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Metropolis Street Racer

Publié le 14 mai 2009 par Rv

Cet article a été rédigé pour le site Oldies Rising, dont je suis désormais un rédacteur.

Difficile, pour un jeu de voitures, de passer après le mythique et insurpassable Gran Turismo. Seul moyen de briller : s’en départir. Alors bien évidemment, un jeu de bagnoles reste un jeu de bagnoles. Il faut conduire plus vite que le chronomètre ou que les autres concurrents, en général sur un circuit, et l’on progresse en gagnant des championnats qui donnent droit à posséder de nouveaux bolides de plus en plus performants. MSR ne déroge pas à cette règle mais ajoute quelques plus qui  se révèlent très agréables et font l’originalité du titre.

Le jeu se déroule dans les rues de trois villes, bien typées et fort bien reproduites : Tokyo, Londres et San Francisco.  Chaque quartier possède une touche graphique qui le distingue fort bien. Ainsi, à San Francisco par exemple, on appréciera l’ambiance brumeuse des courses près du port, tandis que les épreuves arpentant les collines de la ville mettront votre estomac à rude épreuve, tant le relief y est bien retranscrit ! Le studio Bizarre Creations a réalisé ici un travail d’une fidélité exemplaire, en collectant des milliers de photos qui ont servi de référence à leur jeu.

Le jour et la nuit sont gérés en fonction de l’heure que vous décidez d’afficher. Ce paramètre, modulable à volonté,  vous permet de faire varier les effets visuels. Le jeu en effet simule le décalage horaire entre les trois métropoles, et si vous décidez qu’il est 14 h à Tokyo, il sera 7 h à Londres et 23 h à San Francisco. Les effets de lumière ainsi obtenus sont souvent réussis. Il faut néanmoins reconnaître que l’aliasing -phénomène de scintillement des surfaces- est très prononcé, surtout dans le CBD (Central Business District, ou Quartier des affaires) de San Francisco. Mais on oublie ce détail en cours de jeu tant la conduite est prenante.

Les voitures reproduites sont toutes réelles, et un peu personnalisables. On peut inscrire son prénom sur la plaque d’immatriculation, choisir la teinte de ses vitres, la couleur de la carrosserie et même parfois la version de son automobile : berline ou cabriolet. La majeure partie des véhicules sont des européennes et des japonaises : Fiat, Renault, Opel, Nissan, Mazda, Toyota… Très bien modélisées, le connaisseur les reconnaîtra au premier coup d’œil. Elles resteront en outre flambant neuves, puisque les dégâts et la saleté n’ont pas droit de cité dans MSR. Ni les piétons, ce qui peut donner l’impression de rouler au travers de « Ghost Cities ». C’était sans doute le prix à payer pour que la console 128 bits puisse gérer le jeu avec fluidité.

La maniabilité, de prime abord, est un peu raide. Les voitures sont un tout petit peu difficiles à manipuler, mais rapidement on s’en sort. A l’instar d’un Ridge Racer, il faudra apprendre à manier le dérapage contrôlé, car il sera la clé de vos succès. En effet, un dérapage permet d’acquérir, en fonction de sa longueur et de sa vista, des « Kudos », sortes de points d’honneur qui, accumulés, vous permettent de passer plus ou moins facilement les étapes du jeu. Au contraire de Gran Turismo, conduire en s’appuyant sur les concurrents dans les virages est très déconseillé. En effet, cela vous retire des Kudos, et l’échec est alors plus que probable, même si vous terminez premier. On peut également utiliser des jokers pour doubler ses points. Rentre alors en compte un minimum de stratégie, car le joker, une fois utilisé, est perdu, quelle que soit l’issue de votre course. Rassurez-vous, on peut toujours rejouer chaque épreuve pour augmenter ses Kudos.

