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Anthologie permanente : Israël Eliraz

Par Florence Trocmé

le temps d’aller vers l’ouvert

le temps de se taire

le temps de prendre le souffle
de le perdre

dans les jours qui viennent

(avant que tout cela ne devienne
trop abstrait
)

*

tu n’as qu’une bouche, une demi-poche,
des hasards

La parole qui existe comme des
vagues muettes

Les oreilles se tendent vers les matières
qui ne se prononcent pas

Le vert quitte les tiges
pour s’y perdre

Dehors,
sur ton épaule,
  le petit jour, l’audace

*

On se laisse aller
(pas pour longtemps)
et ça n’a plus de sens

En tous cas, j’ouvre la
porte au poème, à la
poche de la crainte

Rien de sublime

Habiter la peur à
l’embouchure de la musique

*

et il y a toujours l’immense
à empoigner

Ne ronge plus tes ongles

Parle-moi, près de la table
des choses particulières,

des points d’appui
inachevés –

une tige, le hasard, l’oubli

Israël Eliraz, Dehors, José Corti, 2008, pp. 13, 17, 24 et 38


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