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Europe/Afrique : La France veut une force européenne près du Darfour, mais…

Publié le 24 septembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Attention, nouvelle prestation au plus haut niveau dans une enceinte, l’ONU, où de Villepin avait si bien su trouver les mots et le ton qu’exigeaient les événements :  Nicolas Sarkozy doit présider, demain, à New York, une session spéciale du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à l'Afrique. Cette Afrique où la nouvelle diplomatie française voudrait rompre avec les détestables habitudes de la « Françafrique » sans que l’on sache encore avec précisions quels sont les desseins et les dessins !

M. Sarkozy, qui participe pour la première fois à l'Assemblée générale des Nations unies, veut notamment valoriser le rôle de la France dans le traitement de la guerre du Darfour, où 200 000 personnes ont, selon l'ONU, trouvé la mort dans le conflit qui oppose depuis 2003 les rebelles locaux au pouvoir central soudanais. Les troupes européennes au Tchad et en Centrafrique viendraient en appui au déploiement prévu en 2008 au Darfour d'une force militaire ONU-UA (Union africaine) de 26 000 hommes.

Le projet de résolution, dont Le Monde a pris connaissance, devait être "mis au bleu" aujourd’hui, dernière étape de procédure permettant un vote du Conseil de sécurité, qui se réunira au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement. Paris souhaite faire adopter dès demain la résolution, placée sous le chapitre VII de la Charte de l'ONU, qui autorise le recours à la force.

Selon Le Monde, le texte prévoit la mise en place "pour une durée d'un an", au Tchad et en Centrafrique, d'une "présence multidimensionnelle" destinée à favoriser le retour des réfugiés et des personnes déplacées, à "contribuer à la protection des populations civiles en danger", à faciliter l'aide humanitaire et les efforts de reconstruction et de développement.

L'opération comportera deux volets : l'un, policier, relevant de l'ONU (300 policiers onusiens appuieront environ 850 policiers tchadiens devant être déployés dans les camps de réfugiés) ; l'autre militaire, sous l'égide de l'Union européenne (UE), dont le contingent aura pour mission de sécuriser des zones très volatiles, parcourues de milices armées, dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique.

Petit hic : Les responsables français ont eu du mal à convaincre des pays européens de contribuer à un tel déploiement, car plusieurs capitales ont exprimé des doutes sur les modalités d'une opération qui, de fait, constituera un appui militaire important à des régimes du "pré carré" français en Afrique, aux prises avec des rébellions armées locales. Au Tchad, l'armée française est intervenue à plusieurs reprises en 2006 pour bloquer des attaques de rebelles menaçant la capitale, N'Djamena. En Centrafrique, elle a combattu fin 2006 pour reprendre la ville de Birao, tombée aux mains de rebelles armés. Dans ce « bourbier régional », la France n'est pas perçue comme une partie neutre. Résultats : on éprouve quelques difficultés à passer des accords de principes à des accords concrets :La composition de la force destinée au Tchad et en Centrafrique, qui pourrait être déployée à partir du mois d'octobre, n'est pas encore finalisée.

Deuxième petit hic : Des organisations humanitaires internationales présentes dans ces régions craignent qu'une opération à composante trop française dérape assez vite  vers des combats contre les rebelles tchadiens et centrafricains. L’ingérence humanitaire oui, sous une forme militaire, pas sûr…

Troisième petit hic : si engagement il y a, ce sera pour quelle durée ? Selon Le Monde, le projet de résolution déposé par la France au Conseil de sécurité est  vague à ce sujet. Il évoque seulement "une possible opération des Nations unies en fonction de l'évolution de la situation".

Le Monde estime néanmoins :  « Malgré les questions qu'il suscite, le déploiement d'une force européenne au Tchad et en Centrafrique est perçu par les entourages de MM. Sarkozy et Kouchner, qui ont fait de la question du Darfour une de leurs priorités, comme un succès diplomatique de la France ».


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