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[Audiences radio jan./mars 09] Interview de Jean-Paul Cluzel

Publié le 16 avril 2009 par Lezappingdupaf
[Audiences radio jan./mars 09] Interview de Jean-Paul Cluzel A l'occasion de la publication par l'Institut Médiamétrie des audiences radio pour la vague janvier - mars 2009, Jean-Paul Cluzel, Président du groupe Radio France qui vit actuellement les derniers moments de son mandat nous a fait le privilège de nous accorder une longue interview.
Quelles sont vos réactions sur cette nouvelle vague d’Audience publiée ce matin ?
Elle est plutôt bonne puisqu’alors que le média radio continue à s’effriter, la Part d’Audience de Radio France, qui l’année dernière était 20,2% est passée à 22,3% pour l’ensemble de nos radios tandis que dans le même temps les radios commerciales passent de 74,6% à 72,7%. C’est donc une évolution favorable pour le service public alors que l’audience radio est passée 82,7% à 81,5%.
France Inter malgré qu’elle soit en baisse sur une vague réalise une belle performance en se classant non seulement  leader le matin, le midi et en soirée mais en obtenant aussi une très belle durée d’écoute (2h26).
France Inter progresse 10% en un an ce qui est évidemment très remarquable avec une durée d’écoute historique qui ne s’est jamais vue dans l’histoire de la station. Le fait que nous repassions devant RTL sur la tranche clé 8h/8h30 est également très bon et tord le cou à certaines idées selon lesquelles l’audience de France Inter est dûe uniquement à Mr Guillon avec sa rubrique qui dure que 3 minutes.
Quand on regarde les audiences quart d’heure par quart d’heure pour  remettre certaines polémiques à leur juste place, en un an, le 7h/7h15 est passé de 2,4% à 2,5%, le 7h15/7h30 là où on a remplacé Jean-Marc Sylvestre par Dominique Seux, on passe de 2,5% à 2,7%. Le journal de d’Agnès Bonfillon de 7h30 passe de 2,9% à 3,3% et le fameux quart d’heure où il y a aussi Stéphane Guillon mais aussi Philippe Lefébure, Thomas Legrand, Caroline Cartier mais aussi Didier Porte et Philippe Val passe de 3,1% à 3,4%. Enfin, de 8h à 8h15 on passe de 3,4% à 3,9% avec le journal de Fabrice Drouelle et de 8h15 à 8h30 avec les interviews de Nicolas Demorand, on passe de 3,2% à 3,7%.  Voyez, nos meilleures progressions se font en dehors de ce dont la polémique est née.
France Inter est aussi désormais leader dès 18h alors que traditionnellement on l’était à partir de 19h avec « Le téléphone sonne ». Bruno Duvic  qui a repris à 18h « Et pourtant elle tourne » fait un très bon score en passant de 0,9% à 1,3%.
Toutes ces audiences tordent le coup à cette idée que dans une recherche éperdue de l’audience, j’ai voulu tout casser et jouer uniquement un humour de mauvais goût.
Et concernant les autres stations du groupe ?
France Bleu passe devant Nostalgie et atteint presque 7% d’Audience Cumulée. Je note aussi le redressement de France Musique qui après des petits problèmes, les a bien redressé.

Le Mouv’ réapparait aussi dans le classement.

