Magazine Culture

En hommage à Martine Broda

Par Florence Trocmé

En hommage à Martine Broda, dont Poezibao apprend aujourd’hui la disparition.

enfin

jour des larmes de verre

(tireur fou qui visait les miroirs
de la folie de notre monde)

le cri a noirci bouche ouverte
le lilas a pâli sans un son

cette beauté brûlante – sans partage
de peu d’yeux, de peu de fois
comment la dire
si lourde ô si lourde à porter
comme le souffle terrible
silence inconsolé
sur les terres toujours seules les terres
d’îles dans la voix
comment la couvrir d’aile
l’ouvrir la partager

Martine Broda, Grand jour, Belin, coll. L’Extrême contemporain, 1994, p. 79 et 63

En exergue de ce livre, Martine Broda donnait cette citation de Walter Benjamin :

« L’ange ressemble à tout ce que j’ai dû quitter : aux êtres, et plus précisément aux choses. Il loge dans les choses que je n’ai plus. Il les rend transparentes, et derrière chacune d’elles m’apparaît celui à qui elles étaeint destinées. C’est pourquoi personne ne peut me surpasser dasn ce qui est d’offrir. Oui, l’ange était peut-être attiré par quelqu’un qui offre et qui repart les mains vides. »

Et enfin, un très court extrait d’un poème de Paul Celan, traduit par Martine Broda

Une larme, à demi,
lentille plus aiguë, mobile,
capte pour toi les images.

Die Träne, halb,
die schärfere Linse, beweglich,
holt hir die Bilder.

Paul Celan, Grille de parole, traduit de l’allemand par Martine Broda, édition bilingue, Points/Poésie, 2008, p. 75.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines