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PS : entre réforme et révolution

Publié le 10 juin 2009 par Hmoreigne

On ne tire pas sur l’ambulance. Ou plutôt l’ambulancière. Réunis en Conseil National à huis clos, les socialistes sont au moins d’accord là-dessus. Au pied du mur, isolée, Martine Aubry fragilisée par le très mauvais score des européennes est contrainte à composer, à jouer l’union sacrée pour éviter que ne vole en éclats un parti que menace tous les dangers. La solution n’allait pas être trouvée en une soirée. La première secrétaire a indiqué la mise en place d’un nouveau mode de gouvernance. Une annonce déjà jugée insuffisante par ceux qui demandent plus que des aménagements : une révolution.

Ils sont finalement peu nombreux à partager pour la circonstance la formule de Cervantès (”Dar tiempo al tiempo”), popularisée par François Mitterrand “Laisser du temps au temps”. Faute de stratégie évidente, Martine Aubry, obligée de réagir, joue la montre. La mesure d’urgence retenue est à un coup et, ne trompe personne : changer les joueurs, pas l’entraîneur.

Arnaud Montebourg a toutefois prévenu. Pas question de faire du rechapage. Si le député de Saône et Loire est d’accord sur la constitution d’une sorte de Comité de Salut Public du PS, il attend surtout de la direction des formules audacieuses et une réforme en profondeur d’un système partisan. Pas une simple révolution de palais. Son de cloche partagé par Manuel Valls qui n’entend pas brader sa liberté de ton : “Le remodelage de la direction, cela n’intéresse personne, ce n’est pas le problème des Français. Ce qu’ils attendent c’est un discours neuf, imaginatif, qui donne envie“.

Arnaud Montebourg veut de l’air frais : “Soit on règle cette affaire de façon forte et définitive et on se met autour d’une table et on invente le processus de mise en mouvement de la société autour du projet de gauche et nous gagnerons. Soit nous n’en sommes pas capables parce que nous sommes enfermés dans nos appareils. Il est hors de question qu’on moisisse dans les appareils“.

Mêmes égo, mêmes causes, mêmes effets. On ne voit pas trop effectivement ce que pourra apporter la réunion mensuelle d’un comité des sages constitué des personnalités les plus éminentes du PS. Martine Aubry a certes déclaré que les socialistes “ont six mois pour changer de cap” mais, sans préciser de réelle méthodologie. On s’étonnera au passage du manque d’anticipation de Martine Aubry sur une défait électorale largement annoncée.

De sa Corrèze, François Hollande a lancé une mise en garde. Au-delà de l’unité nécessaire, il ne faut pas se contenter d’additionner les propositions ou revendications pour plaire à tout le monde mais être capable de donner une cohérence et une ligne politique au PS.

Le risque est effectivement de soigner les maux mais pas leurs origines. Si tous sont convaincus que, pour paraphraser Jaurès,  la division porte l’échec électoral comme la nuée porte l’orage, peux sont prêts à faire le grand saut dans l’inconnu.

L’avenir du PS passe par la résolution d’une équation à deux inconnues : la mise en place de primaires, ouvertes ou non, et la définition d’une stratégie des alliances. Avant les alliances extérieures, il faut déjà réunir son propre camp. Martine Aubry, est allée à Canossa. Mardi matin, elle s’est rendue dans les bureaux de Ségolène Royal à Paris. Dans un communiqué, l’ex-candidate à la présidentielle a assuré sa rivale de son soutien complet pour toutes les initiatives qu’elle prendra pour la transformation radicale du Parti socialiste  et a proposé à Martine Aubry que ses équipes soient pleinement impliquées dans le travail en commun.

Troc ou pas, la Première secrétaire a accepté la proposition de Ségolène Royal de représenter le PS au sein de l’Internationale socialiste. Un poste qu’elle convoitait depuis longtemps qui lui permettra de soigner sa stature internationale dans la perspective de 2012.

Les sacs de sables posés par Martine Aubry suffisent à arrêter les balles des snipers. “Le couplet du rassemblement vient trop tard” après la défaite du PS aux européennes, écrit Thierry Mandon dans les colonnes de Médiapart . Proche d’Arnaud Montebourg, le maire socialiste de Ris-Orangis estime que son parti n’est plus gouverné que par la peur de tout perdre et qu’il est urgent de convoquer un nouveau congrès fondateur et d’organiser des primaires ouvertes à gauche.

Même si portes et fenêtres sont soigneusement fermées, il souffle comme un petit air de révolution dans la vermoulue maison socialiste. Très en forme, le talentueux Edwy Plenel de Médiapart signe une “Lettre ces socialistes qui nous désespèrent “déjà très remarquée et commentée.

Le constat est sans concession, d’une sévérité à la mesure de ses attentes. “Toutes générations confondues, vous êtes ainsi devenus un parti de professionnels, où l’individualisme carriériste l’emporte sur la fraternité militante.”, “Je pressens seulement que si vous continuez comme avant, sans sursaut ni vision, vous serez perdus. Jusqu’ici, vous viviez dans le confort de vos fiefs municipaux, départementaux et régionaux. Après tout, vous pouviez digérer l’échec national si vous restiez maîtres des territoires. A un an des élections régionales, l’alarme de ces élections européennes annonce la fin de cette illusion”.

Le diagnostic est posé. Reste à établir la thérapie.

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