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Cinéma /La couleur et l'odeur de l'argent /LET'S MAKE MONEY

Par Pitoune

Je viens de découvrir ce film en surfant sur google new J'espère vraiment pouvoir aller le voir. Si vous qui lisez cet article et que vous avez vu le film merci de donner votre avis !

«LET'S MAKE MONEY» Le réalisateur autrichien de «We Feed the World - Le Marché de la faim» démonte la mécanique néolibérale dans un documentaire d'utilité publique. Edifiant.

Les fins du marché

Après avoir dévoilé les coulisses de l'industrie agroalimentaire dans We Feed the World - Le Marché de la faim (2007), Erwin Wagenhofer décrit par le menu les dérives du capitalisme mondialisé.

Le cinéaste autrichien, qui aime décidément les défis, part à l'assaut d'un sujet complexe en posant une question simple: que font les banques avec notre argent? Manuel de néolibéralisme «pour les nuls», son film y répond avec une ambition d'exhaustivité exemplaire, un souci didactique louable et une candeur à peine feinte. Puisque notre argent ne peut pas travailler, comme le veut l'expression, «cela revient à dire que quelqu'un d'autre doit travailler pour nous», déclare-t-il en interview.

Des bases du néolibéralisme (la conférence du Mont Pèlerin de 1947, les quatre mesures1 du «consensus de Washington») à ses conséquences humaines, démographiques et écologiques, en passant par le rôle du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et des paradis fiscaux comme Jersey, Let's Make Money propose une enquête historique et journalistique à l'échelle planétaire.

La force des images

Afin d'ordonner une quantité d'informations qui pourrait décourager le spectateur le mieux disposé, le réalisateur de We Feed the World adopte à nouveau une construction rigoureuse en chapitres, laisse la parole aux experts de tous bords et fait l'économie d'une voix off bien superflue. Qu'ajouter en effet quand on entend un investisseur dire que «le meilleur moment pour acheter, c'est quand le sang coule»?

Au-delà d'une approche très méthodique, l'art d'Erwin Wagenhofer repose autant sur le poids des mots que sur l'impact des images, toujours éloquentes et pas seulement quand elles sont spectaculaires. Le désastre urbanistique et écologique de la Costa del Sol espagnole – où la bulle immobilière a laissé 3 millions de maisons vides et 800 terrains de golf déserts – est certes impressionnant, mais le cinéaste en dit autant en filmant un panneau publicitaire pour une banque allemande planté dans un bidonville de Chennai (Madras) en Inde. Et montrer les paysans burkinabés dans les champs de coton, dont la monoculture paralyse l'économie du pays, évoque inévitablement l'esclavage.

Rythmé par des allers-retours Nord-Sud, le montage rappelle surtout que cette libéralisation sans entraves s'opère sur le dos des pays dits «émergents»: les populations ne récoltent pas les fruits du développement économique, les richesses augmentent au Nord tandis que la dette se creuse au Sud, etc. Un plan de 3 secondes où l'on voit des vautours tournoyer dans le ciel n'a dès lors rien d'innocent!

Les détracteurs de Let's Make Money n'ont pas manqué de juger le procédé «démagogue». Etrange critique, puisque cet état des lieux nous renvoie à notre responsabilité individuelle: quiconque confie son argent à une banque, qui l'injecte dans le circuit monétaire international, cautionne de fait le système financier néolibéral et l'exploitation révoltante qui en découle. 1 Déréguler les marchés financiers pour que les capitaux circulent librement d'un pays à l'autre. Eliminer les barrières commerciales protégeant les industries des pays en développement. Réduire fortement les recettes fiscales des Etats afin de les affaiblir et de minimiser leur marge d'intervention. Exiger que l'Etat privatise les industries ou les brade à des investisseurs externes.

Source et date de l'article Le Courrier.ch 23.05.09

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