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Les inquiétantes ruptures d’Eric Besson : L’homme sans passé pour une France sans avenir

Publié le 09 avril 2009 par Oldchaps

Je cite Eric Besson en 2006 :

  • «En supprimant ou en restreignant fortement les principaux dispositifs de régularisation, Nicolas Sarkozy se prive des outils permettant une régularisation au fil de l’eau et évitant ainsi les régularisations de masse. En d’autres termes, Nicolas Sarkozy fabrique des sans-papiers, lui qui prétend lutter contre l’immigration clandestine!»
  • Ce « sarko-show » est une arme de dissimulation massive, car celui qui ne cesse de prétendre vouloir « être jugé sur ses résultats » n’a pas son pareil pour masquer les piètres bilans de son action.

Eric Besson sur le fond

Eric Besson, le désormais ministre de l’immigration, vient de prendre note de sa feuille de route 2009 : Un objectif pour cette année de 5.000 arrestations de personnes responsables "d'aide à l'entrée et au séjour d'immigrés en situation irrégulière" lui a été fixé par l’Elysée. Cet objectif d'arrestations s'ajoute à celui de 27.000 reconduites à la frontière d'étrangers en situation irrégulière pour 2009.

Cet homme est donc allé défendre les objectifs qui lui ont été assigné par le président, le Week-end dernier, et cela pose déjà problème à ce niveau. En effet, pour quelles bonnes raisons défendre de tels objectifs au juste, puisqu'il n'est là que pour appliquer ces directives ?

Les Français savent très bien se qui se cache sous ces paravents chiffrés, sans forcément en prendre conscience pleinement aujourd’hui. Derrière ces verbiages se cachent la misère humaine, des destins brisés, des enfants malmenés, des hommes et des femmes souvent exploités par des Français peu scrupuleux. Eric Besson est venu justifier les objectifs qui lui sont assignés parce que chacun de nous sait très bien cela au fond de lui-même. Les français savent instinctivement que « tout cela n’est pas très bien », alors Eric Besson est venu rajouter une couche d’amnésie dans le paysage audiovisuel afin que les Français continuent à accepter l’inacceptable : une politique de l’immigration inhumaine.

Eric Besson en est rendu non pas à défendre son action, mais à défendre les objectifs qui lui sont fixés, il n’était pas obligé. Cette démarche n’avait comme seul but politique que de maintenir l’électorat d’extrême droite sous tutelle présidentielle.

Les conventions signées par la France sur le droits des enfants ne sont plus respectées, de nombreux rapports internationaux pointent les dérives sécuritaires et liberticides en France, la ligue des droits de l'homme vient d'éditer un bilan aujourd'hui. Qu’importe, la politique pétaradante de Sarkozy continue, et elle se nourrie d’homme sans passé comme d’un combustible inépuisable pour maintenir notre amnésie collective.

Eric Besson 2009 sur la forme

Sur la forme, Eric Besson est assez classique. En effet, il vient de commencer à utiliser les méthodes présidentielles actuellement en vigueur: d'une bonne dose de mensonge démentie par les faits immédiatement dont il reste toujours un vernis normatif rémanent dans l'opinion publique.

Comme je le disais dans le premier paragraphe, Eric Besson a tenté de justifier les chiffres de 27.000 arrestations dans un premier temps pour re-crédibiliser la politique du président : «l’objectif est basé sur des estimations, département par département, de personnes en situation irrégulière. Est-ce que vous croyez que tous les pays européens ne font pas la même chose?» C’est là une double intox: la désintox en ligne.

Le parti socialiste est à l’origine d’une proposition de loi visant à dépénaliser « le délit de solidarité », celle-ci sera débattue le 30 avril à l’assemblée nationale. Le sort de cette proposition de loi ne fait aucun doute. Malgré tout Eric Besson, se basant sur cet arsenal juridique pour atteindre ces objectifs, défend l‘indéfendable en déclarant : «Ce ne sont pas des mots, ce sont des faits. En 65 ans, depuis qu'existe l'article L622-1 - du Code d'entrée et de séjour des étrangers et du droit d'asile -, personne n'a jamais été condamné pour avoir simplement hébergé, donné à manger ou transporté en voiture en auto-stop un étranger en situation irrégulière»

Là encore l'épreuve des faits est difficile: RESF assure une traçabilité non exhaustive des transgressions actuelles, et ce suivi prouve une nouvelle fois que cette déclaration est un mensonge. Le vernis dont j'ai parlé se conjugue très bien avec l'expression populaire: "cela n’engage que ceux qui veulent bien y croire".

Le syndrome du management par l'oubli

Les élections Européennes ne font pas un tabac dans la presse et les médias en général ces temps-ci. L’Elysée veille cependant au grain : il vient d’appuyer sur le bouton Besson afin d’activer les réflexes pavloviens de ses électeurs d’extrême-droite. Qu’importe les maux, pourvu que l’ivresse soit là: cela pourrait être le credo de l'instrumentalisation gouvernementale à ce sujet.

L’impression que laisse l’exécutif actuellement est assez malsain. Nous avons l’impression que les hommes de main du président sont des hommes, et des femmes, sans passé. Ceux-ci se succèdent les uns après les autres comme des automates expliquant et justifiant l’inexplicable. Ceux-ci, de posture en posture en viennent à défendre des lois indéfendables du point de vue moral. Dans les faits, cette machinerie est assez proche des mécanismes de dictature que l’Europe a connu par le passé, toute proportion gardée bien entendu.

Dans ce tableau à charge exclusivement, je ne peux m’empêcher de dénoncer le vivier du président. Ce vivier destiné uniquement pour les missions contre-nature pour des hommes et femmes venant de l’obscurité mais souhaitant toucher un instant à la magie du pouvoir pour des raisons personnelles. Cette dérive modifie la mission « du serviteur de l’état » en « Etat au service des ambitions personnelles ».

Des Hommes et des femmes se voulant "sans passé" viennent donc transformer le rôle et les missions régalienne des hommes au service de l’Etat. Cette dérive est grave pour le « service public » qui se transforme insidieusement mais sûrement en machine à soutenir une idéologie contre-nature.

Pour continuer sur ce thème: une courte biographie d'Eric Besson et un premier bilan de l'action du ministre par RESF début mars. Des contre-propositions concernant le dossier "immigration". Le dernier opus de Sarkofrance et un dessin. Quelques mots de plume de presse et un commentaire de pas perdus. Avec Kamizole en bonus track.

  

                               Francis Bacon

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