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Optimisme U.S.

Publié le 21 avril 2009 par Toulouseweb
Optimisme U.S.L’industrie aérospatiale américaine surfe sur la crise.
Le contraste est frappant. D’un côté, trčs secoués par la récession, les Européens expriment leurs craintes pour l’avenir, ŕ commencer par les responsables du GIFAS. De l’autre, l’Aerospace Industries Association américaine affiche sa tranquille assurance. ŤLe secteur aérospatial vole au-dessus de l’orageť, dit un responsable de l’AIA.
Ces propos empreints d’optimisme s’appuient tout ŕ la fois sur de bons chiffres et une analyse volontariste de l’avenir. Mais n’en suscitent pas moins un brin de perplexité de ce côté-ci de l’océan.
Les statistiques de l’AIA indiquent que le chiffre d’affaires du secteur aérospatial américain a légčrement progressé en 2008 pour atteindre 204,4 milliards de dollars. Marion Blakey, délégué général du groupement professionnel, estime qu’une progression de 4,8% peut ętre espérée cette année. A titre de comparaison, les membres du GIFAS ont récemment annoncé pour 2008 un chiffre d’affaires de 37,1 milliards d’euros, soit environ 48 milliards de dollars.
Marion Blakey, femme de poigne et lobbyist de choc, défend bien son dossier. En ces temps de crise, elle souligne tout d’abord le poids social du secteur, 657.000 emplois directs et plus de 2 millions en tenant compte de l’effet multiplicateur. Et prčs de 100 milliards de dollars d’exportations et, compte tenu des importations (dont de nombreux Airbus), un solde net positif de plus de 60 milliards pour le plus grand bien de la balance commerciale américaine.
Cet état des lieux étonnamment serein demande qu’on y regarde de plus prčs. On constate alors que les budgets considérables dont bénéficie le complexe militaro-industriel américain n’expliquent pas tout. En effet, l’AIA comptabilise moins de la moitié du chiffre d’affaires annuel de ses membres au titre de la Défense, l’ensemble des activités spatiales intervenant pour un peu plus de 33 milliards de dollars. Une arithmétique simple permet ainsi d’attribuer plus de 80 milliards aux avions civils, c’est-ŕ-dire, pour l’essentiel, ŕ Boeing.
La recette est lŕ : une bonne répartition des activités qui permet d’atténuer les effets dommageables des zones de turbulences rencontrées au fil des caprices de la conjoncture. Les moyens considérables mis ŕ disposition du Pentagone y sont néanmoins pour beaucoup et l’AIA reconnaît que les opérations en Irak et en Afghanistan sont aussi source de recettes supplémentaires.
La confiance dans l’avenir, y compris dans le court terme, repose de toute évidence sur le niveau confortable des carnets de commandes, 404,5 milliards de dollars au dernier décompte, dont trčs exactement 293,4 milliards au chapitre des avions civils. Et c’est peut-ętre lŕ que le bât blesse, dans la mesure oů la bonne tenue de Boeing pčse trčs lourd, peut-ętre trop lourd, dans ce paysage qui se veut tranquille malgré la grande agitation née de la récession mondiale. Qui plus est née aux Etats-Unis.
Quoi qu’il en soit, l’AIA persiste et signe. Mieux, elle évoque avec satisfaction un mouvement de progression dans la durée entamé en 2004, qui se confirme au fil des mois et, excusez du peu, qualifié de progression la plus solide depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ce point de vue mérite d’ętre opposé ŕ celui de Charles Edelstenne, président du GIFAS : Ťle niveau élevé de nos carnets de commandes ne garantit plus notre activité. Leur réalisation nécessite en effet que nos clients soient encore en mesure de transformer leurs commandes en livraisonsť. Et de reconnaître humblement : Ťnous pilotons ŕ vueť.
Il serait judicieux que Marion Blakey et Charles Edelstenne se rencontrent, confrontent leurs analyses et nous communiquent ensuite leurs conclusions communes. A moins, bien sűr, que la premičre soit inconsidérément optimiste et le second exagérément inquiet.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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