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Soirée électorale

Publié le 08 juin 2009 par Jlhuss

cb.1244408320.jpgUne “soirée” électorale à la télévision est souvent le moment privilégié des incongruités et des analyses fallacieuses. Les participants toujours un peu stressés par les résultats, -succès ou échecs-, se perdent parfois dans des propos qu’ils regretteront le lendemain ou un peu plus tard. Et perce un décalage entre le ressenti du citoyen comme tout le monde devant les résultats et les commentaires des éditorialistes, journalistes et leaders politiques présents sur les plateaux.
Hier soir, dès l’annonce de l’abstention record, les analyses divergeaient. Il est pourtant assez facile de l’expliquer sans vouloir lui donner d’emblée un caractère “partisan”.
En premier lieu, on ne peut être que perplexe d’entendre des gens, pour diverses raisons, se détourner de ces élections. Après tout, il s’agit quand même de notre vie, présente et future : continuez à râler si vous voulez, râlez … mais allez voter.

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Certains donnent l’excuse de bulletins blancs non comptabilisés.

Même si les journalistes ne le diffusent pas, les bulletins blancs sont comptabilisés (certes les résultats finaux sont présentés avec les votes nuls, mais dans les feuilles de dépouillement, il sont clairement différenciés). Si au lieu d’avoir 60% d’absention, on avait ne serait-ce que 30% de bulletins blancs, on peut garantir que l’info sortirait en même temps que les résultats des autres listes. Il est un peu trop facile de critiquer et d’attendre sans rien faire; tant pis pour les abstentionnistes, ce sont de mauvais citoyens, personne n’ose le dire, c’est fait ! 

Un parti politique, ce n’est pas un groupe de personnes d’accord sur tout, mais des gens qui se sentent suffisamment proches pour essayer de construire quelque chose ensemble et faire élire des représentants. Avec toute l’offre politique (27 listes validées en Ile de France à titre d’exemple), il n’est guère crédible que l’on ne puisse pas se reconnaître plus ou moins dans au moins une des listes. Les partis démocratiques sont ouverts et la ligne politique n’est jamais entièrement figée.
Alors quand on entend ou lit les représentants de la gauche ne se passionner que pour ce chiffre de l’abstension dans leurs commentaires on a envie de dire que leur responsabilité dans cette situation est tout aussi grande que celle des autres formations. Si les propositions avaient été mobilisantes, leurs électeurs auraient sans doute fait le déplacement.
Ensuite, il est important de noter que l’invocation simplement politicienne “anti-Sarkozy” n’a pas été suffisante pour mobiliser : c’est la sanction du “vote sanction“. Daniel Cohn-Bendit, le grand vainqueur de l’opposition, avait d’ailleurs prévenu “on ne fonde pas un programme, on ne mobilise pas les gens uniquement sur des slogans antisarkozystes primaires“; au plus, on les dégoûte de bouger. Dernière remarque sur ce taux d’abstention; il n’est pas spécifique à notre pays mais de même nature partout en Europe à l’exception de l’ Espagne ou le parti au pouvoir, celui de Zappatero, est battu. Ce désintérêt, montre bien que l’Europe telle qu’elle est actuellement ressentie par les peuples n’est pas celle qu’ils souhaitent et qu’ils n’ont pas le sentiment d’une réelle appartenance.
Autre remarque, la très mauvaise prestation du Modem de François Bayrou va dans le même sens : ne faire que critiquer, que polémiquer, qu’essayer de salir, ne mobilise pas, l’électeur préfère le bâtisseur au démolisseur. Nos concitoyens inquiets à juste titre des développements de la crise savent bien que ce ne sont pas les anathèmes et les discours plus ou moins irresponsables qui fondent une politique.

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La victoire relative mais incontestable de l’UMP , ne doit cependant pas faire oublier les craintes des citoyens vis à vis du libéralisme débridé; ne doit pas faire oublier le désir d’une protection par rapport à un capitalisme débridé et non régulé. On omet d’insister sur le fait que beaucoup d’électeurs ayant voté NON au référendum et comprenant que leurs réticences ne sont pas prises en cause, se désintéressent.
Pour revenir sur la remarquable percée “d’Europe-Écologie“, elle est une marque supplémentaire de citoyens plus sensibles aux discours de “construction” qu’aux vieux démons polémiques du passé. Une page se tourne.

Vouloir, comme certains osent le faire, incriminer la diffusion de l’excellent film “Home” dans le résultat de cette élection et le succès des “listes vertes” est une véritable ignominie; il faudrait donc cacher les choses à nos concitoyens avant un scrutin ?

Enfin et pour terminer, il convient d’apprécier la bonne prévision des sondeurs, pourtant largement critiqués avant le scrutin. Ceux qui criaient au scandale et à la manipulation sont là encore bafoués.


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