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Budget 2008, la presse en parle

Publié le 27 septembre 2007 par Bruno Mouilloud

LA TRIBUNE

“Depuis le début du quinquennat, on peut voir à quel point la volonté du chef de l’État de se situer résolument dans l’action réduit l’espace du premier de ses ministres. Le locataire de Matignon est-il condamné à jouer des coudes pour exister quitte à commettre des fausses notes comme sur l’affaire récente du décret sur les régimes spéciaux ? L’effet perroquet entre les deux centres du pouvoir exécutif ne peut que nuire à la compréhension des intentions du pouvoir. Il est urgent que le Premier ministre se trouve un rôle à sa mesure. Or, dans l’architecture institutionnelle que dessine jour après jour l’occupant de l’Élysée, il se trouve un costume que personne ne revendique, celui de pédagogue des réformes. Homme pressé, hyperactif, touche-à-tout et volontiers collectionneur de trophées, le chef de l’État n’est pas taillé pour cette fonction qui, de surcroît, demande une qualité qui lui fait défaut, la patience”

L’HUMANITE

” La France sort quelque peu assommée de quatre mois d’un discours lancinant du nouvel hôte de l’Élysée en faveur de la thèse ultra-libérale du chacun pour soi. à l’adresse des petits : ” Travaillez plus pour gagner plus ” et, à destination des plus gros, la reprise de la formule de Guizot : ” Enrichissez-vous “. Le mois de juillet fut Noël avant l’heure pour les adhérents du MEDEF et tous les tenants des grandes fortunes. De l’exonération des heures supplémentaires au renforcement du ” bouclier fiscal “, à la suppression des droits de transmission des patrimoines, jusqu’au détricotage de l’ISF, en passant par la défiscalisation des emprunts immobiliers, le gouvernement a fait voter par la majorité UMP un paquet cadeau de 15 milliards par an pour une catégorie de Français que l’efficacité économique et la morale politique devraient inciter à contribuer davantage à la solidarité nationale. Ce pactole, qui fait aujourd’hui défaut dans les finances publiques, a été accordé, chacun doit s’en souvenir, au même moment où Nicolas Sarkozy opposait un refus catégorique à tout ” coup de pouce ” sur le SMIC.”

LE REPUBLICAIN LORRAIN

“Lequel a semblé indiquer récemment ses choix entre politique de relance et rigueur budgétaire, l’emploi de formules apocalyptiques - faillite, situation critique, plus supportable - étant de nature à préparer les esprits à un état des lieux moins catastrophique, certes, mais nécessitant le recours à une pharmacopée assez peu agréable. Pour ce qu’on en connaît déjà, le budget 2008 reste néanmoins dans cet entre-deux incertain caractérisant l’attitude de l’exécutif depuis la rentrée. Car, tétanisé par le précédent de Jacques Chirac en 1995, l’Elysée refuse de trancher. On réduit donc la dépense là où l’on peut - en particulier dans la fonction publique - mais sans vraiment engager le traitement de cheval attendu de nos partenaires, de peur de ruiner les faibles chances d’embellie espérées du paquet fiscal. Et par crainte aussi de couper les jarrets à une consommation sans laquelle la croissance actuelle, d’insuffisante, deviendrait carrément poussive. Voire moribonde.”

LA NOUVELLE REPUBLIQUE DU CENTRE OUEST

“Il n’y a pas de plan d’austérité en France ! C’est ferme, c’est net, c’est le Président qui l’assure. Barre, Mauroy, Juppé, du passé, faisons table rase. 2008 ne sera ni 1976, ni 1983, ni 1995 ! Quoique certains en disent. Même à New York, Nicolas Sarkozy a été passablement agacé par ces mots qui fâchent. Il y a d’un côté le chef de l’État et ses proches conseillers qui continuent de parier sur la relance, synonyme de baisse du chômage et d’une reprise de l’activité ; de l’autre, Matignon, Bercy et une grande partie des députés de l’UMP qui envisagent davantage des mesures plus radicales pour tenir les promesses. Avec, évidemment, un bémol : et si les déclarations alarmistes d’un Premier ministre occupant brusquement le devant de la scène n’étaient qu’une manière pour le pouvoir de tester l’opinion publique ? Et de la préparer à ce que les Giscard, Mitterrand et Chirac avaient promis, juré, de ne pas faire et à quoi ils avaient dû se résoudre.”

LA MONTAGNE

“Scotché devant son établi, le Premier ministre fait front à des chiffres tellement mauvais qu’ils lui ont inspiré la formule à remous sur la faillite et lui imposent un parler vrai qui lui vaut, malgré tout, une certaine sympathie dans l’opinion. François Fillon savait que le débat important de la rentrée porterait sur les comptes sociaux plus que sur le budget général. Il a quitté le registre des promesses et redoute, lui, que la croissance ne soit pas facile à aller chercher. Pour le Premier ministre la situation désormais tient plus du triangle des Bermudes que de la quadrature du cercle. Il ne reste guère d’autres solutions pour financer les comptes sociaux que de transférer la charge et le prélèvement vers les contribuables et les usagers de la santé. Le jour où il se résoudra à cette issue, il transformera lui-même le choc de confiance en mécontentement social.”

OUEST-FRANCE

“À écouter le Premier ministre et sa ministre de l’Économie, la France ” en faillite ” n’aurait d’autre alternative que ” la rigueur ” la plus affirmée. Alors qu’à lire la copie budgétaire 2008, après celle de la Sécurité sociale, il découvrirait une politique de vertu tout à fait modérée. Cherchez l’erreur ! Comble d’ironie, la France, qui résiste rarement à la tentation de donner la leçon à ses voisins, devient pratiquement le cancre budgétaire de l’Europe, le pays le plus cavalier avec les règles de copropriété, le plus laxiste en matière de dépenses publiques. Paris ayant unilatéralement et sans diplomatie excessive reporté à 2012 le retour à l’équilibre financier, Bruxelles pourrait, tôt ou tard, lui taper sur les doigts. Sans autre danger que diplomatique ? À force de jouer solo, de se mettre à dos les têtes d’affiche politiques (Merkel) économiques (Juncker), monétaires (Trichet), Nicolas Sarkozy risque de se retrouver fort dépourvu, le cas échéant, dans l’adversité. Et pénalisé pour défendre ses idées et ses ambitions, comme le montre déjà sa croisade sur l’euro. Improductive.”

LE MIDI LIBRE

” Mais dormez en paix braves gens, ‘il n’y a absolument aucun plan caché de rigueur’. C’est Henri Guaino, le conseiller spécial puis Nicolas Sarkozy, le Président qui le proclament depuis New York. En l’occurrence, la voix de son maître se fait insis- tante, ‘ il n’y a aucune stratégie de préparation des esprits à un tournant vers une cure d’austérité’. Fermez le ban ! Il est vrai que ni dans les mesures de redressement de la Sécurité sociale, de faible ampleur, ni dans le projet de budget 2008, qui s’engage à ramener la dette à 64 % et le déficit public à 2,3 % du PIB à la fin de l’année 2008, on ne perçoit de signes de réduction drastique des dépenses publiques. Mais si la croissance n’est pas au niveau projeté de 2,25 %, hypothèse crédible, le manque à gagner en recettes conduira mécaniquement à un tour de vis dans les dépenses. Aujourd’hui, le plan de rigueur n’est encore qu’un leurre, caché, interdit. Mais, à écouter M. Fillon, il resurgira inéluctablement. La seule question est de savoir quand. Après les municipales de mars ?”


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