Magazine Humour

Le plus beau métier du monde

Par Marsyas De Phrygie

P. est un gars très renfermé. Timide à mort. Quand il parle à quelqu'un il ne le regarde pas en face. Il a toujours l'air désintéressé de tout, alors qu'en réalité ce n'est pas vrai. Il est plutôt curieux mais il cache sa curiosité pour Dieu sait quelle raison. Peut-être qu'il a peur d'être jugé.

Il se fait souvent engueuler. Les autres se foutent tout le temps de sa gueule. Lui ne dit jamais rien. Des fois, il sourit. Zen, le mec.

Il doit évacuer quelque part. On l'imagine en train d'évacuer tout ce stresse. Qu'il achète un gros chien, pitbull ou bergé allemand, qu'il l'emmène dans sa maison de campagne et qu'il le tabasse. Il se défoule dessus. Le chien est muselé, enfermé dans une pièce sans fenêtre ni lumière. P. le rue de coups. L'arrache les dents, lui brise la machoire. Plus le chien est craintif, plus P. est violent. Il finit par le démembrer avec un couteau à pain. Une patte par jour. P. tâche à ce qu'il ne crève pas. Pour l'achever comme il faut à la fin.


Dans ma salle de bain aujourd'hui, il y avait une énorme tégénaire aux jambes interminables. Cette nuit, Madame a décidé de jouer les alpinistes. Le courage aux huit pattes, elle gravissait timidement la faïence. Un pas, un autre, un pas, un autre. Clic. Elle fit un bond de cinquante centimètres. Personne ne l'assure, il y a trop de mou. Maintenant, la voilà sur le rebord de la baignoire, paniquée de ne savoir assez bien ce que peut être cet endroit. La voyant prendre ses pattes à son cou et quitter la scène avec trop de hâte, je me transforme en Dieu du vent et lui souffle dessus pour la remettre au creux du bassin. C'est que, en voyant pas plus loin qu'à deux centimètres devant soi, le monde doit vraiment être un enfer. On a peur, souvent, de l'inconnu. A peine a-t-elle touché le fond marbré qu'elle se remet à courir. "Clic !" On ne bouge plus. Ce bruit lui a fait sursauter de panique puis elle s'est changé en pierre. Désormais, je serais la méduse mais toi, tu ne seras pas Persée ! Clic ! Clic ! Clic ! Clic ! Tiens ? Ca ne lui fait plus peur ? Elle recommence à marcher, puis à grimper. Hélas, la surface basse est glissante. Elle ne va pas bien loin. J'ai pitié d'elle. Ca doit pas être facile d'escalader ces montagnes tous les jours. Elle se déplace péniblement. Tout à coup, elle a l'air exténuée. Elle titube, elle glisse, elle tombe. Elle se relève et retombe. Serait-ce ma faute ? Il y a plein de petits bouts de pattes d'araignée dans la baignoire. Mon araignée, elle a toujours ses huits pattes. Il lui en reste une de très longue. Les autres sont parfois courtes, parfois moins courtes. Elle marche et marchera avec ses coudes et ses genoux jusqu'à la fin car je ne vais pas la tuer.

Une tégénaire c'est très timide et quasiment inoffencif. Ca tisse quelques toiles pour manger d'autres petits insectes. Cependant, cependant... on les tue parce qu'ils font peur. Ils sont grands, noirs et ont de longues jambes. C'est quand même pas de chance pour eux. Fallait pas avoir cette forme.


Job d'été jubilatoire. Ca doit destresser un max.

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