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L’attentat de Karachi en 2002 : une petite bombe à retardement sous forme «d’affaires d’Etat» pour Nicolas Sarkozy ?

Publié le 20 juin 2009 par Kamizole

balladur-sarko-janv-1995.1245518452.jpgS’il n’y avait eu des victimes – 12 morts et 14 blessés – l’affaire pourrait prêter à rire : un sacré boomerang que cette histoire de commissions non versées qui vient de péter en pleine poire de Nicolas Sarkozy… Il aura beau s’agiter dans tous les sens et déclarer que ces allégations sont «grotesques et ridicule», affirmer qu’elles relèvent de la «fable» Lien attentat Karachi/financement Balladur : pour Sarkozy, c’est une «fable», en ajoutant, selon le Monde Sarkozy dément fermement que l’attentat de Karachi soit “une affaire d’Etat” : “On est dans un monde où la notion de secret d’Etat n’existe plus”… Comme si nous allions le croire ! Il n’y a sans doute jamais eu plus de «secrets d’Etat» et de mensonges éhontés – cf. la «constante de Sarkozy» © mémé Kamizole - que depuis le règne de Nicolas 1er…

J’ai failli écrire «comme si “on” allait le croire»… mais je me suis immédiatement reprise, m’apercevant que je tomberais dans le même style «relâché» que Nicolas Sarkozy, alors même que, précisément, je n’ai pu m’empêcher de redresser sa formulation : «Nous sommes dans un monde». Je suis sans doute trop puriste mais le Président de la République française est un bien piètre ambassadeur du Français… Ce que nous avions déjà constaté à moult reprises.

Certes, l’affaire ne date pas d’hier ni dans ses causes ni dans ces conséquences mais selon diverses sources, Nicolas Sarkozy pourrait être au cœur d’une affaire d’Etat particulièrement gravissime, notamment pour les victimes – dont 11 ingénieurs français travaillant pour les chantiers d’Etat de la DCN - de l’attentat survenu à Karachi le 8 mai 2002, attribué à l’époque à Al Qaïda – coupable idéal ! pour détourner l’attention des véritables responsables.

Or, il faut remonter le cours du temps et de l’histoire jusqu’en 1994 alors qu’Edouard Ballardur était 1er ministre de François Mitterrand (2ème cohabitation) et préparait l’élection présidentielle de 1995 contre son «ami de 30 ans» - Jacques Chirac qui, fine mouche et instruit par son échec de 1988, lui avait laissé cette place à haut risque. Ballamou était soutenu par Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget et régulièrement caricaturé à l’époque par Plantu en «Nain Atchoum».

C’est au départ une banale affaire de «commissions» - assorties de «rétro-commissions» qui devaient être reversées à des personnalités politiques françaises - dans le cadre d’une vente de sous-marins français au Pakistan en 1994. Ils étaient construits par la DCN (Direction des constructions navales) alors administra-tion publique dépendant de la DGA (Direction générale de l’armement) et devenue depuis 2003 la DCNS, société de droit privé.

Tout cela sur fond de financement occulte de la campagne électorale de Balladur. On connaît la suite : Jacques Chirac, élu en 1995, s’empressa de ne pas régler les «dettes» de son rival – les rétro-commissions étant destinées à “l’Association pour la réforme d’Edouard Balladur” - et Nicolas Sarkozy connut le purga-toire de nombreuses années pour expier et sa faute et la rancune tenace de Mame Chichi.

A l’évidence, Nicolas Sarkozy, alors fidèle «lieutenant» d’Edouard Balladur - sans doute la seule personnalité politique qu’il n’ait pas trahi ! - ne pouvait ignorer l’existence des rétro-commissions non plus que le fait que les commissions n’aient pas été versées aux responsables pakistanais, qu’ils soient membres du gouvernement ou militaires.

Or, selon Médiapart – je citerai in fine les articles de cet excellent média - la DCN a été impliquée à plusieurs reprises dans des affaires de corruption dans le milieu de l’armement français - ce qui n’a rien de nouveau pour quiconque suit de très près l’actualité politique – et c’est précisément dans le cadre d’une enquête financière – qui révèle bien d’autres scandales ! dont celui des fameuses frégates de Taiwan où l’on pourrait bien reparler du fameux «compte japonais» de Jacques Chirac ! – qu’une perquisition menée par les juges financiers dans les bureaux de la DCNS a permis de découvrir un rapport – alors anonyme – intitulé «Nautilus»… selon lequel l’attentat de Karachi était une petite vengeance de l’armée pakistanaise à l’encontre de la France qui n’avait pas respecté le «marché» en ce qui concerne le versement des commissions prévues au contrat d’achat des sous-marins.

