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"Anges et Démons"

Par Loulouti


Hier après midi,  jour de repos dominical, j’ai choisi de voir "Anges et Démons" mis en scène par Ron Howard d’après un roman éponyme de Dan Brown.

En 2006 j’ai apprécié "Da Vinci Code" même si le premier opus a énervé plus d’un cinéphile (choix d'acteurs français peu judicieux, invraisemblances des révélations, temps morts). Je dois être l’un des derniers à défendre encore ce long métrage.

Je peux vous affirmer d’emblée une évidence qui m’a sauté aux yeux dès les premiers instants de la projection : "Anges et Démons" est d’une qualité bien supérieure au "Da Vinci Code". Une véritable réussite.

La seconde incursion de Ron Howard dans l’univers de Dan Brown est plus assurée, mieux maîtrisée, plus équilibrée. "Anges et Démons" est très belle surprise. On sent que le metteur en scène et les scénaristes (David Koepp et Akiva Goldsman) ont pris leurs distances avec le matériau d’origine et ont imposé leur vision de l’histoire au détriment d’une adaptation fidèle à la ligne. Un second film qui prend la forme d’une œuvre mature et envisagée sous le bon angle d’attaque.

Robert Langdon (Tom Hanks), l’éternel déchiffreur de symboles,  est appelé en urgence par la Papauté car les Illuminati, ancienne société secrète autrefois décimée par l’Eglise Catholique, menace de détruire la Chrétienté.
 

Au moment où s’ouvre le Conclave destiné à donner un successeur au trône de Saint-pierre suite au récent décès du Pape, quatre cardinaux, favoris de l’élection pontificale, sont enlevés.

Entre 20 heures et minuit les Illuminati menacent d’exécuter un cardinal par heure. La Cité du Vatican risque d’être réduite à néant par une technologie d’un nouveau genre : une capsule contenant de l’anti-matière. Vittoria Vetra (Ayelet Zurer), brillante physicienne du CERN à l’origine de cette avancée scientifique collabore aux recherches menées par le Professeur Langdon.

La clé du mystère semble se trouver sur la voie de l’illumination et les églises de Rome.

J’ai fini le roman il y a à peine un mois et je dois avouer que ce fait constitue un avantage évident.

Il faut rappeler une évidence pour ne pas vous induire en erreur : "Anges et Démons"  est bien la première enquête du Professeur Langdon. Les événements décrits se déroulent un an avant ceux du "Da Vinci Code" même si la bande annonce du second film a pu vous faire croire qu’il s’agissait d’une suite. Pour vous convaincre, reprenez les premières pages du livre "Da Vinci Code", il y a plusieurs notes qui renvoient aux événements du Vatican.
 

Enfin ce n’est que mon avis car dans le long métrage il y a quand même certains dialogues qui peuvent entretenir le doute voire remettre en cause cette chronologie Langdonienne.

Ron Howard a opté pour un parti pris radical : s’approprier l’œuvre et faire de vrais choix de mises en scène. Le long métrage démarre sur les chapeaux de roue et garde un rythme effréné jusqu’à la fin. D’où l’idée de supprimer des personnages et de raccourcir l’arrivée dans la ville éternelle. La longue entrée en matière du roman est ramenée à sa plus simple expression. Nous entrons dans le vif du sujet pour notre plus grand bonheur.

La trame du film reste simple et respecte l’écrit de Dan Brown. Les ajustements scénaristiques et la manière d’aborder les choses de Ron Howard n’ont qu’un objectif : rendre "Anges et Démons" plus ludique et attractif.

Les controverses très intéressantes au demeurant sur la science et la religion ou la science contre la religion, sur l’existence de Dieu, sur l’instant de la création sont reléguées au second plan. Nous ne sommes pas pris au milieu d’interminables discussions sur le bien et le mal. Il est évident que de telles polémiques sont difficiles à mettre en scène dans un thriller aussi captivant qu'un long métrage de cet acabit.

