Six Days in Fallujah : la polémique

Fallujah. Ce nom doit évoquer quelque chose aux anciens vétérans de la guerre en Irak parmi vous ou tout simplement à ceux qui s'intéressent un peu à l'actualité de ce conflit. En effet, cette ville fut le théâtre d'affrontements sanglants et controversés en 2004. Sanglants, car la bataille à tout de même fait plus de 1000 morts, dont beaucoup de civils et laisse en mémoire des images atroces telles que celle des cadavres brûlés de soldats américains pendus à un pont ; controversée, car l'armée occidentale avait fait usage d'armes chimiques, supposées interdites et avait lancée l'attaque sur une zone pleine de civils.

Un cadre plutôt osé donc, pour le prochain jeu d'Atomic Games, Six Days in Fallujah étant prévu pour 2010. Le titre nous mettra dans la peau d'un groupe de soldats et nous plongera au cœur même de ces sinistres événements, dans un shooter d'action que le développeur nous promet réaliste, voulant lui donner un côté « documentaire videoludique ». Konami, l'éditeur, lui, se montre plus prudent et déclare qu'il s'agira uniquement d'un média à vocation ludique, se prévalant de tout message à caractère politique.

Cependant, malgré les réserves de Konami, un tel choix ne pouvait qu'éveiller censures et réactions outrées. Effectivement, deux jours après l'annonce du jeu, on entend déjà s'élever le grondement des protestations. Le père d'un soldat anglais a déclaré :

« Considérant les nombreuses pertes de vies au cours de la Guerre en Irak, la glorifier dans un jeu vidéo atteste d'un piètre jugement et d'un bien mauvais goût. Ces événements horribles devraient être confinés aux annales de l'Histoire, pas rendus triviaux (...). Il est tout à fait possible qu'une famille musulmane achète le jeu et pour eux cela pourrait s'avérer particulièrement atroce. Pire, il pourrait finir dans les mains d'un jeune fanatique et l'inciter à considérer une forme de vengeance ».

L'association Stop The War Coalition a ajouté :

« Le massacre perpétré par les forces américaines et anglaises à Fallujah en 2004 est l'un des pires crimes de guerre jamais commis dans une guerre illégale et immorale. Il est estimé que près de 1 000 civils sont morts dans les bombardements et les assauts ».

« Faire un jeu à partir d'un crime de guerre et capitaliser sur les morts et les blessures de centaines de personnes est malsain... On devrait se souvenir du massacre de Fallujah avec honte et horreur pas le maquiller pour en faire un divertissement ».

Les ennuis ne semblent que commencer pour le titre et ses géniteurs, qui avaient au moins le mérite de sortir du cadre du divertissement, quoiqu'on puisse affirmer. Reste à voir si le jeu, après avoir passé les épreuves qui lui sont réservées, parviendra à convaincre, au-delà de son aspect provocant.