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La Fin du Monde, par Fabrice Colin

Par Corwin @LR_Corwin

Début 2002, je découvre sur les étals des libraires une maison d’édition que je ne connaissais pas. Elle s’appelle Bragelonne. Les livres sont de belles factures et parmi eux, une superbe couverture où je reconnais le style de Caza retient mon attention. Le bouquin a pour titre “Vengeance”, l’auteur s’appelle Fabrice Colin. C’était mon premier Bragelonne, depuis, leurs livres s’entassent du sol au grenier. Par contre, des “Colin”, bien que ce Vengeance m’ai donné envie de lire davantage encore, il n’y en a pas eu. Or dernièrement, mon ami G@rp me parle de cet auteur et d’un livre : “La fin du Monde”. Quelques mots ont suffi pour aiguiser mon appétit… et le bouquin fut lu en un rien de temps !

D’abord, rendons hommage au bonhomme ! Né en 72 (pas de bol, la meilleure année est la suivante), Fabrice Colin a fait ses débuts comme rédacteur…. chez Casus Belli !! Bon, okay, les plus jeunes d’entre vous ne l’ont peut être pas connu. Mais si ce magazine n’avait pas existé, je n’aurai jamais commencé les jeux de rôles et Heat27 n’aurait sans doute jamais vu le jour. Autant dire que CB est une référence absolue pour moi, au même titre que LanfeustMag (mais c’est une autre histoire). Allez donc faire un tour sur la fiche du gars chez Wikipédia pour avoir une idée de ce qu’il a déjà produit et revenons en à “La fin du monde”.

Ils sont quatre; quatre adolescents répartis sur autant de continents : Jim aux Etats-unis, François en France, Hafsa en Egypte et Xian en Chine. Quatre jeunes d’aujourd’hui avec leur vie de tous les jours : sport et copine  pour Jim, école et … copine pour François, la religion et la pauvreté pour Hafsa, les échecs et …les échecs pour Xian. Le monde est celui que l’on connait. Cette histoire, on pourrait en lire les premières pages dans nos journeaux : de vives tensions entre l’occident d’un côté, l’asie et le proche-orient de l’autre ; la course à l’armement ; l’ONU impuissante… et la menace d’escalade.

“La fin du monde” est bati comme un road-movie où le narrateur se glisse tour à tour dans la peau de l’un de ses quatre personnages. On suit le périple de Jim sur la côté ouest des états-unis et c’est avec lui que l’on observe l’explosion de la première bombe sur San Francisco. Il y a François, issu d’une famille aisée, vivant dans les beaux-quartiers de la capitale : cette opulence ne le préserve pourtant de rien. Pas plus des fondations de sa propre famille qui s’écroulent que d’une ville où la peur l’emporte. Hafsa, la jeune égyptienne, apprentie Kamikaze mais repentie. Si elle arrive à quitter la Cité des Morts, ce ne sera pas de son choix. Et puis Xian, surdoué, vivant avec un père dont il a besoin mais qu’il ne comprend plus, dans une Chine qui a déclenché la guerre et qui va en payer le prix. Ce même Xian qui aura la route la plus longue à parcourir, et par les yeux duquel on assistera à la disparition du monde “civilisée”.

L’histoire est écrite au présent : cela donne un impact réellement impressionant. Le fait qu’en plus l’auteur ai choisi de ne pas donner de repère temporel agit dans le même sens. Comme je le disais, tout cela pourrait se passer demain.
Fabrice Colin utilise la narration à la première personne mais son “je” est multiple puisqu’il est tour à tour Jim, François, Hafsa et Xian. Dans le chaos qui s’empare du monde, l’auteur s’immisce dans les pensées de ses héros dans un style simple, rapide, incisif en usant et abusant de phrases courtes, voire uniquement nominal. On ne peut qu’être pris et emporté par les tourments du monde.

Très honnêtement, si j’ai eu du mal à me faire une image des héros, j’ai trouvé particulièrement intéressante l’apparition des personnages secondaires : les petites amies de Jim et François, Lauren et Elodie, les parents de Jim, François et Xian (mention particulière à Mark, le père de Jim et Patricia, la mère de François) et surtout, surtout l’attachante petite Meï.

Ceci dit, attention : âme sensible s’abstenir.
Fabrice Colin n’épargne pas son lecteur quel que soit l’âge qu’il peut avoir. Aux plus jeunes, j’aurai tendance à déconseiller la lecture. Aux adolescents et “adulescents”, les thèmes abordés sont d’actualité et la violence dépeinte ici fait malheureusement un peu parti de leur quotidien : ils s’attacheront, j’espère, à tous les personnages et comprendont que le malheur s’abat sur tous, qu’ils soient riches, beaux, puissants ou pauvres, démunis et sans défense. Peu importe de quel côté de la barrière on est né ! Aux adultes et à celui que je suis (et en tant que père), vous risquez d’avoir du mal à vous remettre de cette lecture.
Pour moi, d’abord parce que la cause de l’enfance m’est chère et que je supporte mal de les voir souffrir. Ensuite, parce que je me sens très concerné par ce que l’on va laisser en héritage à nos enfants. Ce livre m’a forcé à me poser pas mal de questions.

Heureusement, cela reste une oeuvre d’anticipation et des éléments, permettant de classer ce livre au rayon SF, apparaissent et nous redonne espoir.

Même si l’histoire est âpre, même si la mort est omniprésente et ce, sous bien des formes, j’ai terminé le bouquin à bout de souffle en un temps record. En tant qu’écrivant, j’ai aussi pris des leçons : la force de l’écriture au présent, la première personne du singulier qui nous fait vivre l’histoire et un style efficace.
Loin, très loin, des livres SF ou Fantasy que je lis régulièrement, “La fin du monde” est une révolution. Et puisqu’il y aura un suite, intitulée “Après”, je l’attendrai avec impatience pour ne pas en rester là !

Présentation chez l’éditeur.


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