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Leclerc : défendre les agriculteurs, oui. Toucher aux marges, non !

Publié le 17 juin 2009 par Forrestgump54

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Un système biaisé qui permet à la grande distribution de faire ses marges aux dépens des producteurs. Leclerc qui s'offre une page de com' dans le Figaro en rejetant la responsabilité sur les industriels. Et le ministre Barnier. Mais que se passe t-il dans le monde de l'agriculture ?
Un « gâchis pour les agriculteurs qui sont apparus comme des casseurs ». Les casseurs apprécieront donc la main tendue de Michel-Edouard Leclerc, manifestement inspiré dans les colonnes très ouvertes du journal de Dassault qui lui consacre une demi page au lendemain d’un accord entre le gouvernement et la FNSEA.

Un double discours très ambigu
« Michel Barnier ne s’est pas grandi en désignant la distribution comme bouc émissaire. » Leclerc a décidé d’attaquer fort, il n’épargnera pas le gouvernement cette fois-ci : « il fallait laisser Michel Barnier gagner les élections européennes ». Et maintenant que c’est passé, que le contrat est rempli, il n’hésite pas à rappeler que c’est précisément Michel Barnier qui avait accepté « la dérégulation des marchés agricoles puis Bercy (qui avait) interdit la fixation professionnelle des prix du lait. » Des contradictions qui ne laissent pas indifférent puisqu’elles sont effectivement à l’origine de la crise du lait. Et le patron de l’enseigne de botter par la suite en touche en expliquant que le prix des produits est fixé au gré d’accords entre industriels et producteurs.
Mais comment expliquer alors que la grande distribution traîne des pieds pour participer activement à l’observatoire des marges établi en 2008 à la demande des producteurs, un observatoire précisément mis en place pour associer la grande distribution à l’élaboration de prix raisonnables. Michel-Edouard Leclerc n’en est pas à une contradiction près.
En témoigne cette interview d’un jeune agriculteur interrogé par Thomas Chauvineau sur France Inter dans l’émission Service Public  : « quand Leclerc parle de moyenne à propos des marges, il joue sur les mots. » Il explique ainsi que la grande distribution fait peu de marges sur des produits génériques comme Coca-Cola, n’ayant aucun moyen de pression sur ce type de multinationale. Ce qui n’est pas le cas, bien au contraire, sur d’autres produits, tels le lait, « le lait bio revendu par exemple 5 fois plus cher ».

Des ententes au sein de la grande distribution ?
Les grands distributeurs sembleraient ainsi s’entendre pour maximiser leurs marges en profitant d’un oligopole, c’est-à-dire d’une situation d’hégémonie de quelques grandes centrales d’achat. Conclusion, Michel-Edouard Leclerc est pour la dérégulation des marchés, de manière à tirer vers le bas les prix de ses fournisseurs, mais à condition que la grande distribution puisse renforcer sa situation oligopolistique comme le lui permet la Loi de Modernisation de l’Economie, en augmentant par exemple la surface des grands magasins. Et de rejeter in fine la responsabilité de la crise sur les industriels. La boucle est bouclée...
Bref, le gouvernement s’inscrit dans une politique au coup par coup qui ne satisfait apparemment personne, ni les producteurs, ni les industriels, ni la grande distribution. Voilà pourquoi le Vice-Président de la FNSEA nous confiait qu'il nourrissait peu d'espoirs envers « un gouvernement qui se cherche ». Visiblement, Leclerc, lui, ne se cherche pas en affirmant sans hésitation que l'agriculture est « une filière qui fait vivre trop de gens et mal ». Là encore, les intéressés apprécieront. Des intéressés qui n'hésitent pas à affirmer : « on est pris pour des cons, très concrètement, par les gens qui transforment nos produits et par les gens qui les vendent... »


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