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Les “mandarins” ont rarement les pieds nus

Publié le 16 mai 2009 par Jlhuss

.. ou le corporatisme triomphant.
hist_hommes_minowski.1242431765.jpeg Pourquoi cette agitation dans le « monde médical hospitalier » à l’encontre du projet de Loi Bachelot , « Hôpital, patients santé et territoires » ? Une fois de plus les corporatismes vont-ils l’emporter? Je crains en effet que Sarkozy, comme ses prédécesseurs, se laisse troubler.
Comme toujours, les protagonistes de la grogne s’abritent derrière l’impératif du « bien-être du malade » et l’on voit refleurir les slogans ultra-usés de la médecine à deux vitesses etc. Ils ont, s’agissant du parlement, de nombreux et influents relais.
Sur le fond, je n’ai jamais pensé qu’il fut souhaitable que les médecins hospitaliers deviennent des gestionnaires ou même participent à la gestion. Le dicton, “chacun son métier, les vaches seront bien gardées” est ici de pleine actualité…
La médecine est chose tellement sérieuse qu’elle ne peut se “compromettre” avec des choix relevant d’autres impératifs que ceux du seul intérêt du malade. Participer à ces choix, c’est déjà “trahir” ce dernier. Le médecin se doit entièrement à lui et à aucune autre préoccupation.

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Il a le devoir de réclamer haut et fort les moyens nécessaires pour apporter la meilleure réponse à son patient. Ce n’est pas à lui de parapher les sacrifices éventuels : le faire c’est capituler en partie sur certaines demandes légitimes au nom d’une logique économique à laquelle il doit rester étranger. Les gestionnaires, les politiques assumeront seuls d’éventuels choix économiques restrictifs. S’il n’obtient pas pour son malade ce qu’il demande, le médecin dénoncera la carence, c’est son seul honneur et unique devoir.
Ensuite, le peuple jugera, sanctionnera ou donnera quitus. Ainsi les responsabilités seront enfin clairement rétablies.
En effet, ces dernières années, en associant abusivement les médecins à la gestion des hôpitaux, un leurre, on leur a coupé les ailes de la protestation en les associant étroitement à des décisions approximatives.
Avec les fameux pôles on a même réussi à les dresser les uns contre les autres et à les faire se battre entre eux pour des crédits. Quelle misère !
Ils ont accepté cette dialectique, croyant chacun tirer une épingle d’un jeu de dupes, même si c’était au détriment d’un collègue. Le petit jeu doit cesser.
Les “mandarins parisiens” envahissent le pavé, voulant mobiliser à leur profit la province et les hôpitaux généraux du reste du territoire, pour ensuite, comme de coutume, ayant obtenu gain de cause, -le maintien de leur exception- laisser la province à ces misères territoriales. Comme toujours la province se laisse prendre !

Depuis des lustres l’hospitalo-centrisme parisien, la force du lobby des patrons de l’Assistance Publique est notoire. Il est facile d’accuser les gouvernements successifs d’une imprévoyance coupable en ce qui concerne le fameux numerus clausus par exemple ; c’est oublier qu’il a toujours été défendu bec et ongle par ceux qui hantent les couloirs des ministères depuis toujours.

Garetta était médecin mais aussi “gestionnaire” … On appréciera les dégâts ! Ce fut haro sur les politiques et en premier lieu sur le premier ministre de l’époque, Laurent Fabius, lequel pourtant avait été rapidement réactif. Beaucoup pourtant suspectaient le danger, mais l’impératif de gestion l’emporta sur le principe de sécurité : un comble ! C’est le risque majeur de la confusion des rôles et dans cette triste affaire il a donné son plein effet : la responsabilité la plus grave en ce qui concerne les retards coupables est imputable à cette confusion. Le  bon médecin ne peut pas être un bon gestionnaire; il y a presque antagonisme.

Pour revenir à la Loi en discussion “houleuse” : un patron à l’hôpital, un seul, le directeur, voila qui me parait raisonnable (un seul patron … un seul responsable!) Reconnaissons à ce projet de réforme une vertu majeure : un nécessaire coup de projecteur sur les responsables véritables (le directeur de l’ARS, les directeurs des hôpitaux et ceux qui les nomment) des carences éventuellement constatées, sans ambiguïté aucune et sans mélange des rôles et recentrer le médecin sur ce pour quoi il est fait : soigner et devenir “le porteur de pancartes” de son patient.
Au demeurant, il aura le devoir, comme tous les autres citoyens, d’exprimer son opinion avec son bulletin de vote le moment venu, y compris en la faisant connaître avec force et publiquement si les évolutions ne sont pas celles qui lui apparaissent comme les bonnes.

Cette note semblera  excessive et injuste à certains confrères, qu’ils là relisent calmement pour en saisir toute la “perversité”; le pouvoir qu’ils ambitionnent ne réside pas dans la cogestion mais dans la capacité de nuire aux mauvais décideurs dont ils se seront affranchis

:)


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