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La fiscalité créative

Publié le 23 avril 2009 par H16

Pendant que les journalistes se branlouillent mollement sur les excuses de Royal, les déclarations de Lang et les contre-déclarations de Sarkozy, le gouvernement continue discrètement à faire de la plomberie et poser des tuyaux fiscaux pour tenter d'optimiser le drain fiscal. Alors que toutes les petites feuilles de calcul excel de nos administrations découvrent les joies de la notation scientifique pour arriver à y faire tenir les nouveaux chiffres du déficit, les ministres redoublent d'ingéniosité pour rapprocher les deux bouts. Pour le moment, ils sont éloignés de plus de 100 milliards d'euros, mais c'est sans compter sur la créativité extraordinaire dont ils font preuve...

Et en terme d'innovation, encore une fois, les hommes de l'ombre Bercy se sont encore lâchés.
Ainsi, reluquant avec les yeux torves d'un pervers trop longtemps frustré les grosses retraites juteuses de patrons peu scrupuleux, et factorisant aussi les gains électoraux que toute mesure démagogique pourrait entraîner, le gouvernement s'est donc fourré dans la tête qu'il fallait rapidement instaurer une fiscalité qu'ils définissent eux-même comme confiscatoire sur les retraites chapeau, ces retraites payées par une entreprise en plus des retraites des régimes habituels à leurs anciens dirigeants.
Sur le plan budgétaire, il est clair que les montants récupérés ne couvriront même pas les frais de bouche de l'Elysée ou de déplacement du Premier Plombier Fiscal dans son avion de fonction, mais les retombées potentielles en termes électoraux sont suffisamment alléchantes pour qu'à l'évidence, tout ceci passe rapidement par l'Assemblée comme une pomme d'Hadopi lettre à la poste.
Mais les contorsions gloutonnes ne s'arrêtent pas là. Tels un Houdini de foire du Trône qui braillerait qu'il peut faire encore plus fort, toujours plus fort, nos gouvernants relèvent le défi de faire bien mieux que ça. Après les petits coups de bâtons contre les méchants et riches patrons, on pose des appâts à moutontribuables sauvages. Il s'agit ici d'un piège un peu moins grossier que d'habitude pour choper les quelques animaux qui ont réussi à sortir de l'enclos pour éviter la tonte tri-annuelle (ou mensuelle).
La fiscalité créative
Deux espèces de moutontribuables
L'idée consiste à utiliser l'appeau fiscal qui produit une petite musique doucereuse et vise à endormir les animaux les moins farouches en leur faisant miroiter un retour à la tranquillité pénale. En gros, moyennant un pardon très relatif et parfaitement borné dans le temps et l'ampleur, Don Woertheone accepte que les brebis égarées reviennent au bon pasteur qui se chargera de leur ôter, sans trop attaquer le cuir, les épaisses volutes laineuses qu'elles auraient tenté de dissimuler à ses yeux.
Il va là encore de soi que cette mansuétude envisagée pour faire revenir les bestiaux les plus dodus et les plus poilus ne saurait durer trop longtemps. Mieux : rien n'indique que Don Woertheone ou son successeur conserveront leur abnégation pour les repentis. La sécurité fiscale étant ce qu'elle est sur les verts pâturages français, tout porte à croire que les repentis tondus une fois rentrés peuvent fort bien se retrouver tondus à nouveau sur un raffermissement subit de la politique fiscale. Eh oui : si le Prince a besoin d'argent, et s'il sait que vous aviez fauté jadis, il pourrait vous trouver encore bien trop gras et bien trop coupable pour vous laisser vous en sortir à si bon compte. Comme on dit : souvent l'Etat varie, bien fol qui s'y fie...
Mais tout ceci, depuis la fiscalité confiscatoire jusqu'à la fiscalité absolutoire, n'est rien face à la fiscalité créative que nos joyeux drilles politiques veulent mettre en place dans les prochains mois. C'est par la bouche de Mariton, un de ces improvisateurs de génie du Parti d'En Rire, dit UMP, que nous apprenons ce qui se trame en coulisses ; attention, cela vient d'un type auto-proclamé libéral. Avec des libéraux comme lui, aucun besoin d'un crétin aigri encarté NPA pour sombrer doucement dans le collectivisme arriéré des trotskystes d'opérette.
Et que dit-il, notre député collectiviste de droite ? Ceci :

"Il me semble qu'une des voies qui pourraient être explorées dès lors qu'on aurait cantonné ces dépenses extraordinaires, serait d'imaginer une recette extraordinaire. Elle pourrait être non pas d'augmenter les impôts mais de lancer un emprunt (...), qui pourrait être un emprunt forcé".


Ah oui. Forcé. Comme dans "Si tu ne payes pas, on te casse les phalanges." Ou comme dans "Tu vas payer ou sinon, fini la protection de ta boutique dans le quartier. Et tu sais, un incendie, un braquage, ça arrive vite, de nos jours".
Il faudrait mettre Don Woertheone en relation avec Don Martinon. Ils ont des choses à se dire : principes communs, mêmes notions d'économie, même penchant pour la créativité mafieuse...
C'est effectivement osé, et c'est, j'en suis persuadé, une option qui sera sérieusement étudiée dans les prochains mois. Ne nous leurrons pas : l'Etat est maintenant tout doucement mais sûrement arrivé au point de rupture et il va lui manquer, à un moment ou à un autre, un montant en euros plus ou moins scandaleux avec du 10E9 en facteur multiplicatif. Et là, magie des magies : le pays se remplissant lentement d'assistés et de chômeurs, et l'impôt étant bêtement assujetti à un revenu, il concerne de moins en moins de personnes qui ne pourront donc pas (ou plus) abonder à l'énorme Niagara fiscal que nos députés et nos ministres s'emploient à mettre en place. On va donc proposer des petits bouts de dette de l'Etat, pour un prix modique, avec obligation d'acheter un minimum. Charge aux patriotes d'en prendre une double ou une triple ration (miam !).
Je propose tout de suite un nom pour ces bouts de dette : Assignat.
Tout ceci sent furieusement bon et laisse présager d'un futur tonitruant.


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