Magazine France

Pantouflage ou contrôle ? Sarkozy ne s'embarrasse pas avec la déontologie.

Publié le 12 mai 2009 par Juan
Sans crier gare, les pantouflages se multiplient en Sarkofrance. Ils ont ceci de particulier qu'ils posent un problème déontoligique inédit: des membres du cabinet élyséen,  ou de certains ministère, ou même de simples proches du Président prennent en charge la direction d'entreprises dont ils avaient la supervision, ou des services de sécurité .
Laurent Solly s'occupait de la communication du candidat Sarkozy, dans son équipe de campagne. Au cours de l'été 2007, il rejoint TF1, pour diriger les chaînes thématiques du groupe (TF1 Digital). Problème ?
Pierre Mariani, ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy aux Finances, est nommé directeur général de Dexia, quelques jours après le sauvetage de la banque par les Etats français et belge.
François Pérol, le plus célèbre, était conseiller économique du Président. Il a directement travaillé sur le plan de sauvetage bancaire à l'automne 2008, et le rapprochement des Banques Populaires avec les Caisses d'Epargne. En février 2009, Sarkozy le propulse à la tête de ces deux établissements, sans prendre la peine de consulter la Commission de Déontologie.
Dominique Antoine avait remplacé George-Marc Benahmou auprès de Nicolas Sarkozy. Conseiller "Éducation, Jeunesse et Sports", il s'était ajouté la Culture et la Communication en mars 2008. Le 6 mai 2009, il a été nommé conseiller maître à la Cour des comptes.
Raymond Soubie, toujours conseiller social de Nicolas Sarkozy, est récemment devenu le principal actionnaire d'une agence de presse spécialisée sur l'actualité sociale, l'AEF.
Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde, va rejoindre France Télécom. Il devrait prendre au 1er janvier 2010 la fonction de «directeur général délégué en charge de l'international» du groupe de télécommunications. Son cas est étudié ce mercredi par la Commission de Déontologie. Etudiera-t-elle le comportement récent de Bercy vis-à-vis du futur employeur de son patron de tutelle ? A Bercy, Stéphane Richard a travaillé sur le secteur des télécommunications, et chapeautait la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la répression des Fraudes. France Télécom fait notamment régulièrement l'objet d'enquêtes sur ses pratiques concurrentielles. Le gouvernement fait aussi traîner le dossier de la 4ème licence mobile, "une manoeuvre de Bercy" rapporte Challenges...
Comme le rappelle MEDIAPART, la loi du 2 février 2007 "interdit à tout fonctionnaire et membre de cabinets ministériels d'aller travailler pour une entreprise avec laquelle il a exercé des missions de contrôle ou de surveillance au cours des trois années précédant son départ."
Dans un entretien au Monde, Christine Lagarde est brièvement et maladroitement interrogée sur cette promotion : "votre directeur de cabinet, Stéphane Richard, est donné partant pour France Télécom. Après la nomination de François Pérol à la tête des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne, faut-il y avoir une mainmise du pouvoir politique sur les grandes entreprises ?"
La ministre répond, visiblement avec délectation: "Je vois les choses autrement. Stéphane Richard venait du privé et j'ai toujours pensé qu'il y retournerait. Je suis très heureuse qu'il ait pu donner plus de deux ans de son temps à l'Etat. La commission de déontologie se réunit mercredi à son sujet. Il se pliera à ce qu'elle dira."
Pas un mot sur le conflit d'intérêt. Aux Etats Unis, Barack Obama a fait prêter serment à ses conseillers de ne pas rejoindre une entreprise concernée par leur activité à la Maison Blanche pendant toute la durée de son mandat.
Autre lieu, autres moeurs, autre président...
Lire aussi:
  • Stéphane Richard, un pantouflard en Sarkozie (Bakchich.info)
  • "Stéphane Richard à Orange : un soupçon de conflit d'intérêt", par Gaëlle Macke (Challenges)


Mon oeil : "le silence des pantoufles"
par politistution

Retour à La Une de Logo Paperblog