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À droite, “il y a une alternative” : Sabine Herold

Publié le 19 mai 2009 par Vogelsong @Vogelsong

Un univers sépare la réalité des projets d’Alternative Libérale. S.Herold, égérie diaphane du parti libertarien français, dans une entrevue accordée aux blogueurs accueillis par l’hebdomadaire Vendredi, brosse les contours de ce qui serait une société idéale. Celle de l’Homme libre, enfin affranchi des contraintes stérilisantes de l’État, s’épanouissant dans un environnement régit par deux concepts forts : liberté et responsabilité. Rien que ça.

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Le discours est rôdé, les concepts subtilement assénés. En tête de gondole la liberté, élément fédérateur de la doctrine libérale, qui sert aux disciples de F.v.Hayek d’argument principal dans la vente d’un projet de société hyper individualisée. Ils en mettent partout, tout le temps. Par principe voire habitude. Souvent pour camoufler l’essentiel.
L’argument de la liberté n’est pas frais. L’UMP sert ce laïus à chaque réforme partisane. La première mesure de N.Sarkozy fut de supprimer la carte scolaire. Qui, selon le chef de l’État est une garantie de liberté pour les parents de scolariser leurs enfants dans l’école de leur choix. S.Herold dans le même esprit propose des “vouchers” pour financer l’éducation. Ces bons d’États de valeur égale permettent aux parents de choisir l’école dans laquelle ils inscrivent leurs enfants. En théorie, il faut que “l’argent suive l’enfant et non pas l’inverse. Aujourd’hui l’enfant suit l’argent…”. Le dispositif transformerait les chefs d’établissements en véritables “patrons de PME”, avec perspectives managériales telles qu’il pourrait “devenir des chefs d’équipe (…) recruter les équipes d’enseignement qu’il souhaite et (…) accueillir des enfants afin de s’organiser un peu comme ils le veulent”. Caricature typique de l’artifice de communication, dans lequel la liberté est le cheval de Troie de la “concurrence”. En d’autres termes, poser la question de l’éducation sous l’angle : “voulez-vous que les parents aient la liberté de choisir l’établissement de leur choix ?” ; qui équivaut à : “est-ce qu’il faut organiser la concurrence entre les établissements scolaires et considérer ceux-ci comme des business units ?”. De toute évidence, moins vendeur…

Le spectre étatique est responsable de toutes les afflictions. L’État doit être “moins interventionniste et paternaliste, qui serait moins ce que l’on appelle le nanny state, c’est-à-dire un État qui va nous expliquer au quotidien ce que l’on va faire pour notre bien”. La doxa libérale impose un État à minimum circonscrit à la justice et la sécurité. Les prérogatives cantonnées au respect de la propriété privée et des règles de sécurité. Le reste, organisé par contrat privé ou libre association. Le reste, n’est pas une société. M.Tatcher adepte de Chicago boys le pérorerait “there is no such thing as society. There are individual men and women, and there are families”. Dans cette optique par exemple, l’État ou le gouvernement n’est plus garant de la santé des citoyens. La sécurité sociale, une entité monopolistique tentaculaire doit disparaître et laisser place à la concurrence des officines privées de santé. Chacun doit prendre en charge par un arbitrage risque versus dépense, la qualité de son assurance de santé. S.Herold tempère et précise que l’État impose une couverture “de soin minimale”. Néanmoins, elle propose clairement d’assumer une santé à plusieurs vitesses. À la loterie des affections malignes, il vaudra mieux avoir souscrit un contrat premium.

La responsabilité détermine les enjeux écologiques. S.Herold propose de faire payer jusqu’aux derniers euros les pollueurs. Après A.Minc qui voyait “en tout écologiste sommeille un pétainiste”, S.Herold nous apprend, suite à une interpellation sur le productivisme, que “…péter pollue”. Optimistes, les libéraux ont confiance en la responsabilité des individus et en la magie de l’autorégulation pour surmonter ce défi planétaire. Impossible d’entraîner S.Herold sur le terrain d’un développement non productiviste ou vers la décroissance. Une idéologie pétrie d’esprit d’entreprise, de gains infinis, d’équilibres généraux optimaux n’abdique pas face à la réalité d’une planète à l’agonie. Il faut un monde commun pour dialoguer, échanger. S.Herold  souvent lévite, s’échappe.

Sur le même rythme, S.Herold présentera son ouvrage “Le bouffon du roi”. N.Sarkozy et O.Besancenot y sont des duettistes du spectacle politique et étatique de la France. Le président de la République a besoin des extravagances du leader du NPA pour rendre ses réformes acceptables. Quand la gauche radicale demande la nationalisation des banques, N.Sarkozy en profite pour seulement accorder une poignée de milliards. Cela lui permet d’étendre son emprise sur l’état. Lui qui s’était présenté à l’élection de 2007 comme libéral n’est qu’un “bonapartiste, interventionniste… À chaque fois que Sarkozy ouvre la bouche, il en sort un milliard donc ce n’est pas très libéral”.

Alternative Libérale prend une posture ni droite, ni gauche. Elle triangule le paysage politique selon trois pôles : les conservateurs, les socialistes et les libéraux. S.Herold se défend d’être de droite. Elle signale même l’existence des libéraux de gauche au sein de son parti. Symptomatiquement elle oublie d’évoquer d’hypothétiques libéraux de droite…

La doctrine politique se caractérise par un maximalisme dans l’interprétation de l’interventionnisme. CL comportement type d’une organisation radicale. Il n’y a pas de marge de manœuvre entre le libéralisme et le socialisme. Surtout quand on part du principe que le parti socialiste (PS) par exemple, dans sa forme actuelle est planificateur de type crypto marxiste. Une approche puriste qui confine cette pensée, dans le réel, aux franges extrêmes du possible, du vivable. Les libéraux étayent une bonne partie de leurs projets sur des constats ressassés (par la droite UMP) comme le déficit de la sécurité sociale, un taux de 16 % d’illettrisme en fin de primaire, etc… Mais, peut-on créer le Far West du XXIe siècle ? Y vivrait-on mieux, plus longtemps, mieux éduqué, en meilleure santé, plus en sécurité ?

Plutôt laboratoire d’idée que parti de gouvernement, Alternative Libérale souhaite banaliser le projet individualiste néolibéral qui sévit depuis presque 40 ans. Dans le même schéma symétrique que la thèse du livre “le bouffon du roi“, avec S.Herold dans le rôle du facteur**. À la manière de l’ancien communiste converti au libéralisme forcené, J.Marseille qui admoneste le gouvernement UMP pour les atermoiements dans les réformes libérales. Mais qui ne manque jamais de délivrer son satisfecit à N.Sarkozy pour le sens de celles-ci.
Ni de droite, ni de gauche, mais tellement de droite…

(N.B. Le titre s’inspire d’une citation Tatcherienne pour infliger sa politique néo-libérale -”there is no alternative (TINA)”, “il n’y a pas d’alternative”)

*La société n’existe pas, il n’y a que des individus et des familles
** Mais bien moins célèbre

Vogelsong – 18 mai 2009 – Paris

Comptes rendus connexes :

  • Intox2007
  • Reversus
  • Hypos
  • Politique 2.0

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