Magazine Côté Femmes

Ni "Oui", ni "Non"...

Publié le 02 juin 2009 par Tazounette


J'ai préparé cet article il y a un petit moment... J'ai hésité. Oui, non. Finalement c'est oui... 
Je vais parler d’un sujet peu commun dans ces pages. Et cela est lié à l’usine pornographique. Ouais, ouvrons nos chakras, que diable !


Au départ était une photo. Cette photo montrait une femme transformée par les soins du maquilleur et du photographe en pseudo poupée gonflable. Pas une poupée gonflable plus vraie que nature, non, la nature même qui devient objet inanimé.

Cette photo m’a dérangée. Je me demandais en fait ce que le photographe voulait montrer par là.

Je n’ai pas de problème quant à la liberté de chacun d’exercer ce qu’il souhaite dans son intimité, une individualité des fantasmes en quelque sorte mais prônée dans une éducation stricte concernant l’importance du « consentement » et l’incontournable nécessité de ne rien imposer à la partenaire.

Mon problème donc, ne réside pas là-dessus !

Mon problème c’est purement et simplement le « consentement ».

Ce concept devient de plus en plus flou. Au même titre que « l’éducation » devient une chose indistincte dont on ne détermine pas bien les contours…

Le « consentement » est un truc qui me dérange profondément en matière de pornographie. C’est le seul truc qui me chiffonne avec cet univers. Parce que l’essentiel du message véhiculé par cette usine, propre à faire fantasmer les hommes (les femmes aussi mais c’est tout de même moins dirigé vers elles), c’est que toute femme, par sa nature même, écarte les cuisses sous prétexte d’un regard un temps soit peu libidineux.

Je ne demande pas à ce que tous les films portent une mention genre « sous-titre », comme sur les paquets de clopes, « Ceci est une fiction, à ne réaliser qu’avec un OUI franc et massif ou une invitation plus qu’évidente »… Hihi, ça ferait tomber à plat le fantasme même incarné dans ces films…

La fille est à poil plus vite que l’éclair, simplement parce que le mâle la regarde de façon un peu appuyée. En même temps, je suis d’accord qu’un film porno qui commencerait comme la Petite maison dans la Prairie par retracer toutes les étapes de la drague jusqu’au pieu pousserait tout addict du truc à se curer le nez ou pioncer un chouilla avant la scène attendue !!!…

Quelqu’un d’éduqué qui regarde un film porno n’est pas berné, il sait la différence entre fantasme et réalité, il sait les étapes d’avant, parce qu’il en a chié sa race, dans la réalité vraie, pour parvenir au truc intéressant !!

Il SAIT le respect, il SAIT l’attente du consentement, il SAIT que ce n’est pas tout cuit…

Mais celui qui a été peu ou mal éduqué sur la question ? Celui qui a pour modèle un non-respect perpétuel de la femme ? Et cela n’est pas seulement vérifiable dans les pires cités ou dans certaines familles vivant dans les banlieues, celles qu’on montre toujours du doigt, ceci arrive aussi dans des familles propres sur elles, dans toutes les couches sociales…

Comment ce « mal éduqué » peut-il prendre conscience de l’importance de la parole de la nana, là-dedans ? La femme est vulgairement objétisée. Son consentement est banalisé comme une condition même de la féminité, ça va de paire avec l'amour... Elle aime, elle écarte les cuisses. Si elle n'a pas de désir, c'est qu'elle n'aime pas ou qu'elle a un problème !
Elle aime ou le mec est mignon, ou elle lui a fait un bisou, paf, elle doit dire oui ?

Internet n'est certainement pas étranger à cette banalisation de la pornographie et c'est un réel danger et il n’existe rien contre ça ! Les misérables boucliers que sont les « interdictions parentales » ne sont en aucun cas une réelle protection contre ces images qui véhiculent de tels messages.

Et on trouve les pires vidéos, en un seul clic, sur g*gle, en accès libre, comme ça !!!

Ca me choque que des gamines soient victimes de tournantes parce que la violence fait partie intégrante d’une culture familiale du rabaissement de la femme, parce que non, ces gosses-là ne sont pas éduqués, ils ne sont pas éduqués à entendre un NON et c’est une vraie catastrophe sociale et cela touche tous les milieux !

