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L'Héritière : ma vie ratée ou comment je me suis cramoisie

Par Cineblogywood @Cineblogywood
L'Héritière : ma vie ratée ou comment je me suis cramoisieEn DVD : Académique, ennuyeux, habile faiseur… C’est dire si le réalisateur William Wyler n’a vraiment pas la carte auprès des cinéphiles. Pour preuve : Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon, dans leur bible 50 ans de cinéma américain, le taxent de "paysagiste-vedette du cinéma hollywoodien", de "Lenôtre de la caméra" !
Et ce malgré d’indéniables succès populaires, tels Ben-Hur, Les plus belles années de notre vie ou Vacances Romaines.
Somptueux mélodrame
Avec la sortie en DVD de L'Héritière (The Heiress, 1949), dans un nouveau master restauré, Carlotta nous donne l’occasion de réévaluer notre jugement sur un cinéaste actuellement en voie de réhabilitation – cf la rétro que lui a consacré le festival de La Rochelle en 2008. L’Héritière est tout simplement l’une des meilleures – la meilleure ? – adaptations cinématographiques de l’œuvre de l’Américain Henry James.
OK, quand on vous dit "Henry James", "mélo", "ciné hollywwodien des années 50", "noir et blanc", on pense davantage à la naphtaline qu’au lip gloss. Eh bien, vous auriez bien tort de passer à côté de ce somptueux mélodrame, sans concessions, couronné par 8 oscars (dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice) en 1949.
L’histoire ? Vénéneuse à souhait : destinée d’une héritière dans les beaux quartiers de New-York du XIXe siècle, coincée entre un père omnipotent et un amant aux motivations ambiguës. Portée par l’interprétation incandescente d’Olivia de Havilland (Autant en emporte le vent) et de Montgomery Clift (Une place au soleil, Les Misfits) – tout de même ! – le film bénéficie également de la présence shakespearienne du terrible Sir Ralph Richardson, dans le rôle du père de l’héroïne, grand-père de Christophe Lambert dans Greystoke.
Excellent story teller
Certes, Wyler – né, pour la petite histoire, en France, à Mulhouse…- n’est pas un auteur qui imprime ses oeuvres d’un style particulier, tel ses contemporains Orson Welles ou Vincente Minelli. Mais à l’instar d’un Robert Wise (Le Jour où la terre s’arrêta) ou d’un Richard Brooks (Bas les masques), il s’avère un excellent story teller, à l’œuvre éclectique, qui alterne peplum à gros budget (Ben-Hur), fresques mélodramatiques (Les Plus belles années de notre vie) et curiosités qui se bonifient sur la durée (cf L’Obsédé, qui révéla Terence Stamp ou bien La Rumeur, avec Shirley Mclaine et Audrey Hepburn, sur l’homosexualité féminine). Des qualités dont bénéficie avec éclat cette indispensable Héritière.
En bonus : l’éclairage d’un critique bien connu des lecteurs de Positif, Christian Viviani, sur la carrière et la postérité du cinéaste.
Travis Bickle

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