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Comment les volcans provoquent des tsunamis

Publié le 08 juin 2009 par Fouchardphotographe @fouchardphoto

Je cherche, aux abords des volcans, la trace des sédiments déposés par un certain type de tsunamis, ceux qui ont été provoqués par des éruptions. A partir de ces dépôts, nous espérons reconstituer les événements passés et certaines de leurs caractéristiques : la hauteur des vagues, leur vitesse, la puissance dégagée... Ces études historiques sont indispensables pour comprendre le comportement de chaque volcan.

Depuis le terrible Noël 2004, où 270 000 personnes ont été emportées par une gigantesque vague en Indonésie, les experts se sont focalisés sur l'étude des tsunamis déclenchés par des séismes qui surviennent en pleine mer. Or les éruptions volcaniques peuvent aussi causer des tsunamis, et pour cause : les volcans actifs se trouvent souvent à proximité de l'eau, à l'image de «la ceinture de feu» du Pacifique qui encercle l'océan.

Paroxysme. L'effondrement d'une caldeira ou un épanchement rapide de lave et de gaz peut déclencher des tsunamis, d'autant plus meurtriers que les flancs des volcans, riches en terres arables, ont toujours été habités. Ainsi 25 % des victimes d'éruptions volcaniques des 250 dernières années ont été emportées par le mur d'eau d'un tsunami.

Un exemple de ce genre de tsunami est celui causé par le volcan Krakatau, situé entre les îles de Sumatra et Java, à 40 km des côtes. Dans la nuit du 26 au 27 août 1883, il entre en éruption. Puis, les explosions se succèdent, de plus en plus intenses. Au paroxysme de l'éruption, les vagues montent à plus de 35 mètres. Elles sont même parvenues en Europe où elles sont enregistrées par les marégraphes : leur hauteur atteint 30 cm, et ce après s'être propagées sur quelques milliers de kilomètres ! Sur place, des centaines de villages et trois villes ont été rasés, faisant 36 000 victimes.

Cette éruption a beaucoup été étudiée mais pas les dépôts laissés à terre. Avec des collègues russes et indonésiens, nous sommes partis sur les lieux en janvier, afin d'en retrouver les traces. La centaine de kilomètres de la côte ouest de Java a été ratissée, mais les dépôts géologiques de l'époque sont rares. Nous avons cependant prélevé des échantillons, mélange de sables, de vase et de coraux où subsistent quelques ponces émises par le volcan. Nous pouvons ainsi examiner les dépôts à différentes distances de la vague. Les confronter aux modèles qui étudient le transport et le dépôt de sédiments nous permet d'émettre quelques hypothèses sur les caractéristiques de l'événement.

Cas d'école. Il nous faut tester ces modèles avec des tsunamis volcaniques plus récents. Aussi, en août, nous rejoindrons la péninsule du Kamchatka, en Sibérie orientale. Le lac volcanique Karymskoye, au cœur d'une région inhabitée, a été le théâtre en janvier 1996 d'une éruption et d'un tsunami submergeant les rivages jusqu'à des hauteurs de 30 mètres. Grâce à ces dépôts intacts, ce site sera un cas d'école. Nous tenterons de remonter aux caractéristiques du tsunami, avec, comme défi, d'en tirer un modèle qui nous permettra de mieux comprendre ce qui s'est passé sur d'autres lacs volcaniques fortement peuplés.

Raphaël Paris est chargé de recherche au CNRS. Il travaille au Geolab UMR 6042 CNRS-UBP, Maison des Sciences de l'Homme, Clermont-Ferrand.

www.liberation.fr - Photo Philippe FOUCHARD (Aceh, Sumatra Nord)


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LES COMMENTAIRES (1)

Par cossmyn
posté le 15 mars à 17:42
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pouvais vous doner moi le droit de utilise cet article sur mon blog du projet interdisciplinaire pour ecole,s'il vous plait???j'attendre votre reponse...

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