Ya eu des nouvelles voix, de nouvelles émissions  qui préfigurent ce qu’on veut à la rentrée avec  un peu plus de contenu adapté aux jeunes en allant au-delà d’une simple station musicale. L’idée est de faire de la vraie radio avec une ligne musicale plus exigeante et plus variée. J’espère que Hervé Riesen aura l’occasion de mettre toutes ses idées à l’antenne car le projet qu’il m’a présente est bien.
Vous quitterez la présidence de Radio France en mai prochain, quel bilan tirez-vous de votre mandat ?
J’en vois plusieurs. Quand j’ai pris la Présidence de Radio, l’audience du média radio était entre 84% et 85%. Aujourd’hui, on est plutôt entre 81% et 82% et malgré cet effritement la Part d’Audience de Radio France a progressé. On a fait un renouvellement complet de toutes nos grilles et en même temps on a aussi misé sur le développement internet et la radio numérique.
Je signale d'ailleurs qu’on aura un nouveau portail Radio France qui sera mis en ligne le 29 avril et que le 21 mai des widgets Radio France et pour chacun des stations sortiront pour Iphone et appareils mobiles de dernière génération.
Chose dont je suis aussi très fier c’est qu’on a pu repérer à l’intérieur de nos propres forces de nouveaux talents radiophoniques comme Nicolas Demorand, Ali Badou, Philippe Colin du Mangin Palace, Bruno Duvic, Agnès Bonfillon… Tout ça, ce sont des forces internes que je crois avoir su repérer et j’en suis particulièrement fier.
Au contraire, avez-vous des regrets, des projets qui n’ont pu aboutir ?
Je pense que Radio France reste handicapée par le fait que France Inter, par une décision qui n’est pas la mienne et du fait des travaux, est remise dans un bâtiment séparé et que ça n’a pas permis de travailler autant que je le souhaiterais à des rapprochements qui me paraissent nécessaires entre nos rédactions.
Le plus grand défi que nous avons devant nous c’est que  notre information soit encore de meilleure qualité, plus exigeante et qu’elle soit disponible sur toutes les formes car le mode de consommation de la radio avec la 3G ou le numérique a profondément changé. Mon plus grand regret est donc que du fait de la décision de séparer Inter de ses sœurs, on n’a pas pu faire un travail de synergie entre nos rédactions aussi grand que je l’aurai souhaité.
J’espère donc que la poursuite de travaux permutera le rapprochement de ces rédactions pour avoir un pôle d’information sans équivalent car 600 journalistes, c’est une force de frappe dont il faut bénéficier.
Regrettez-vous de ne pas avoir pu présenter votre projet de second mandat à Nicolas Sarkozy ?
J’ai été reçu par le Président mais je n’ai pas de commentaires à faire sur son choix.
Pensez-vous que la photo que vous avez fait pour Act-up ou que les chroniques de Stéphane Guillon ont ou jouer en votre défaveur ?
La photo, j’en suis absolument certain que non. J’ai pris l’initiative de parler de cette photo avec le Président sur la nécessité de la place des homosexuels dans cette société comme celle d’autres groupes d’ailleurs. On sait bien que la diversité est quelque chose qui a une vraie sensibilité. Il a même employé le terme « mariage en mairie », je le dit dans le mot mais je ne pense pas qu’il pense au mariage. Le fait que ca ne soit pas non plus devant un juge d’instance, l’homoparentalité, il a eu des paroles très fortes. Je ne pense donc pas que ça ait joué dans son esprit à lui en ma défaveur ensuite y’a d’autres personnes dans son entourage ou ailleurs, je ne sais pas.
En tout cas je ne le regrette pas et j’observe que ça a suscité un débat. Je pense qu’il y a un vrai problème dans la place des communautés dans notre pays et qu’il faut à la fois accepter qu’il y a des réalités sociales, culturelles mais en même temps je suis très attacher à cette vieille devise de la première république « Une et indivisible ».
 Je pense que le grand problème de société que nous avons aujourd’hui est celui de faire vivre ces communautés et qu’elles apportent leurs richesses. C’est tout de même insensé aujourd’hui  qu’on puisse reprocher à quelqu’un de poser torse nu avec des tatouages pour un combat qui est celui du sida pour lequel deux jeunes sont contaminés dans notre pays chaque jour.
Je pose avec mon compagnon et je ne vois pas pourquoi on trouve ça normal que n’importe qui pose avec une femme et ses enfants et quand c’est son compagnon, alors là c’est anormal. Nous sommes dans la France de 2009 et je pense que si cette photographie a permis de faire progresser un débat, je ne regrette rien.
Je pense que ça ne m’a pas coûté mon poste mais en revanche ça a permis de faire progresser la reconnaissance et la dignité des gays et des lesbiennes dans ce pays. Et même si à la limite ça a coûté mon poste j’aurai au moins eu un combat utile.
Votre âge a-t-il pesé dans la balance alors ?
L’âge, il suffit d’une approbation du Conseil d’Administration. Je crois que la Président de la République avait envie de voir un journaliste à la tête  de Radio France. Plutôt qu’un manager. Je pense que j’étais devenu peu à peu journaliste et que j’étais au-delà d’un manager. Je n’en fais pas un drame et Jean-Luc Hees est un bon journaliste. Quand j’ai été nommé, tout le monde me cataloguait comme étant le parrain de la fille de Juppé et j’ai fait mes preuves. Je pense donc qu’il ne faut pas condamner Jean-Luc Hees parce qu’il est nommé avec une nouvelle procédure. Il faut le laisser faire ses preuves.
Que pensez-vous justement de votre successeur ?
Je vais lui laisser une maison en ordre. Je lui présenterai les idées pour l’avenir que David Kessler a élaboré à travers nos forums, il verra ainsi quelle était notre vision pour l’avenir. Je lui remettrai un bilan financer qui lui montrera que notre maison s’est rarement aussi bien porté et qu’il y a assez de fonds pour entamer la rénovation de la maison de la radio. Les directeurs de chaînes ont chacun des projets qu’ils pourront présenter. 

Et vous Mr Cluzel, quels sont vos projets ? Vous avez été directeur de l’Opéra de Paris, seriez-vous prêt à vous relancer dans une aventure similaire ?

On verra bien… J’ai deux ou trois pistes qui me paraissent intéressantes mais par superstition je ne vais pas en parler. Mais pour être honnête je suis sur le marché de l’emploi.
Interview réalisée par téléphone le jeudi 16 avril 2009
Remerciements : Jessy
Crédit photo : Radio France : Christophe Abramowirz


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