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Européennes : pour qui voter ?

Publié le 28 avril 2009 par Argoul

Nous sommes à quelques semaines des élections européennes : qui en parle ? Le PS a fait des listes, le PS adore l’administration et la gestion partisane – mais que propose-t-il pour l’Europe qu’une resucée des scies françaises ? L’UMP se tait ou s’en moque, comme la Dati branchouille devant les djeunes. Surtout ne pas faire de vagues pour ne pas cristalliser un vote anti-gouvernement. Bien, mais quel est le programme UMP pour l’Europe ? Bayrou se tait comme toujours, attendant que les autres parlent pour leur faire la morale et se présenter en grand synthétiseur. Il y a du Hollande chez Bayrou, l’habileté politique en moins, ce pourquoi les deux compères s’entendent si bien, au fond.

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Alors, pour qui voter ? S’enfermer dans la critique facile de Nicolas Sarkozy n’a aucune utilité à propos de l’Europe. Nous devons construire un projet européen avec les autres pays ; nous devons gérer la crise économique et sociale au niveau de toute la zone intégrée. Quelles sont les propositions, quelles sont les alternatives ? On les cherche… En attendant, c’est l’abstention qui gagne.

Dans le jeu électoral, la crise favorise les grands partis, seuls à même de peser en Europe. Il n’y a pas de réponse nationale possible à une crise mondiale ; mais une réponse économique des pays de l’euro et une réponse politique de l’Union Européenne. Il n’y a pas de changement de système réaliste à 27 ; il n’y a que des aménagement par des règles, des négociations par la discussion, de l’imagination en écoutant les autres. Le discours intérieur français favorise le vote sanction : quelle utilité pour faire l’Europe ? Quelle efficacité pour contribuer à régler la crise ? Le président Nicolas Sarkozy est élu pour 5 ans et il a tous les pouvoirs, sauf ceux qu’il a fait voter au Parlement. Aux parlementaires français, donc, de prendre leur nouvelle place attribuée par la modification de la Constitution ; aux députés et aux sénateurs de proposer des lois nouvelles, de bien les écrire en étudient mieux qu’avant les données et les conséquences – ce qui n’était guère le cas jusqu’à présent, si l’on en juge par les dysfonctionnements et sur l’inflation législative… A politique nationale, réponse nationale. L’Europe, c’est autre chose !

Les Français savent voter différemment pour élire leur maire, leur député ou leur président. Pourquoi ne le feraient-ils pas pour le député européen ? Les frères ennemis n’ont d’yeux que sur les échéances nationales ? Tant pis pour eux, votons pour ceux qui ont un vrai projet européen et qui sont prêts à travailler avec les autres partis en Europe.

Revue du concours de beauté à fin avril :

  • L’UMP devrait faire la pédagogie de l’Europe dans la suite de la Présidence française jusqu’en décembre. Or Nicolas Sarkozy n’a agi que pour sa propre image, l’Europe n’est pour lui qu’un instrument de politique intérieure. Son parti n’a pas grand chose à dire sur l’Europe comme projet politique ou économique. Même le gaullisme a été usé.
  • Le PS ne sait pas faire s’entendre les ego en son sein, sauf par caporalisme et bureaucratie. Pourquoi projeter ce modèle archaïque au niveau européen ? Si l’idée socialiste peut avoir un certain sens en Europe, il est plus dans la social-démocratie que dans le jacobinisme d’Etat. On attend encore le « plan B » du nuisible Fabius… Moins il y aura de socialistes français parmi les socialistes européens au Parlement de l’UE, mieux ce sera pour l’idée sociale réformatrice dans l’Europe tout entière.
  • Le Modem existe-t-il sans Bayrou, candidat sans troupes, qui se croit programmé par Dieu pour être prochain Président ? Quelle utilité du centrisme mou en période de crise ? Obama déjà divise pour mieux régner, prônant l’intégration rapide de la Turquie dans l’UE. De quoi imposer l’OTAN contre la défense européenne, les matériels américains dans l’OTAN, les idées américaines sur le monde dans l’UE (notamment sur l’Afghanistan) – tout en ajoutant un boulet économique et politique au projet européen. Qu’y a-t-il aujourd’hui de commun entre la Turquie archaïque, travaillée d’islamisme, et l’Union Européenne qui émerge comme défiant les Etats-Unis par sa monnaie, ses avions, son commissaire anti-concurrence, son droit sanitaire, etc. ? Diviser l’Europe un peu plus permet aux Etats-Unis de continuer à faire ce qu’ils veulent dans le monde, contre les « vrais » rivaux : la Chine et la  Russie. Que feraient les Bayrou au Parlement européen contre le néo-impérialisme soft américain du brillant Obama ? Se coucher devant la force, comme d’habitude ? Avec cette propension à la conscience coupable qui est le propre du centrisme à la française ?
  • L’extrême-gauche étant antieuropéenne et dans l’utopie anti-système, ne restent que les écologistes. Ils évoluent, lentement, surtout au niveau local où ils ont des représentants de qualité. Mais l’idée écologiste en France oscille toujours entre la mystique et le moralisme médiatique. Soit l’Apocalypse pour dans 20 ans, soit l’activisme de la réprobation morale, passé en boucle à la télé. Vieux réflexe clérical et autoritaire, à la française : prendre les gens pour des enfants à corriger et redresser, en sachant mieux qu’eux ce qu’il leur faut et en les culpabilisant par la morale. Ces néo-curés détonnent parmi les autres écologistes européens, notamment allemands, néerlandais ou anglais. Ceux-ci ont des propositions concrètes, des idées neuves sur l’automobile ou les économies d’énergie. Cela vient en France, mais trop lentement, avec des archaïques qui prônent encore (l’inaudible Yves Cochet) la « grève du 3ème ventre » ou supputent le prix-carbone d’un enfant ! Heureusement, il y a Daniel Cohn-Bendit. Brillante idée de l’avoir invité en France dans la campagne. Lui seul est capable de faire passer l’écologie du statut de retour au moyen âge des doux dingues hippies au statut de nouveau modèle économique européen.

Je ne sais pas pour qui je voterai, mais l’idée européenne n’est pas l’idée française ; elle se situe à un autre niveau. Et je voterai non pas pour les petites querelles de partis hexagonaux, mais pour ce niveau-là.

Date des élections européennes
Pourquoi voter ?
Les trois pouvoirs du Parlement européen
Participation et résultats des élections européennes en France 1979-2004
Et dans le reste de l’Europe
Pronostics électoraux
Sondages sur les élections de juin 2009
Le point de vue du journal Le Monde

Revue de presse sur le programme des Verts


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