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Questions sur le RSA

Publié le 18 juin 2009 par Dornbusch

L’article de libération du 16 juin 2009 « Les demandeurs du RSA sont invités à intenter des actions en justice contre leurs proches. » par Tonino Serafini jette un pavé dans la marre du tout nouveau RSA. En effet, Martin Hirsch démontre qu’ilest devenu désormais le  haut commissaire de la délation des personnes en situation précaire envers leurs parents pour pseudo  manque d’assistance.
Vous êtes précaire, vous aimez dénoncer, vous voulez vous en sortir. Avec le RSA, Revenu de solidarité Active, taxez plutôt vos parents !

Les allocataires du Revenu de solidarité active (RSA) ex RMI (Revenu Minimum d’Insertion ) sont invités à intenter des actions en justice à leurs proches (père, mère, ex-conjoint) pour obtenir une aide financière s’ils affrontent des difficultés. C’est ce qu’ont découvert les futurs allocataires en remplissant leurs dossiers de demande de ce minima social entré en vigueur début juin 2009.

Le formulaire retiré à la CAF (Caisse d’allocations familiales) ou téléchargé sur son site Internet questionne sur cinq pages les postulants au RSA et les encourage à entreprendre des démarches devant les tribunaux. Comme si l’Etat leur demandait de faire jouer la solidarité familiale avant de solliciter la solidarité nationale.

A la rubrique «Vous êtes célibataire et vous vivez seul», le document interroge les futurs allocataires : «Percevez-vous une pension alimentaire ?» Si le demandeur répond «non», le document lui précise qu’il est «susceptible d’engager une action envers (ses) parents [père, mère, ndlr] pour obtenir une pension alimentaire».

Une idée inacceptable pour la plupart de ces grands adultes de 30, 40 ou 50 ans qui ont touché le fond et pour lesquels le RMI d’hier et le RSA d’aujourd’hui constituent le dernier filet de sécurité.

Là, ils se voient proposer par l’administration d’emmener leurs parents âgés parfois de 60, 70 ou 80 ans, devant les tribunaux. «Si vous souhaitez être dispensé de cette démarche, précisez le motif», stipule le formulaire.

Même chose pour les personnes séparées de leurs conjoints et ayant des enfants à charge. Le dossier les invite à «engager une action envers [l’autre] parent pour obtenir la fixation ou le versement d’une pension alimentaire pour chaque enfant concerné». Là encore, pour «être dispensé de cette démarche» il faut «préciser le motif».

Les demandeurs sont ulcérés, ils n’en croient pas leurs yeux. Pour certains demandeurs, ces questions réveillent des histoires douloureuses.

Beaucoup de demandeurs éligibles au RSA, «jugent inhumain et indigne d’une société soi-disant civilisée, qu’un Etat incite des enfants à attaquer leurs parents en justice «pour leur prendre de l’argent». L’aide parentale pourquoi pas. Mais pas sous la contrainte judiciaire. Ces réactions sont nombreuses car, outre les actuels allocataires du RMI (1,13 million de personnes qui ont basculé au RSA), plus de 2,5 millions de travailleurs pauvres doivent remplir ce dossier pour bénéficier du RSA.

La découverte de ces questions constitue un choc. Le cabinet de Martin Hirsch, haut-commissaire aux Solidarités actives entré au gouvernement pour mettre en place le RSA, est gêné aux entournures. Sa réponse n’est pas claire.

Le Haut-commissariat reconnaît que l’incitation faite aux enfants de 30, 40 ou 50 ans d’engager une action contre leurs parents «ne figurait pas dans le formulaire national du RMI».

Pourquoi l’avoir rajouté alors ? Parce que cette question «était posée par certains départements au travers de formulaires complémentaires», argumente le cabinet, qui avance «un souci d’harmonisation». Mais au lieu d’harmoniser par le haut, en éliminant dans tout l’Hexagone cette formule contestable, les services de Martin Hirsch ont harmonisé par le bas, en la généralisant partout et auprès des 3,7 millions de personnes éligibles au RSA.

Plus de doute, Martin Hirsch n’est plus à gauche. Restera-t-il pour la postérité le  haut commissaire de la délation des précaires envers leurs parents pour un pseudo  manque d’assistance ? Il en prend le chemin. En effet, 3,7 Millions de personnes éligibles au RSA, c’est 7,4 millions de parents potentiels qui vont régler la précarité en France en se faisant traduire en justice par leurs enfants.

Les précaires ne sont plus victimes du capitalisme débridé qui détourne la création de valeur dans les paradis fiscaux, mais ils le sont à cause de leur père et mère ingrats et rapiats…

Osons envisager la prochaine attribution ministérielle de Docteur Martin et Mister Hirsch. Vous l’avez deviné, il s’agit du ministère de la justice. Il relancera ainsi l’activité des professions juridiques, il remplira les prisons et la précarité sera é-ra-di-quée.

C’est préoccupant. C’est ignoble. La machine d’état devient inhumaine et partiale. Elle divise au lieu de rassembler. Elle promeut des valeurs viles et mercantiles. Elle introduit le conflit dans des familles déjà précaires. Elle détourne l’attention des vrais problèmes.

David Dornbusch, avec Jerome D.

Secrétaire de la section socialiste de Fontenay sous Bois - Blog d’actualité politique de la 6° circonscription du Val de Marne (Fontenay sous Bois, Vincennes, Saint Mandé)


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