C’est un véritable marathon électoral pour les législatives auquel l’Inde doit se plier. Dans ce pays de plus d’un milliard d’âmes, frappé par la crise et le terrorisme, 714 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire 543 députés issus de 35 Etats.
Première étape de ce parcours, les populations de la Russie, quelques 143 millions d’indiens, dans 17 Etats, ont voté jusqu’à 17 h (heure locale). Ces régions sont principalement affectées par une extrême pauvreté ou des rébellions maoïstes, islamistes ou régionalistes.
Des bureaux de vote sont d’ailleurs protégés par de militaires (des maoïstes ont tué 18 personnes dans l’est) tout comme au Cachemire indien - en proie à une insurrection séparatiste islamiste - où le scrutin se déroulait sous très haute sécurité.
Au total, plus de six millions de policiers, soldats et observateurs civils vont surveillé 828.000 bureaux de vote répartis de Bombay à la frontière birmane et du Cachemire au Kerala.
Car l’Inde est un immense pachwork composé de 1,17 milliard de citoyens, une mosaïque d’ethnies, de religions, de castes qui parlent 18 langues officielles différentes.
Ainsi , des électeurs de tous âges et toutes conditions sociales s’organisent dans des files d’attente souvent surchauffées sous un soleil de plomb.
Les gens votent et voteront pour obtenir simplement de l’électricité, de l’eau et du travail, c’est le leitmotiv de ces populations qui vivent de criantes inégalités sociales.
Au sens politique, deux partis émergent. Le Parti du Congrès (au pouvoir) présidé par Sonia Gandhi, l’influente héritière de la dynastie Nehru-Gandhi et son opposition de la droite nationaliste hindoue - Parti du peuple indien (BJP - Bharatiya Janata Party) - de Lal Krishna Advani, 81 ans.
Aucun des deux n’aura assez de sièges pour gouverner seul.
Même si des sondages donnent le Parti du Congrès - du Premier ministre Manmohan Singh (un sikh de 76 ans) devant le BJP, une coalition devra être mise sur pied par des alliances sans grande cohérence d’idée ou de programme, par des tractations entre partis nationaux et formations régionales.
Les pronostics vont bon train et la chef du gouvernement de l’Uttar Pradesh (182 millions d’habitants, 80 sièges à l’Assemblée), l’hindoue “intouchable” Mayawati Kumari, pourrait favoriser le Congrès ou le BJP, voire devenir Premier ministre d’un attelage hétéroclite de petits partis.
De leur côté, les Parti du Congrès et le BJP font campagne sur des enjeux nationaux tels que l’impact de la récession en Occident, la lutte contre la pauvreté, les infrastructures, l’éducation ou le combat contre le terrorisme.
Mais, avec de tels écarts géographiques, linguistiques, sociaux, éthniques, sociologiques etc. le vote se fait sur des critères locaux et régionaux, ce qui annule l’influence des partis nationaux au profit des formations régionales alors que le pays aurait besoin d’unité donc de vision d’ensemble.
Aujourd’hui, face aux enjeux environnementaux mondiaux, aux effets économiques de la crise mondiale, la 10e économie mondiale est en plein ralentissement. Puissance atomique entre Pakistan chaotique, Sri Lanka en guerre et Bangladesh instable, la résistance ne peut s’orchestrer qu’à l’échelle de l’Inde entière. Le long parcours électoral qui démarre saura-t-il y répondre ?
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