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Riches heures d’en France

Publié le 09 juin 2009 par Jlhuss
[Une réédition toujours d’actualité]

bureau_de_votethumbnail.1244498983.jpgPour mémoire, les choses ont fonctionné longtemps à peu près comme ceci :

1. les électeurs désignaient des représentants pour faire aboutir leurs choix

2. les choix du plus grand nombre étaient mis en chantier

3. les tenants des choix minoritaires se faisaient une raison en attendant la prochaine élection.

Ça portait même un nom  : démocratie.

Système vraiment beauf, benêt, comptable, bourgeois, inique.

On a donc trouvé mieux  : les électeurs désignent toujours des représentants, mais les tenants des choix minoritaires refusent d’attendre la prochaine élection. Pour certains, d’ailleurs, les urnes, bulletins, enveloppes, isoloirs, c’est vraiment du tintouin chichiteux. Trop de silence et de secret là-dedans.  A ces tribuns désormais bon genre (coupe julliardine plutôt que barbe guévaresque) il faut les estrades, porte-voix, mains levées, poings tendus, piquets, pavés : l’intimidation, vieille recette des “minorités agissantes”, qui permet par exemple d’actionner quelques grands machins éruptifs, comme les Transports et l’Education.

Dans les Transports, dès que ça ne roule plus, l’affaire est dans le sac : “Tords-y  le rail et roule ma poule !” pourrait être la devise du cheminot syndiqué.

Ce qu’il y a de commode avec l’Education, c’est qu’on a des amis dans la place, ex-fans des sixties recyclés caciques, tous peu enclins à se dédire in extremis en appelant les flics au secours de la liberté d’enseigner. Sont donc éconduits poliment les petits béjaunes qui réclament un local pour suivre des cours, tandis que l’on couve d’un œil attendri les fifils et fifilles déterminés  à “faire bouger les choses”.

L’enseignant de base n’est pas en reste de sympathie. Il a conscience d’être le Sel et le Levain, Gardien d’Egalité, Sentinelle de Justice, ultime Robin dans les bois sombres du libéralisme. Vous ne lui ôterez plus de la tête la conviction que l’Entrepreneur est un prédateur de petits jeunes, embusqué au coin du Bacplustrois pour dévorer les oisillons du savoir noble, savoir si désintéressé qu’il n’intéresse personne, voilà le drame -”mais ne craignez rien, mes chéris, papa veille !”

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Et c’est ainsi que, depuis bientôt quarante ans, tout concourt au succès de la Biennale Française de la Teuf de Rues, d’abord rôdée en province avant les gigas concerts du Carré Saint-Germain.

Le crû 2006 s’annonce excellent.

Quelques questions naïves.

N’est-il pas démocratiquement mort, l’homme de gouvernement qui prend le risque d’humilier les élus du peuple en leur faisant voter une loi audacieuse, si trois manifs plus tard il faut se la mettre “au cu, au cu, aucune hésitation” ?

Pourquoi, tandis que la règle majoritaire pétarade par les villes en blocage de facs ou de dépôts, caillassage et bris de vitrines, y a-t-il toujours au micro du vingt-heures un journaliste sourcilleux pour demander si le “passage en force du gouvernement” n’a pas été perçu comme une provocation ?

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Pourquoi, après le vote des Assemblées, y a-t-il toujours un berger de centrale pour exiger la négociation sous la menace de sa petite meute, et généralement l’obtenir : c’est-à-dire, autour d’une table, le déculottage du ministre et l’enculage de la représentation démocratique avec, au besoin, l’amnistie des casseurs et le paiement des jours de grève ?

Et pourquoi, dans ces conditions, y a-t-il toujours, lors des “soirées  électorales”, un sociologue pour longuement s’interroger sur les raisons profondes qui poussent nos compatriotes à “bouder les urnes” ?

La France est la risée de l’Europe, pas si fâchée de voir la Madone des peuples grimacer comme une vieille de Goya.

Arion

[1ère édition le 22 mars 2006 au moment du CPE]

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