Souvent, les jeux de courses automobiles proposent l’option « fantôme » : cette trace visuelle de vos tours précédents sert à améliorer votre temps. Doubler son « fantôme », c’est booster son record du tour. Hé bien cette possibilité est particulièrement réussie ici, tout comme, d’ailleurs, les ralentis somptueux qu’on se prend souvent à regarder par plaisir. Autre « subtilité » stratégique, les voitures acquises sont stockées dans un garage aux places restreintes. Impossible de collectionner des trouzaines de véhicules juste pour se la jouer, un choix judicieux s’impose. Limité à trois véhicules au départ, le garage gagne quelques places en cours de jeu.

A chaque fois que vous débloquerez une voiture, il faudra en plus mériter de la posséder : pour cela, vous devrez réaliser un tour de circuit en un temps imparti. Sinon, la permission de la conduire restera toute virtuelle. Heureusement que le nombre d’essais est illimité, car ces épreuves de « mini-permis » sont parfois ardues. Mais le plaisir ensuite de conduire la nouvelle berline décrochée est encore plus grand.

Ordinairement, la bande-son d’un jeu de voitures se résume à la vraisemblance des « vroums-vroums ». Dans MSR, il est possible (et je dirais vivement conseillé) de laisser l’option « radio » allumée. Ce qui vous transporte dans un monde étonnant de kitsch et de musiques plus ou moins... disons actuelles. Pop anglaise, pop japonaise et country américaine au programme, dans l’écrin sonore improbable de radio fictives animées par des voix en v.o. Au fond, comme si l’on laissait une radio locale allumée au volant. Mine de rien, ce petit plus sonore, aux limites du gag, je ne pourrais plus m’en passer ! Reste que si vous avez une émission passionnante sur France Culture à écouter en même temps (oui c’est possible !), coupez le son du jeu !

Le jeu est long. Très long. Débloquer toutes les voitures prend plusieurs dizaines d’heures. On avance au rythme de 25 chapitres de 10 épreuves, jusqu’au stade final où vous serez qualifié de « World Champion ». La variété des épreuves permet cependant de ne pas trop avoir l’impression de toujours faire la même chose, et de vivre une routine habituellement inhérente à ce genre de jeu. La progression, certains le regretteront, est très linéaire.

Les courses proposées, toutes en circuits fermés, proposent des challenges variés, axés autour du contre-la-montre, du duel en un contre un ou de la course à six voitures. La difficulté est dosée pour augmenter en fonction de la puissance des voitures débloquées. Certes, celles-ci sont peu nombreuses en comparaison d’un Gran Turismo : un peu plus de 25, une par fin de chapitre plus une de temps en temps. Mais elles suffisent amplement à satisfaire tous les types de pilotes. On regrettera amèrement, pourtant, que la dernière voiture débloquée dans le jeu ne serve à rien, puisque les épreuves, au moment de décrocher la récompense ultime, sont finies. A moins d’être un aficionado des records de circuits et d’utiliser ce graal automobile pour battre tous vos records ! Ajoutons qu’un mode deux joueurs en écran splité est jouable. Il est amusant, mais j’avoue ne pas y avoir joué plus de quelques minutes.

Jamais je n’ai retrouvé depuis, dans un jeu de courses, le plaisir que m’a procuré ce jeu, y compris dans ses suites intitulées curieusement « Project Gotham Racing » sur les consoles de Microsoft. Une ambiance visuelle unique, qui vous donne l’impression d’être le premier réveillé dans la ville et d’en parcourir les quartiers émergents du sommeil sur les hauteurs de Frisco, ou au contraire de lutter vaillamment en plein soleil contre la montre dans les quartiers mi high-tech mi traditionnels de Tokyo, ou encore de devoir maîtriser, seul contre les éléments déchaînés, les routes glissantes d’un Londres noirci de pluie. Un gameplay qui se déguste pas à pas, et s’avère au final plus subtil que beaucoup de jeu de voitures. Des idées réjouissantes et originales qui parsèment le jeu, tels des Smarties™ sur un gâteau d’anniversaire d’enfant. Et la nostalgie envahissante d’un jeu d’exception sur une console d’exception, à jamais ancrée dans la mémoire vidéoludique de ce début de 21e siècle.


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