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Rapport Hubert Védrine sur la France et la Mondialisation

Publié le 20 septembre 2007 par Nacene

Hubert-Vedrine.jpg(Je sais, mes articles politiques sont un peu longs, mais dans la politique, il faut de l’argumentation, sinon vous pouvez toujours regarder TF1)

 Y’a du bon dans le PS, il y a le Rapport d’Hubert Védrine sur la France et la Mondialisation qui vient de me remonter le moral. Lui est moi, on est comme qui dirait d’accord sur toute la ligne. Bon, comme lui est connu, et moi pas, on va dire que je suis de son avis :o)

Je résume, mais il faut vraiment le lire, ça se lit vite. Je dis rapport, je pourrais dire "essai sur la place de la France dans le monde". Ça se lit comme un roman ou presque (60 pages).

 


Il constate d’abord : 
  • 1) Les opinions publiques sont contre la mondialisation, bien que on ne peut pas vraiment être contre vu qu’on nous demande pas notre avis, c’est une évolution mondiale. « 45 % des Français, (mais 30 % seulement des moins de 35 ans) estimaient que la « mondialisation présente plus d'inconvénients que d'avantages pour la France ». En juillet 2007 (Sofres), 74% des Français jugent la mondialisation négative pour les salariés.  Ils analysent les raisons dans le rapport.
  • 2) Ensuite, il y a les élites, qui elles sont pour. Mais quand je dis élites, ceci ne comprend pas les cadres supérieurs. « Ainsi pour les "partisans" de l'ouverture et de la mondialisation – chefs d'entreprise, patronat, une grande partie des économistes et des médias - celle-ci est uniquement positive, et gagnante pour tout le monde ».

Il montre ensuite la stérilité des deux positions dogmatiques, « je suis contre » et « je suis pour », car les deux refusent de voir les avantages « croissance mondiale » et les incovénients « Les salariés de certains secteurs mis sur le carreau ».

    Le Consensus à Atteindre

 A – les Français acceptent l'économie globale de marché comme un fait.

 B – la France mène des politiques combinées pour tirer le meilleur parti de cette mondialisation. Elle s'adapte, elle se réforme et crée des emplois nouveaux en montant en gamme technologique tout en s'inscrivant dans la mutation écologique de l'économie,  
C – elle préserve un coeur de compétences, de souverainetés et de responsabilités publiques,  
D – elle amortit les chocs brutaux ; elle n'abandonne personne, aucune catégorie socioprofessionnelle. Elle l'accompagne par des politiques de solidarités et de reconversion nouvelles et ciblées. Cela concerne l'état les collectivités locales, les organisations professionnelles.  
(Dans son rapport ils parlent de systèmes d’écluses pour amortir les changement structurels de l’économie)  
E – elle mène et inspire au niveau européen une politique beaucoup plus offensive de protection, de solidarité et de régulation pour que l'Europe devienne la régulatrice du monde global.    Ils présentent après les atouts de la France et les handicaps. Vous voulez connaître son analyse, vous lisez le rapport.   Le Protectionnisme

Ce que j’aime dans le rapport d’Hubert Védrine, c’est quand ils parlent du protectionnisme, et qu’il dit en somme, que ce n’est pas un gros mot, comme certain médias essaient de l’enfoncer dans nos crânes (oui, mon regard se tourne vers la Une) :

 « Les libéraux et économistes partisans de l'ouverture systématique récusent toute mesure de protection comme « protectionniste ». A l’opposé certains invoquent « la » protection comme une panacée. Ce sont deux erreurs dogmatiques. Certaines protections se justifient, d’autres sont inefficaces.

En fait aucun pays ne s'ouvre complètement. Les États-Unis eux mêmes se protègent à certains moments, pendant un certain temps, d'une façon ou d'une autre de certains aspects déstabilisants de la mondialisation (Comme ils l’ont fait entre autres par exemple contre les exploitants de bois canadien, contre le port de Dubaï, comme ils augmentent leurs subventions agricoles, ou protègent leurs secteurs stratégiques). Si l'on veut que l'opinion se retrouve dans la nouvelle politique française offensive dans la mondialisation, il faut absolument que la légitimité de certaines protections soit clairement admise et revendiquée, et non pas seulement tolérée avec gêne et pratiquée en catimini. »

 J’ajouterai que les chinois aussi, se protègent, comme des fous même, et encore plus aujourd’hui qu’hier. En effet, leur économie et suffisamment imbriqué avec celles des pays occidentaux pour qu’ils ne puissent plus craindre les sanctions (si ce n’est un procès ou deux à perdre devant l’OMC, ce qui somme toute n’est pas grand chose).  
Obligation de Réciprocité

Il reprend aussi, en gros, le patriotisme économique, ou du moins, l’obligation de réciprocité. Quand on ouvre notre marché, quand plus de 50% du CAC40 appartient à des capitaux étrangers, il faut au moins qu’on puisse faire de même chez ces mêmes étrangers.

 « Autre exemple : le respect des principes de l’économie de marché n’excluerait pas, dans le droit des OPA une exigence de réciprocité (Mital/Arcelor ?). Aux États-Unis, quand la nationalité de l’acheteur est dûment identifiée, il n’y a pas de seuil obligatoire pour une OPA. L’État du Delaware s’est doté d’une législation très protectrice des actionnaires. AuxPays Bas l’intérêt social de l’entreprise n’est pas défini seulement par les actionnaires, le conseil des salariés a du poids. En Allemagne, la pratique des « discussions de coin de table » permet à des concurrents de s’entendre. Ce même pays va créer des « réserves de capitaux » allemands destinées à des entreprises menacées d’OPA hostiles.

Ce n’est pas parce que la nationalité des firmes globales est prétendument devenue difficile à déterminer (encore que celles des firmes américaines ou émergentes soit claire) que la bataille des capitalismes entre eux pour le contrôle du capital va cesser faire rage. Il y a beaucoup de mécanismes étrangers de protection des règles de l’économie de marché dont nous pouvons nous inspirer. »

 
Télécharger le Rapport Hubert Védrine

Bon, j’espère vous avoir donné envie de le lire, car il est vraiment très intéressant.
Vous pouvez le télécharger ici Le Rapport Védrine sur la France et la Mondialisation.   Il y a donc des gens au Partie Socialiste qui parlent d’autres choses que de « pourquoi royal a perdu » et « où notre chère président passe-t-il ses vacances », et ça, ça fait vraiment plaisir…

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