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Le syndrome d'Ulysse * à **

Par Essel

Titre original : El sindrome de Ulises (2005)

Traduit de l'espagnol (Colombie) par Claude Bleton

Le syndrome d'Ulysse * à **
Débarqué à Paris pour suivre un doctorat en littérature à la Sorbonne, Esteban vit de petits boulots pour pouvoir y survivre. Il rencontre tout un tas de jeunes immigrés comme lui, latino-américains, marocains, coréens, roumains, africains, turcs, portant chacun son histoire, la plupart sans le sou tout comme lui, mais solidaires. Il subsiste un seul moyen pour eux d'oublier leur errance ou leur misère : le sexe. Et parallèlement à ces liaisons nocturnes qu'Esteban va faire la connaissance de quelques écrivains, qui vont ressusciter en lui le goût d'écrire...
Le style
d'abord ne nous happe pas, avec ses phrases à rallonge aux ponctuations sans fin, entrecoupées, ni son histoire d'ailleurs, au quotidien grisâtre et insipide, et puis, de fil en aiguille, on se prend d'affection pour ce jeune gars habitué aux vaches maigres, on a envie de savoir, de découvrir une par une l'histoire de ces immigrés venus des quatre coins du globe pour trouver à Paris l'Eldorado, acceptant, malgré leurs diplômes, devenus sans valeur en France, de se retrouver à la plonge ou de se prostituer pour vivre. Un roman campant avec tendresse quelques visages de l'immigration d'aujourd'hui.

Extraits :

"Khaïr-Eddine se mit à parler sur un rythme étrange, balançant le corps d'avant en arrière, sa cigarette sur le point de lui brûler les doigts, déclarant qu'il admirait la littérature de mon continent, dont il loua l'imagination et la richesse, et aussi les idées, et il me demanda si j'écrivais, ce qui me remplit de confusion car j'écrivais, certes, mais je n'aimais pas le dire, surtout depuis que j'étais à Paris. Néanmoins, je répondis la vérité, oui, je lui dis, j'écris, et je vidai d'un tarit ce qui me restait dans mon verre, une réaction nerveuse sans raison précise, peut-être gagner du temps avant de revenir à la question, à laquelle ma réponse laconique n'avait pas entièrement répondu, mais Salim et Khaïr-Eddine ne nous quittaient pas des yeux, mon verre vide et moi, et comme je ne disais rien il revint à la charge, quel genre de littérature ? Poésie, prose ? Prose, c'est ce que j'aime lire, je répondis aussitôt (...)." p. 73
"(...) mais avec un regard perçant qui semblait émerger d'une caverne obscure et une expression pénétrante accentuée par l'ébriété, Khaïr-Eddine revint à la charge et me dit pourquoi vous n'aimez pas parler de ce que vous écrivez ? Ce n'est pas que je n'aime pas, je lui dis, c'est que je ne crois pas que ça présente le moindre intérêt, ça n'existe pas encore, ça ne sera peut-être jamais publié (...)." ( p. 73-74)
" Et ils me bombardèrent de questions sur la Colombie, sur mon arrivée à Paris, avides de partager leurs récriminations sur la difficulté d'y subsister, et surtout l'envie d'être ailleurs, là où le soleil brille et la vie est plus heureuse, un sujet sur lequel les Parisiens sont intarissables quand ils se réunissent, car c'est à ma connaissance la seule ville que ses habitants rêvent de quitter tout en faisant l'impossible pour pouvoir y rester."  (p. 251-252).

Métailié, 2007. - 358 p.. - 21 €.

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