Ce qui permet à l'ensemble de gagner en clarté. Le maître mot du film de Ron Howard est sa crédibilité. De la première à la dernière seconde on croit à ce que l’on voit. "Da Vinci Code" reposait sur des révélations extraordinaires, des faits difficilement vérifiables.

Dans "Anges et Démons" nous sommes au cœur d’une enquête policière où se mêlent science et religion mais pas dans une quête de la vérité.
 

L’existence d’une ancienne société secrète, les Illuminati, le rôle de la Papauté dans leur destruction, la création de l’anti-matière ou les explications historiques du Professeur Langdon nous sont présentées simplement, sans verbiage scientifique ou religieux excessifs. Nous ne passons pas notre temps à essayer ce décoder un charabia pendant que le long métrage se poursuit.

"Anges et Démons" gagne ainsi une légitimité qui n’était pas gagnée d’avance. Un tel changement de registre est d’autant plus étonnant qu’il provient du même metteur en scène.

Le thriller ésotérico-scientifique de Ron Howard est diablement efficace et nerveux. On ne s’ennuie pas une seule seconde. L’action, très bien filmée, rebondit sans cesse. La course contre la montre de Langdon et consorts dans les rues de Rome et dans la Cité du Vatican est haletante et passionnante. Tout va très vite mais le spectateur ne perd pas pied.

Rome est pratiquement le lieu unique où se déroule l’intrigue du long métrage. Ron Howard utilise le cadre urbain avec une réelle efficacité. Les édifices religieux à la gloire de Dieu perdent leur vocation première et deviennent des endroits où se déchaînent la violence et le mal.

Le jeu de piste mortel sur la voie de l’illumination donne l’occasion au metteur en scène de nous proposer des scènes de poursuite assez spectaculaires et des instants stressants. Les meurtres des cardinaux font indéniablement monter la tension vers une apothéose de choix.
 

La bande son composée par le génial Hans Zimmer donne le tempo à l’œuvre. Les moments de crise ou les instants plus spirituels sont soulignés par des airs qui prennent aux tripes.

La séquence de l’explosion de l’anti-matière demeurera comme une conclusion d’une rare ingéniosité. Des effets spéciaux sont bien agencés et percutants.

La conclusion du long métrage voit son lot de révélations mais les éléments sont amenés toute naturellement. "Anges et Démons" se clôt par un dernier quart d’heure en forme apothéose.

Je sais que j’ai peut être tort de comparer deux longs métrages entre eux mais je me rends compte que le casting de "Da Vince Code" fait pâle figure par rapport à celui de "Anges et Démons" hormis Tom Hanks. Ce dernier est toujours aussi appliqué dans sa composition et l’acteur américain a vraiment un sacré charisme. A ses côtés nous avons la chance de côtoyer des comédiens venus du monde entier.

Ayelet Zurer (Vittoria Vetra), Ewan McGreggor (Le Camerlingue), Armin Mueller-Stahl (Strauss), Stellan Skarsgard (Richter) PierFrancesco Favino (Le Commandant Olivetti) et Nikolaj Lie Kaas (l’assassin) campent leurs personnages respectifs avec une étonnante application.

Pour celles et ceux qui n’ont pas aimé "Da Vinci Code", je vous donne un conseil : oubliez ce premier long métrage. "Anges et Démons" est film très réussi qui m’a vraiment enthousiasmé. Un thriller efficace, rythmé, dense. Une œuvre qui respecte le livre de Dan Brown mais qui conserve sa propre identité.

Ron Howard et ses auteurs ont su conserver l’esprit de la matière première et effectué des coupes sombres sobres et efficaces. Nous sommes aux antipodes d’un filmo où les clichés sont légion et à l’ésotérisme de pacotille.

Le cinéphile que je suis a plongé avec délice dans un spectacle, et je vais me répéter, totalement crédible.



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