Ca me choque que des maisons de disques labellisent des disques de rappeurs qui véhiculent des messages genre « toutes des salopes, toutes des putes, tiens, t’es bonne qu’à suc*r, tu vas mourir à force que je te b*se !»…

Je ne dis pas qu’il faut tout censurer !

Mais la liberté d’expression ne doit pas devenir une liberté de dire n’importe quoi. Des gosses sont touchés par de tels messages, des ados pensent réellement que ce qu’ils disent est vérité suprême. Ils n’ont pas la connaissance adéquate pour faire la part des choses, ni le recul nécessaire pour faire un tri.


Ces excès-là me choquent, me dérangent et me bouleversent !
Sûrement que le fait que je sois maman de deux petites filles n'est pas étranger à mes inquiétudes…

Alors quand je vois une image de femme toute de chair et d’os, endosser le rôle d’une poupée inanimée pour le simple fait de gagner trois sous par une photo de nu, mes poils se hérissent. Je comprends le côté « amusant » et le côté ambiguë. En poussant un peu la logique, une telle photo serait même incroyable pour faire la pub de telles poupées !

Mais une photo, seule ! Comme ça ! Sortie du contexte du thème de la poupée ! C’est cela qui me dérange !


Et ça me fait froid dans le dos, d’imaginer un gosse tomber là-dessus et qu’il puisse croire vertement qu’une femme ne vaut pas mieux qu’un objet inanimé !

C’est poussé, j’en conviens. C’est exagéré aussi. Le porno touche aussi des gens et pas que des gamins. Il y a aussi des adultes, même des adultes intelligents qui n’ont pas reçu cette éducation fondamentale du respect et qui imposent le OUI.

C’est cela qui est condamnable ! Mais la société n’offre rien contre ces dérives, ni pour les condamner, ni pour les éviter, ni pour s’en protéger en tant que femme…

Parce que malheureusement il faut être deux pour dire NON. Et si le NON n’est pas écouté, ni entendu, ni compris, il est pris pour un OUI…

Et cela commence dès que le gamin marche. Dès qu’il comprend l’impact qu’il a sur ses parents.

Ne pas habituer l’enfant à entendre le NON, c’est lui accorder la liberté d’un OUI officieux…

Dire « NON », en gratifiant son môme d’un bisou tout de suite après, ce n’est pas pousser le gamin à comprendre que le NON est une chose incontournable. Que si on n’a pas dit un « OUI » franc, alors il n’a AUCUNE liberté d’agir.

Faire culpabiliser les parents d’une moindre fessée, voire penser à légiférer sur un tel acte, c’est risquer de ne plus avoir à terme la liberté d’imposer le NON… Je ne dis pas que la "fessée" est l'unique "solution", je dis juste que si parfois on en use, ça ne doit pas être traité de "barbare".  

Et prôner une éducation sur les bons mots, c’est risquer de pousser à une manipulation verbale. Le gamin comprenant que tout passe par là, il apprendra à dire ce qu’il faut pour s’entendre autoriser ce qu’il veut…

On avance vers une société qui a peur de l’éducation. Parce qu’il faut s’efforcer d’éduquer « sans crier », « sans fesser », parce que cela risquerait de traumatiser ? 

Et une fille qui ne peut pas dire « NON », parce qu’on ne lui a pas appris ce que ça voulait dire, et le garçon qui n’a pas l’habitude qu’on lui refuse ce qu’il demande ? Il n’y a pas des traumatismes qui vont naître de tout ça ?

Si. Bien sûr, et de bien plus importants que trois larmichettes qui suivent une fessée quand elle a été donnée pour de bonnes raisons !


Le devoir d’un parent c’est d’éduquer et pas seulement d’élever et de nourrir. On peut éduquer, on peut imposer des règles incontournables et aimer. Voire même qu’on le doit. Et ces deux choses ne sont absolument pas contradictoires.


Mes filles sont éduquées. Elles obéissent à des règles strictes. Elles sont aimées. Elles apprennent à entendre le NON. Elles vont apprendre aussi à le dire. Je veux qu’elles le disent et qu’elles apprennent à formuler des objections. Les laisser s’exprimer. Eviter d’imposer quand elles seront en âge de donner leur avis.

Ensuite, j’espère qu’elles auront la chance de tomber, plus tard, sur des hommes éduqués de la même façon.

Et cela oui, me fait très peur.




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