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Jean Cocteau : "Les enfants terribles"

Par Schlabaya

Jean Cocteau : Le mot de l'éditeur : "A la sortie du lycée Condorcet, Paul est terrassé par une boule de neige lancée par son idole, Dargelos, le coq du collège. Trop faible, il n'ira plus en classe, sa soeur le soignera dans leur chambre, navire imaginaire qui, tous les soirs, appareille pour des contrées lointaines. Ni Gérard qui aime Elisabeth, ni Agathe qui aime Paul n'empêcheront le frère et la soeur de s'adorer et de se déchirer. Cette oeuvre clef de Jean Cocteau est un conte fantastique, un roman de poète dont le récit devient chant. La chambre est un sanctuaire où l'on célèbre un culte à l'amour et à la mort. Il y a une prêtresse, il y a un trésor, il y a des victimes sacrifiées. Il y a envoûtement et malédiction."

J'avais lu ce livre à l'âge de quinze ans (autant dire que cela fait une éternité) sans en garder un souvenir très précis. Après relecture, je me demande comment j'ai bien pu passer à côté d'une histoire aussi intrigante ! Tout y est déroutant, parce que tout nous y interpelle par des voies détournées. Quelle est donc cette relation amour-haineuse entre frère et soeur qui flirte constamment avec l'inceste sans jamais y succomber ? Ce rapport obsessionnel, exclusif, nécessite un huis clos (la chambre) et la présence de tiers, témoins et faire-valoir. Gérard, amoureux d'Elisabeth, et Agathe, éprise de Paul, seront successivement pris à partie et manipulés lors des luttes qui opposent constamment le frère et la soeur. Le refus d'accéder à l'âge adulte et aux responsabilités qui en découlent est symbolisé par la chambre qui abrite leur complicité et leur insouciante cruauté. C'est un lieu à l'abri du temps, un temple qu'ils ont à coeur de reconstituer aussitôt qu'ils en sont physiquement éloignés.

Pourtant, les protagonistes seront fatalement rattrapés par le monde extérieur. Lorsque Élisabeth réalise que son frère échappe à son emprise, la tragédie s'annonce. Le destin du frère et de la soeur est inexorablement lié aux agissements d'un deus ex machina : Dargelos, le camarade de lycée, dont l'intervention, au tout début et à la toute fin du roman, seront déterminantes. Entre les deux, apparaît la charmante Agathe, qui pourrait être un avatar de Dargelos au féminin, tant elle lui ressemble - peut-être à la manière dont un négatif ressemble à une photographie... La séduction qu'elle exerce sur Paul détourne celui-ci de sa terrible soeur, et précipite la chute.

En filigrane, l'auteur nous invite à une réflexion sur le destin, romanesque ou réel. Au fil des pages, on se demande parfois, qui du romancier-démiurge ou des personnages, tire les ficelles du drame...


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