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Un œil un peu flou sur le Festival de Cannes

Publié le 23 mai 2009 par Letuyo

Un œil un peu flou sur le Festival de Cannes

Depuis le début de la grand-messe cinémato-people du Festival international du film, Valéry Hache, photographe de l’Agence France Presse (AFP), surprend avec ses images décalées.

Photo : Quentin Tarantino, par Valéry Hache

Isabelle Huppert, la très décriée présidente du jury, gardera au moins un bon souvenir du du 62ème Festival de Cannes : un portrait noir & blanc signé Valéry Hache. Ce photographe de l’AFP, rattaché au bureau de Nice, a immortalisé l’élégante actrice française dans un couloir de l’hôtel Carlton, au tout début de la quinzaine cannoise. C’est l’image inaugurale d’une série qui commence à faire le « buzz ».


Un œil un peu flou sur le Festival de Cannes

Isabelle Huppert, par Valéry Hache

Cette photo, c’est d’abord un noir et blanc. Autant dire un ovni dans le petit monde de la photo d’actualité. « J’adore le noir et blanc, ça me manque de ne plus en faire. C’est pour cela que je fais cette série personnelle. Pour m’amuser en noir et blanc ». Il ne faut pas chercher plus loin : photographe de presse ses 23 ans (c’était il y a justement 23 ans), Valéry Hache fait partie de ces professionnels qui continuent à se faire plaisir en travaillant.

Mais cette photo, ce n’est pas un simple noir et blanc. Il y a ce vignetage inhabituel. Un défaut qui, tel une petite cicatrice, donne quelquefois un charme fou. Il y a aussi ce curieux flou dans les contours. Il isole le sujet et lui confère une dimension onirique qui tranche tellement avec l’aspect très « papier glacé » du Festival. On n’est plus ici dans l’image léchée. On quitte la sphère de la la photo standard pour entrer dans celle de la créativité.

Un œil un peu flou sur le Festival de Cannes

Devon Aoki, par Valéry Hache

Pour obtenir cette image, Valéry Hache a un petit secret. « J’utilise un 24mm à décentrement et bascule ». Traduction ? Un grand angle un peu spécial, habituellement utilisé pour corriger les perspectives des photos d’architecture. Valéry Hache le détourne de son usage habituel pour en faire un outil particulièrement créatif en reportage. « Ça permet de jouer sur la faible profondeur de champ dans les coins ». En jouant sur les réglages, il façonne le flou et le net pour créer des images au charme inégalable.

L’idée lui est venue l’été dernier, lorsqu’il couvrait les Jeux Olympiques à Pékin. « J’ai vu David Burnet, un des derniers géants de la photo US, qui travaillait à la chambre. J’ai voulu adapter la technique au 24×36 ». Après quelques tests concluants le mois dernier aux Masters de Monte-Carlo, il décide de shooter les stars à Cannes durant toute la quinzaine : Devon Aoki, Tony Parker et Eva Longoria, Sophie Marceau, Monica Bellucci, Johnny Hallyday, Quentin Tarrantino, Eva Herzigova, Penelope Cruz, Sharone Stone, Brad Pitt et Angelina Jolie… Tous y passent.

Un œil un peu flou sur le Festival de Cannes

Tony Parker et Eva Longoria, par Valéry Hache

Avec son drôle d’objectif, le bonhomme ne passe pas vraiment inaperçu au milieu des photographes accrédités, où la standardisation du matériel est la norme. « Ça fait rire les collègues. Les premiers jours, ils se foutaient de ma gueule, mais maintenant qu’ils ont vu le rendu, beaucoup veulent essayer ! » L’un veut tester la technique sur le Tour de France. Un autre s’y essaie déjà à Rolland Garros.

Créatif mais professionnel, il réalise des clichés plus classiques avec un second boîtier. Mais ce sont les photos « décentrées » qui retiennent l’attention. « A Cannes nous sommes 250 photographes et on fait tous la même chose ! Il faut savoir se démarquer. Je suis persuadé que l’année prochaine, des mecs utiliseront cette technique ». Lui sera sans doute passé à autre chose. En attendant, c’est à lui que l’on décerne la palme de la photo.

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