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Crise et conséquences géopolitiques : un mini G20 en Asie ?

Publié le 29 mai 2009 par Jeanpauldemacrisebienaimee

Crise et conséquences géopolitiques : un mini G20 en Asie ?
Arnaud Parienty, professeur agrégé de sciences économiques et sociales et contributeur à Alternatives Economiques, a écrit sur son blog un excellent article qui invite les Français à dépasser l'horizon classique occidental pour s'intéresser aux conséquences de la crise économique en Asie. Je m'inspire assez largement de son article.
La Banque Asiatique de Développement a tenu le 5 mai 2009 sa réunion annuelle à Bali, Indonésie.
Cette réunion avait pour thème le traitement par les Etats des conséquences économiques et, par extension, sociales de la crise économique. La principale décision arrêtée à Bali entre le Japon, la Chine, la Corée du Sud et les dix membres de l’ASEAN est de constituer un fonds d’urgence régional de 120 milliards de dollars, destiné à résoudre d’éventuelles crises de liquidité. La clé de répartition de ces 120 milliards est 40 – 40 – 20 – 20.
Par delà cette initiative concrète, une réflexion de fond s'est articulée autour de deux problèmes structurels marquant les économies de la région : 1) une trop grande dépendence vis-à-vis de la demande extérieure (marchés intérieurs trop faibles) ; 2) la crainte de voir une dévaluation brutale du dollar américain, ce qui réduirait en cendre la colossale richesse chinoise en devises étrangères.
A l'opposé des politiques d'ajustements structurels imposés par le FMI en 97/98, la Banque Asiatique de Développement tente de favoriser l’émergence d’un marché obligataire afin de diriger plus efficacement l’épargne vers l’investissement productif. Je persiste à croire que seuls les acteurs les plus proches du terrain sont les plus aptes à proposer des solutions appropriées. Nous retrouvons ici une des thèses que nous développons depuis quelques mois.
Mais le point que je souhaite aborder, ce sont les conséquences politiques et géopolitiques que la crise peut avoir - ce que les entreprises, le banques et plus globalement les acteurs économiques en France sont loin d'avoir envisagé. Cette coopération ouvre la perspective d’une dynamique asiatique autonome ; ce qui est une très mauvaise nouvelle pour les Etats-Unis. Ceux-ci peuvent craindre pour leur influence régionale, dans le contexte d’une concurrence avec la Chine qui ne peut que s’exacerber avec le temps.
Je passe brièvement sur un sujet qui est assez connu et assez régulièrement traité : la consommation américaine est financée par les pays asiatiques. La crise immobilière et financière amènent de nombreux ménages américains à accroître leur épargne. Poursuivre ce mouvement sur le long terme ne semble pas évident.
Une dynamique régionale peut suggérer une alternative au dollar. Le Japon semble nettement moins hostile que par le passé à une internationalisation du yen. Même si une conversion massive des réserves de change chinoises en yen n'est pas réaliste, une diversification progressive est possible, qui fragiliserait considérablement le dollar ; et ce, à un moment où la dette fédérale américaine risque d’être déclassée par les agences de notation.
Ah oui : on regrettera que les media français n'ait pas couvert cet évènement qui pourrait être un moment fondateur de la redistribution des cartes dans le système économique mondiale...
Matthieu


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