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Complexes immobiliers

Publié le 22 avril 2009 par Joachim
Y aurait-il un quelconque intérêt à découvrir aujourd'hui I comme Icare (Henri Verneuil 1979), comme ce fut mon cas la semaine dernière ? Curiosité vicieuse (d'autant plus que c'était la matinée du lundi de Pâques, que le ciel était bleu, que la famille était souriante) qui s'amuse à pointer les nombreuses incohérences scénaristiques dont est truffé le récit, paradoxe d'autant plus risible avec le recul que ce mix de Costa-Gavras et des Hommes du Président (Alan J Pakula 1976) vise à chaque seconde à nous démontrer à quel point on est chez des "super-pros". Film assez exemplaire du complexe du cinéma français vis-à-vis du cinéma américain. Certes, on est dans la conspiration comme chez Pakula, Pollack, Coppola, De Palma. Certes, il y a beaucoup d'hommes dans la force de l'âge comme chez Preminger. Certes, il n'y a, pour ainsi dire que des professionnels au travail comme chez Hawks, mais sans la piquante ironie sur les rapports hommes-femmes... mais si tout cela suffisait à égaler ces glorieux modèles. D'autant plus quene sont retenus que les signes les plus apparents et qu'est vite laissée de côté la singularité de ce cinéma admiré. De Hawks par exemple, on ne paraît retenir que le "groupe de professionnels au travail" (et d'un sérieux pontifical) en oubliant sa piquante ironie sur les rapports hommes - femmes, la dialectique entre action et parole... Rien de tel ici dans une forme aussi servile qu'un retour dans le giron de l'OTAN. A moins que la froideur de l'ensemble anticipe des essais plus cérébraux tels cette vague de remakes hollywoodiens qui ont fleuri dans l'art contemporain ?
(Petit) intérêt tout de même, le regard porté sur l'architecture et l'urbanisme de son temps, cette façon d'arracher un bout d'Amérique aux dalles des villes nouvelles. Mais là aussi, la comparaison architecturale pourrait donner au film des verges pour se faire battre. Entre Verneuil et ses maîtres substiste le même écart qu'entre Beaugrenelle et Manhattan.C'est aussi oublier que ce sentiment ambigu de complexe ou d'admiration (c'est selon) Europe / Etats-Unis n'est pas allé que dans un sens. Quand Coppola signe Conversation secrète (1974), il lorgne autant si ce n'est plus sur Antonioni que vers Arthur Penn. Et ce qui paraît faire "furieusement américain" a aussi trouvé certaines de ses racines de par chez nous. Pour en rester simplement aux décors du film, la Préfecture du Val d'Oise à Cergy (transformée en Civic Center. Sa forme ne rappelle-t-elle pas ces City Halls des années 60 ?
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En haut : Préfecture du Val d'Oise, Cergy-Pontoise (Henry Bernard architecte 1969)En bas: Hôtel de Ville de Boston, (Kallman, Mc Kinnell, Knowles architectes 1963-1968)
Je suis loin d'affirmer qu'il y a une inspiration directe entre les deux, simplement une réminiscence de forme typologique (la pyramide inversée posée sur une vaste plaza).Le même hôtel de ville de Boston, qui vu sous un autre angle, rappelle furieusement un autre bâtiment.
Complexes immobiliersEn haut : Hôtel de ville de Boston, doncEn bas: Couvent Sainte-Marie de la Tourette (Le Corbusier architecte 1956-1960)

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