Balzac et la petite tailleuse chinoise

de Dai Sije
Roman - 190 pages
Editions Gallimard - janvier 2000
Editions Folio - septembre 2001

Deux collégiens chinois sont des cobayes d’un programme de rééducation des jeunes intellectuels. Perdus au fin fond d’une montagne, ils se rendent dans des villages reculés pour raconter des films. La petite tailleuse attire leur attention, et pour elle, Luo souhaite posséder les livres occidentaux contenus dans la valise d’un ami. Des romans de Victor Hugo, Flaubert, Dumas, Balzac… autant de richesses interdites qui éveillent leur soif de lire et de découvrir.

Une belle petite histoire comme un hommage au plaisir de la lecture, parabole de la liberté dans un pays où la politique de fermeture de Mao étouffait toute envie d’enrichissement culturel universel.

Extrait :
« Le trac s’empara de moi, je me vis réduit à exposer mécaniquement le décor de chaque scène. Mais Luo se montra un conteur de génie : il racontait peu, mais jouait tour à tour chaque personnage, en changeant sa voix et ses gestes. Il dirigeait le récit, ménageait le suspense, posait des questions, faisait réagir le public, et corrigeait les réponses. Il a tout fait. Lorsque nous, ou plutôt lorsqu’il termina la séance, juste dans le temps imparti, notre public, heureux, excité, n’en revenait pas. »

Un récit qui mêle malice et sérieux, qui décrit justement les sentiments du narrateur vis-à-vis de Luo, sur fond de jalousie fraternelle. Il y a aussi l'idée que la littérature peut élever, émanciper, mais aussi frustrer quand elle est trop éloignée de notre propre condition. Moins enthousiaste que de nombreux lecteurs tels que Florence ou Pitou, j'ai trouvé ce livre joli, mais loin de me laisser un souvenir impérissable.