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Bons sentiments et montage : Jim Goldberg

Publié le 13 juin 2009 par Marc Lenot

montrouge007.1244934018.JPGL’exposition des photographies de Jim Goldberg à la Fondation Cartier-Bresson (il est le lauréat 2007 du Prix HCB; jusqu’au 26 juillet), Open See, concerne les immigrés, les migrants, les clandestins, qu’ils viennent d’Ukraine, du Bangladesh ou du Sénégal. C’est une série de reportages bien faits, suscitant tristesse et indignation. Mais ce ne sont pas les bons sentiments consensuels qui animent le photographe et qui engendrent la sympathie évidente du spectateur qui font l’intérêt de cette exposition.

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En fait, cette exposition est sous-tendue par un travail formel de grande qualité  : non point tant la qualité des photos (tout à fait correcte mais pas éblouissante) que la qualité de leur exposition. En effet, les murs de la Fondation HCB sont un véritable montage, une juxtaposition de tirages de formats divers, les uns en couleur, les autres en noir et blanc, les uns encadrés, les autres à même le mur, quelques-uns jouant avec les angles des murs, d’autres dans des vitrines. Une accommodation visuelle permanente est exigée du spectateur qui doit sans cesse adapter son
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regard, se rapprocher ou se reculer, se pencher, plisser les yeux, se déhancher. Certaines des photographies s’y prêtent, là où le texte recouvre l’image, comme un identificateur, un marqueur ou une protection apotropaïque (ci-contre Alex, Grèce, 2003). Une exposition linéaire de ces photos en un format unique et classées par thèmes aurait été un peu ennuyeuse et convenue, et c’est ce montage, cette mise en scène qui en rehausse l’intérêt.

Goldberg expose une autre série, Rich and Poor, à la Galerie Magnum (jusqu’au 17 juillet). Ces portraits d’Américains, certains riches et d’autres pauvres, sont accompagnés de petits textes auto-descriptifs rédigés par les sujets.

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Si les photos, cette fois toutes en noir et blanc et d’un format identique, sont assez classiques, les textes sont empreints d’une ironie parfois douce-amère et parfois mordante (surtout chez les riches):
Nitzi Cohen se plaint de ses soucis de riche (maintenir immaculée la blancheur de l’uniforme des domestiques et réparer le yacht), Elizabeth nous informe de son vague à l’âme (”I feel caught between an iceberg and a desert”), Nan Cook (ci-contre) estime que l’image de puissance, de sexualité et de confiance en soi qu’elle projette dans sa photo n’est pas très acceptable socialement, et les vieux époux Goldstein nous inquiètent (Regina ”We are totally devoted to each other”; Edgar ”My wife is acceptable; our relationship is satisfactory”).
Cette juxtaposition des textes et des photos, conçue comme un livre à feuilleter, est l’intérêt principal de cette exposition.

Photos 1&2 de l’auteur, photo 3 courtoisie Fondation HCB, photo 4 provenant du site de Magnum. Toutes photos © Jim Goldberg / Magnum Photos.


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