L’attentat à la voiture piégée n’était donc pas l’œuvre d’Al Qaïda mais de groupes islamistes pakistanais instrumentalisés par des membres des services secrets pakistanais et de l’armée. Selon 20 Minutes L’attentat de Karachi de 2002, une affaire politique très française il aurait été «réalisé grâce à des complicités au sein de l’armée (pakistanaise) et au sein des bureaux par les militaires».

C’est tellement vraisemblable que selon un des articles de Mediapart, en 2002 la DGSE aurait mené une opération de représailles - «casser des genoux» - contre des militaires pakistanais… Où diable vont-ils chercher des intitulés aussi ridicules ? Les bras m’en tombent à chaque fois…

Nous savons aujourd’hui que le rapport «nautilus» émanait d’un ancien agent de la DST – Claude Thévenet – et qui plus est, selon l’article du Figaro que je viens de lire Attentat de Karachi : deux témoins sèment le trouble il serait corroboré par un autre document, rédigé par Gérard-Philippe Menayas, ancien directeur financier de la DCNI, alors filiale commerciale de la Direction des chantiers navals, qui donne la même version…

Les ingénieurs de la DCN seraient donc morts au nom d’une «raison d’Etat» dévoyée – entendre sonnante et trébuchante – qu’ils devaient être loin de soupçonner. Que leur famille soient écœurées, je le conçois sans difficulté.

Et une casserole de plus !…

A l’Elysée, on peut bien avoir les chocottes et Nicolas Sarkozy se démener comme un beau diable sorti de sa boite - de Pandore ? Cette piste est bien «cruellement logique» ainsi que l’aurait dit l’un des juges antiterroristes… Il est heureux qu’en France il existât encore des journalistes d’investigation indépendants tant du pouvoir que des multinationales qui entendent verrouiller l’information (et formater les esprits) et des juges intègres… Deux corporations honnies par Nicolas Sarkozy, on se demande bien pourquoi !

:)

Précisément, la boite de Pandore dont le couvercle vient juste d’être soulevé risque d’éclabousser du beau linge… Médiapart citait dans ce dossier, outre Balladur et Sarko : Brice Hortefeux et Charles Million (ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac).

Si cette affaire de corruption des milieux de l’armement devait par ailleurs remettre au goût du jour celle des vedettes de Taiwan, et par-là même l’histoire du supposé compte bancaire japonais de Jacques Chirac, il est fort possible que Nicolas Sarkozy regrettât amèrement d’y avoir jamais mis subrepticement le nez pour essayer de faire chuter son ennemi.

De la même façon qu’il risque peut-être quelque beau jour de se mordre les doigts jusqu’au sang d’avoir fait trébucher Villepin dans l’affaire Clearstream qui lui semblait si bien «bouclée» ! en cherchant à se venger à la fois de Chichi et de l’ancien prétendant à l’investiture pour l’élection présidentielle, il a peut-être déclenché une autre «machine infernale». Il suffirait que quelques langues se délient.

Même dans des milieux aussi fermés que les services secrets et la «grande muette», la vérité finit toujours par se savoir un jour ou l’autre. Quelqu’un «crache le morceau» d’une manière ou d’une autre. Par vantardise et/ou ras-le-bol. Publication de mémoires, confidences «off» à un journaliste, envoi de documents au Canard Enchaîne, etc…

Nicolas Sarkozy n’est pas seulement un petit menteur chronique et l’homme qui triche sur sa taille en portant des talonnettes, c’est aussi celui par qui les «s(c)andales arrivent»… Pour prendre un peu de hauteur, il lui suffira désormais de porter des cothurnes : il se met suffisamment en scène dans les médias !

On pourrait appeler ça le «petit théâtre de Sarko» !

SOURCES

20 minutes

Lien attentat Karachi/financement Balladur: pour Sarkozy, c’est une «fable»

L’attentat de Karachi de 2002, une affaire politique très française

Le Figaro

Attentat de Karachi : deux témoins sèment le trouble

Le Monde

Sarkozy dément fermement que l’attentat de Karachi soit “une affaire d’Etat”

Libération

Attentat de Karachi: l’enquête s’oriente vers une «affaire d’Etats»

Médiapart

Attentat de Karachi: les révélations d’un ancien des services secrets

Le dossier de corruption de la DCN recèle plusieurs scandales d’Etat

Karachi: dès 2002, la DGSE a mené une opération de «représailles» contre des militaires pakistanais


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