Magazine Culture

Mindless Self Indulgence, ou comment atteindre l'orgasme en musique (électro-punk)

Publié le 22 avril 2009 par Red

Mindless Self Indulgence. Le groupe électro-punk pour jeunes par excellence. Le genre de son qu'il faut éviter de mettre à fond dans sa chambre par risque de déranger les voisins du haut : imaginez-les, septuagénaires, autour de la table et appréciant une bonne tasse de thé tout en partageant une tranquille discussion sur les souvenirs de leur jeunesse, je doute qu'ils apprécieront d'avoir les murs qui tremblotent à cause de l'ado boutonneux vivant juste en bas qui écoute << I love my mommy 'cause she fucked the shit out of my dad >> en répétition sur son iPod. Ou pas.

Mindless Self Indulgence, c'est un peu le penchant de Skins en musique (ouch, une comparaison qui va déplaire). Sauf que dans Skins, on rit et on pleure (des fois). En écoutant du Mindless Self Indulgence, vous rirez sûrement (paroles assez jubilatoires et chantées sur un ton de dégénéré qui fait le charme du groupe) mais pleurer, jamais. De jubilation, peut-être.

On a malgré tout une totale liberté d'expression avec ce groupe qui, dixit wikipédia, écrit des chansons aux << paroles fortes >> s'orientant vers des thèmes comme le sexe ou la drogue. C’est vrai.
Et ? C'est tout ? Un vulgaire groupe qui comble son manque d'originalité avec l'élément-clef à la mesure de tout artiste en manque de piment pour alimenter ses compositions, les obscénités ? Non. C'est avant tout un mélange de style, la provocation se ressent jusqu'au timbre musical (pas que dans les paroles) et c'est là qu'on voit qu'il est possible de faire de la musique de ce genre sans tomber (toujours) dans la facilité. Les membres du groupe jouent le jeu jusqu’au bout et c'est purement jouissif.

----------------------------------------------

Mindless Self Indulgence, c'est surtout un groupe qui a le goût (et l'art) de l'évolution. Un groupe qui prend tellement son pied dans le studio qu'il finit par sortir des trucs toujours déjantés, borderline des fois (souvent). Mais c'est le charme, une fois encore, et honnêtement, des groupes tout plats et peu énergiques c'est pas démodé à côté d'un groupe d'une telle énergie et autant sans-gêne comme Mindless Self Indulgence ? Je dis oui. Il vous le confirme (à sa façon) :

mindlessselfindulgence

James Euringer, le chanteur-leader du groupe, répondant désormais au pseudonyme de Jimmy... Urine. Charmant.

Alors oui, clairement, c'est pas le genre de mec que j'aimerais avoir sous mon toit très souvent (le sourire est contagieux, attention) mais que je ne refuse pas à écouter dans mes écouteurs. Je disais que le groupe sait évoluer, et ça se sent à travers les années.
Vous ne trouverez pas grand chose d'intéressant dans leurs premiers albums (surtout dans le premier album éponynme de 95).
Si << Tight >>, beaucoup plus punk et sortant 4 ans plus tard, permet de faire naître ce style hors-norme naviguant entre provoc' et titres qui tuent (Dickface, Pussy All Night, Hail Satan), c'est en 2000 qu'ils nous paraissent les plus inspirés en sortant Frankenstein Girls Will Seem Strangely Sexy avec plusieurs titres jouissifs: Cocaine and Toupees, Dicks are for my Friends, le chef-d'oeuvre I Hate Jimmy Page qui précède un intéressant I'm Your Problem Now (à écouter dès le réveil s'il vous plaît)

C'est peut-être à vrai dire l'album le plus énergique à ce jour, avec beaucoup de titres très agréables à l'écoute : les agitations de la basse et l'hystérie dont fait preuve notre cher Jimmy Urine sont toujours à l'ordre du jour.

Je zappe leur quarantaine de courtes compositions pataugeant dans l'humour fécal et pétomane infantile et sans intérêt, que compte ce qu'ont peut appeler l'"album" The Left Rights. C'est un truc de malade, un peu, d'oser faire un truc pareil. Mais là j'aime pas, c'est trop gratuit.

S'ensuivent deux albums excellents, toujours dans cette visée désinvolte mais jubilatoire : You'll Rebel to Anything et If. J'ai une préférence pour If, déjà plus long, qui commence par un Never Wanted to Dance étrangement calme, qui laisse place à une cascade de titres brillants, entre Evening Wear, Prescription, Issues et Get it Up (qui vaut surtout pour la brillante séquence reprenant en texte parlé l'humiliation de la panne d'érection, le thème-même de la chanson)
À partir de Revenge, les titres se laissent écouter mais manquent de refrains efficaces et sont globalement moins énergiques que les premiers mais originaux néanmoins (la séquence d'ouverture de Animal par exemple). L'album finit sur un titre excellentissime, simplement intitulé Mark David Chapman, cet homme qui a assassiné le fondateur des Beatles, marqué par quelques paroles espagnoles. Une façon originale de clore cet album, qui, avec FGWSSS, est le  deuxième meilleur album de Mindless Self Indulgence.

Retour en arrière dans le temps pour un close-up sur un autre album éclatant (mais moins bons que les deux cités précédemment) : You'll Rebel to Anything. Pas grand chose à dire sur ce disque, il faut surtout écouter les meilleurs titres. À mon goût, Straight to Video et Bullshit figurent parmi les plus plaisants. Entre les deux, on a deux titres osés sur lesquels on peut jubiler : Stupid MF et Two Hookers and an Eightball. Le reste, à jeter : peu de passages efficaces et une mécanique musicale qui a tendance à frôler la redondance.

Bref, clairement un groupe aux titres désinvoltes, de la musique bé-bête mais purement jouissive et finalement apte à produire des mélodies efficaces, chose dont peu de groupes à l'heure actuelle peuvent se vanter. C'est pas intelligent mais c'est intelligemment composé.
À recommander pour les fans du genre, une sorte de System of a Down pour les plus jeunes, avec des paroles moins adultes mais une visée << politiquement incorrecte >> plus appuyée.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Red 41 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte