrivent autrement.

La chair au pinceau et au peigne fin  


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