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Enregistrer n’est jamais si simple.

Par Dablemont

file0028A tous ceux qui me disent qu’enregistrer est simple je réponds qu’ils devraient aller faire un petit tour en studio. Bien sûr on peut couper, coller, refaire mais ça n’est pas toujours un avantage.

Le premier choc lorsqu’on enregistre ressemble un peu à celui qu’on ressent quand on entend pour la première fois sa propre voix. Des années après, j’ai toujours du mal à la supporter. En effet même si on a passé des années entières à travailler les œuvres prévues, on ne les a jamais entendues selon la perspective des microphones. Bref, on ne sait pas vraiment à quoi elles ressemblent en tant que spectateur. Nous en avons une idée, nous travaillons pour que ça sonne dans la salle comme nous le voulons, mais le microphone, c’est le moment de vérité! Personne n’est vraiment objectif comme lui l’est.

Le montage c’est formidable, mais ça tue l’unité musicale. Techniquement on peut monter presque partout, mais c’est musicalement que ça ne colle pas toujours: tempi différents, dynamiques différentes, intentions différentes, bruit extérieur, ambiance… Le montage peut aider sur certains petits accidents mais dans l’ensemble, j’évite d’y avoir recours. J’irais plutôt dans le sens de Samson François: “laissez les fausses notes, ça fait joli”. Pas toujours facile de trouver un compromis satisfaisant entre perfection technique et musicale quand on a un être imparfait comme intermédiaire.

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Enregistrer c’est énormément de travail: si certaines imperfections sont tolérées en concert, le disque ou l’enregistrement peut s’écouter plusieurs fois: on peut donc bien s’assurer qu’il y a eu à tel ou tel moment un accident. Il faut donc rendre un travail parfait, donc pas humain. Un petit exemple: les disques de Pollini. J’ai cherché longtemps d’où venait cette froideur: c’est celle de l’absolue perfection. On ne peut pas critiquer les disques de Pollini, il n’y a rien à dire, c’est parfait. Mais pas très humain. Le public lui s’est habitué à cette perfection surhumaine, et cette perfection surhumaine est devenue un standard, au disque ou sur scène. Dommage j’aimais bien ces pianistes qui étaient des hommes avant d’être des machines à jouer, avec leurs faiblesses, leurs points de vue et leur propre style…

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Je m’égare. Lundi je me suis assis au piano avec pour seul public 4 microphones. Corriger, écouter, refaire, améliorer, discuter, essayer d’avoir quelques moments de détente, nous avons vécu avec un seul but final: produire un enregistrement de qualité sur quelques minutes de musique sans avoir de grosse pression puisque qu’il n’y a pas de sortie de disque de prévue. J’avais aussi d’autres objectifs: peu ou pas de montage, pas d’assistance ni de correction du son. Nous verrons bien ce que ça donne après le montage! Je partagerai ici avec vous quelques-unes des prises quand je les aurai.

En attendant, au travail!


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